À la page 322 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy dit: “Les dures expériences que suscite la croyance à la prétendue vie de la matière, ainsi que nos déceptions et nos douleurs incessantes, nous jettent comme des enfants lassés dans les bras de l'Amour divin. Nous commençons dès lors à connaître la Vie dans la Science divine. Sans ce processus de détachement: ‘Prétends-tu sonder les pensées de Dieu?’ ”
En examinant ce passage, l'attention de l'étudiante se fixa sur la signification du mot “détachement.” Le mot “détacher” signifie: “Se résigner à renoncer ou à perdre ses anciens plaisirs ou possessions, surtout à le faire insensiblement; par exemple: Il s'est détaché de ses stimulants; elle s'est détachée de la société.” Ainsi il sembla à l'étudiante que “ce processus de détachement” peut être à la fois actif et passif.
Lorsque la lumière de la Vérité, telle qu'elle est enseignée dans la Science Chrétienne, commence à se révéler à la pensée dans l'attente, et que “nous commençons dès lors à connaître la Vie dans la Science divine,” combien il est facile de renoncer à ce qui, ainsi que cela nous a déjà été prouvé, est peu désirable, peu satisfaisant, sans substance réelle,—le néant! Nous sommes on ne peut plus disposés à nous séparer de certaines formes de l'esclavage à la matière. Dès que nous prenons cette attitude d'obéissance volontaire nous entrons dans une période de réalisation joyeuse; car la première fois que nous goûtons de cette nouvelle vie, elle nous paraît vraiment douce. Nous nous sentons si libres et si capables de libérer autrui; la vie devient un chant de gratitude et de bonheur.
Peut-être nous semble-t-il étrange actuellement de voir l'allure modérée de ceux qui ont accepté cette révélation bien des années auparavant. Pourquoi ne sont-ils pas plus heureux? pensons-nous. Pourquoi n'ont-ils pas le cœur plus léger, ne sont-ils pas moins rebutants, plus dans l'attente d'une prompte révélation de tout bien? Cela nous paraît si facile, ô si facile, dans le premier éclat de la nouvelle vision, de nous défaire de ces choses sans valeur qui nous avaient gouvernés et trompés autrefois, qui nous avaient aveuglés alors que nous aurions dû être vigilants, et qui nous ont bouché les oreilles quand nous aurions dû écouter la proclamation du nouveau ciel et de la nouvelle terre.
Combien ce “processus de détachement” nous a paru simple à ce moment-là! Pourrait-on logiquement désirer conserver ces ennemis dévastateurs dans son intérieur? On ne pourrait y songer. Volontiers chasser tout ce que l'on voyait comme ayant son origine dans le dit esprit charnel, telles furent les occupations de la journée; en vérité, le mont Horeb même semblait n'être pas éloigné. Comme le Psalmiste nous pouvions nous écrier joyeusement: “Tu me soutiendras, à cause de mon intégrité; Tu me feras subsister en ta présence pour toujours.”
L'étudiante se rendit compte que c'était là une expérience bénie, qu'elle pourra cependant contempler un jour, en regardant en arrière, avec la certitude que pareilles joies ne sont que peu de chose comparées à celles qui l'attendent. Cependant saint Paul nous avertit que nous récolterons ces joies à venir si nous “ne nous lassons pas”! A ce moment il ne semblait guère y avoir lieu de craindre que nous ne nous lassions. Ne nous étions-nous pas détachés de ces choses de la matière qui avaient occasionné nos défaillances précédentes? Évidemment, pareils avertissements concernaient ceux qui étaient moins fermes dans la foi.
Mais, tôt ou tard, cette période de développement commence à se fondre dans la suivante, celle de la digestion. Notre Leader nous dit à la page 559 de Science et Santé, par rapport à la lecture du “Livre de la Vérité”: “Il sera doux en effet dans votre bouche lorsqu'il vous guérira; mais ne murmurez pas contre la Vérité, si vous en trouvez la digestion amère. Lorsque vous vous approcherez de plus en plus de ce Principe divin, que vous mangerez le corps divin de ce Principe,—participant ainsi à la nature, ou premiers éléments de la Vérité et de l'Amour,—ne soyez pas surpris ni mécontent parce qu'il vous faudra participer à la coupe de ciguë et manger les herbes amères; car les Israélites d'autrefois préfiguraient ainsi à la Pâque ce périlleux passage de l'esclavage à l'Eldorado de la foi et de l'espérance.”
Nous avions commencé à nous détacher et nous nous étions affranchis dans une mesure. Mais ce n'était là qu'un commencement. L'Esprit demande que nous continuions dans ce processus de détachement afin que nous puissions, de mieux en mieux, continuer à connaître Dieu, le bien,—à connaître toujours plus de liberté. Ceci veut dire que nous devons nous défaire des erreurs si bien cachées dans la conscience que nous n'en avions pas connaissance. La période de digestion met en vue toute phase de la croyance mortelle accueillie par la conscience non vigilante. Des dévoilements surprenants, des découvertes humiliantes, des tentations déroutantes blessent l'amour de soi et le contentement de soi-même. Ici, en vérité, nous ne nous détachons pas nous-mêmes, mais nous sommes insensiblement détachés — nous sommes apparemment poussés par l'Amour divin dans le royaume des cieux.
Ce qui est assez étrange, tandis que nous reconnaissons peut-être ceci et que nous savons quelle est la grande bonté de l'activité incessante de l'Amour en notre faveur, nous pourrons être très surpris et très déconcertés de trouver que nous nous attachons à l'erreur, que nous la saisissons, la cachons, la passons sous silence, l'évitons et que nous luttons contre le grand libérateur de l'humanité. Une Scientiste Chrétienne raconta un jour une expérience déconcertante qui se terminait d'une façon fort intéressante par un rêve ayant eu lieu dans la nuit. Voici le rêve: Désirant ardemment entrer dans le royaume, elle se trouva justement en dehors de la porte, demandant à être admise. On lui dit que le petit âne qu'elle conduisait devait rester dehors; à part cela, semblait-il, elle était qualifiée pour entrer. Alors commença la lutte du rêve pour entrer sans renoncer à l'âne; et au plus fort de la lutte elle se réveilla. Aussitôt elle comprit que le secret de son égarement était qu'elle faisait l'effort de se raccrocher à l'erreur à laquelle elle se livrait, espérant néanmoins progresser. Elle résolut de laisser là son âne; aussi sortit-elle de son égarement et ne se lassa-t-elle point.
Les erreurs sont des rêves, assurément; cependant nous devons nous réveiller du rêve pour en comprendre le néant. Les illusions telles que ruptures d'amitiés, dépréciation de soi-même, sentiment d'être un étranger dans l'église, croyance aux dissensions, croyance exagérée de dominer ou d'être dominé par quelque personne ou par un groupe de personnes, sont quelques-uns des nombreux faux dieux dont nous nous détachons insensiblement.
C'est ainsi que nous goûtons et mangeons de la vérité que renferme la grande révélation de Mrs. Eddy, la Science Chrétienne, et que nous devons également la digérer; car, tandis que nous faisons des recherches, les recherches sont beaucoup plus approfondies encore sur notre compte. L'erreur ne peut nous retenir pour toujours; Dieu ne le permettra pas. De même que le soleil du matin chasse les ténèbres de la nuit, de même Il nous éclairera et nous détachera de tout ce qui semble nous séparer de Lui; et Il ne nous permettra pas non plus de nous lasser. Nous en recevons la douce assurance dans le message encourageant de la page 442 de Science et Santé, où “Jésus dit: ‘Ne crains point, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le royaume.’ Cette vérité est la Science Chrétienne.”
