Les enfants, de même que les hommes et les femmes, s’efforcent d’avoir du succès. D’un bout à l’autre, l’expérience humaine est une lutte en vue d’accomplir quelque chose; et heureux, en vérité, est celui qui apprend quelque peu parmi ses premières leçons ce qu’est le vrai succès. Tout enfant normal désire réussir. Il désire réussir dans les jeux auxquels il prend part; il veut réussir dans ses études; il veut réussir dans tout ce qu’il entreprend, et il aime à penser que plus tard, il réussira dans de plus grandes choses.
Ceux qui sont chargés de la responsabilité d’élever des enfants devront soigneusement veiller à ne pas se laisser induire en erreur. Les parents qui ne connaissent pas la Science Chrétienne sont trop souvent enclins à croire que leur enfant réussira dans la mesure où il surpasse d’autres enfants; et les enfants commencent quelquefois dès leur bas âge à penser plutôt à surpasser leurs camarades de jeux et de classe qu’à s’améliorer. Il est évident que si les enfants ou les adultes doivent mettre en pratique la Règle d’Or, ils souhaiteront aux autres le bien qu’ils s’efforcent eux-mêmes d’atteindre. Les enfants sont aimants et désintéressés de leur nature; et les parents ainsi que les éducateurs peuvent grandement protéger ces qualités d’enfants, afin qu’elles ne se perdent pas au contact du monde.
Les parents sages et les enseigneurs sages inculqueront aux enfants la vérité suivante: que leur succès ne doit pas être mesuré à celui des autres, mais à leur avancement continu. Que l’enfant comprenne qu’il n’est pas appelé à arriver au plus haut point ou à être à la tête de sa classe, mais qu’il peut en tout temps tâcher d’exprimer la perfection. Il apprendra alors une leçon d’une valeur inestimable. Qu’on lui dise que celui qui a accompli plus que tout autre n’en a jamais fait, soit avant soit après sa venue, ne tenait point aux honneurs du monde ni à l’approbation des hommes. Lorsqu’il fut appelé: “Mon bon Maître,” Christ Jésus répondit: “Pourquoi m’appelles-tu bon? Il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu.”
Saint Paul, dans sa Première Épître aux Corinthiens, leur remémora que “dans les courses du stade, tous courent, mais qu’un seul remporte le prix;” puis il ajouta: “Courez donc de manière à le remporter.” Plus loin dans le même chapitre nous lisons: “Et ils le font pour une couronne corruptible. Mais nous, nous le faisons pour une couronne incorruptible.” Saint Paul savait bien que celui qui aime son prochain comme lui-même ne travaille pas dans le but de le devancer, mais pour obtenir cette couronne incorruptible de la maîtrise de soi-même sans laquelle aucun succès réel n’est possible. Tout concourant ne pourra pas atteindre le but le plus élevé et obtenir la place d’honneur, mais ils pourront tous faire de chaque concours une occasion de développer davantage les qualités conduisant à la vraie nature de l’homme et de la femme. Le succès réel n’implique pas nécessairement la défaite d’un autre, car la base même du vrai succès est l’amour. C’était le grand amour de Christ Jésus pour Dieu et toute l’humanité qui fit de lui l’homme le plus entendu qui ait jamais vécu; et ce fut ce même esprit d’amour désintéressé qui permit à Mary Baker Eddy de suivre ses traces si fidèlement et la mit à même, non seulement de découvrir à nouveau la Science du Christianisme que Jésus enseigna et démontra, mais encore d’établir celle-ci pour le salut de l’humanité entière, en dépit de l’opposition d’un monde qui offre de la résistance.
On dit quelquefois de quelqu’un qui a semblé échouer en faisant certains efforts, mais qui persévère avec joie et confiance, qu’il est un bon perdant. Or, la défaite enseigne au bon perdant le secret de la victoire. Il conserve un sens de maîtrise sur lui-même et sur les circonstances, et gagne ainsi un point qui tend à lui assurer un succès définitif dans tout effort humain.
Toute entreprise honnête offre l’occasion de réussir en quelque mesure. Si l’enfant, en s’attendant à l’omnipotence, l’omniprésence et l’omniscience de Dieu pour avoir la force, la liberté et l’intelligence, est capable de faire quelque chose de mieux que tout ce qu’il a fait jusqu’alors et surpasse ainsi ses résultats antérieurs, sans avoir égard à ce qu’un autre pourra avoir accompli ou non, il est arrivé à surmonter quelque peu son propre sens de limitation. Si, par son application de la loi de l’Amour, un sentiment toujours plus grand d’amour s’est fixé dans sa conscience pour ses camarades de jeux ou de classe, qui auront pu arriver ou non à une place plus élevée, alors, il a réussi à surmonter, en quelque mesure, les prétentions de l’égoïsme. Si, en demeurant dans cette conscience de l’amour, il peut se réjouir du succès d’un autre, qui sera peut-être parvenu à ce qu’il n’aura pas encore atteint lui-même, l’enfant aura remporté une victoire sur les prétentions de l’envie et de la jalousie,— victoire qui ne pourra jamais être comparée au simple gain des honneurs mondains. Il a en même temps dressé une barrière contre la déception et le découragement, car les maux résultant d’un mode de penser concentré sur soi-même ne peuvent demeurer dans un cœur désintéressé. De plus, si par ses justes efforts il a pu accomplir ce que ses soi-disant adversaires n’ont pas fait, il a le privilège de gagner une victoire plus grande encore,— une victoire sur l’amour et l’exaltation de soi-même.
“Celui qui est maître de son cœur vaut mieux que celui qui prend des villes;” et son succès est doublé lorsque, après y être arrivé, il peut dire comme Jésus: “Je ne puis rien faire de moi-même,” sachant qu’il ne peut continuer à faire le bien qu’à proportion qu’il honore son Père céleste et qu’il Lui obéit. A la page 14 de son Message to The Mother Church for 1902, notre Leader dit: “Je suggère comme devise à tout Scientiste Chrétien,— comme bouclier spirituel vivant et vivifiant pour aller à l’encontre des pouvoirs des ténèbres,—
‘Grand non pas comme César, souillé de sang,
Mais grand uniquement autant que je suis bon.’
Le seul succès réel qui soit possible à tout Chrétien — et le seul auquel je sois jamais arrivée — je l’ai obtenu en me plaçant sur cette base solide.”
