Le praticien de la métaphysique Chrétienne acquiert la conviction que ses prières ont plus d'efficacité pour le patient qui est le plus réceptif à la vérité curative. Le Christ, qui est toujours présent et toujours prêt à guérir et à réconforter, pénètre plus facilement dans cette mentalité qui ouvre volontiers sa porte grande à la venue du divin rédempteur. Une mentalité profondément matérielle, s'attachant fermement à sa fausse base de la vie et de ce qui l'accompagne, est moins susceptible de recevoir la guérison par les moyens spirituels que la mentalité qui est prête à s'établir sur une base spirituelle permanente et qui désire ardemment le faire.
La foi en Christ que l'on accepte comme rédempteur de l'humanité contribue largement à l'efficacité de la guérison spirituelle; et, d'autre part, l'absence de cette foi — une attitude mentale qui dénote la foi dans la matière — est un état peu favorable à l'efficacité de l'emploi que l'on fait des moyens spirituels pour l'allégement des états discordants. L'incident relaté à la fin du treizième chapitre de l'Évangile selon saint Matthieu en est un exemple. Lorsqu'il s'en retourna dans son pays, ainsi qu'on nous le dit, Jésus “ne fit pas ... beaucoup de miracles” parmi ses voisins et ses compatriotes “à cause de leur incrédulité,” ou bien “à cause de leur manque de foi,” selon la version plus récente de plusieurs traducteurs. Outre l'intérêt qui se rattache à cette affirmation faite à l'appui de cette déclaration si souvent citée comme preuve excellente qu’ “un prophète n'est méprisé que dans son pays et dans sa maison,” il y a une leçon plus profonde à en tirer, c'est qu'il n'entreprenait pas de guérir ceux qui n'étaient pas prêts à recevoir la guérison. Il est évident que le praticien sage trouvera là une précieuse leçon, car la réceptivité et la foi se touchent de près.
Il pourra être utile de se demander combien de responsabilité repose sur le praticien et combien le patient doit en endosser. Sans nul doute, le passage biblique ci-dessus mentionné a maintes fois été cité pour expliquer pourquoi on n'a pas réussi à guérir ceux qui paraissaient ne pas recevoir le message du Christ. Une étude attentive des œuvres du Maître nous conduit à croire que ceux qui le recherchaient parce qu'ils s'intéressaeint vraiment à son message et à ses œuvres, possédaient quelque degré de foi, c'est-à-dire, qu'ils recevaient dans quelque mesure l'influence de la vérité spirituelle. Nous lisons qu'il guérissait la foule, y compris ceux qui souffraient de bien des maladies, qui venaient écouter son message et s'en retournaient joyeux. Cependant on nous dit qu'il ne guérit pas un grand nombre de ses compatriotes. Pourquoi? A cause de leur manque de foi. Apparemment, ceux qui, aujourd'hui comme alors, reçoivent le contact guérisseur du Christ et qui sont prêts à renoncer aux croyances matérielles, même très désireux de le faire, sont le plus rapidement complètement rachetés de l'esclavage de la maladie et du manque. La mentalité qui est ainsi disposée est le bon terrain dans lequel on peut avec profit semer les graines de la vérité spirituelle.
Mais il y a apparemment divers degrés de bonne volonté. Peut-être en est-il peu qui soient prêts à renoncer à l'affection de toute matérialité,—à abandonner sous toutes ses formes la croyance qui émane de la prétention suivant laquelle la vie serait inhérente à la matière et dépendrait de la matière pour subsisiter; à se défaire de tout sens de plaisir que l'on croit venir de la possession et de l'emploi des choses matérielles; à perdre un sens matériel de la vie afin d'obtenir la récompense de la vie éternelle. Cependant, pour avoir pleine confiance en Dieu, il est nécessaire de faire pareil sacrifice, étant donné que l'amour de la matérialité empêche la croissance spirituelle. Notre Leader est précise en ce qui concerne la nécessité de ce renoncement. “Nous ne pouvons recevoir la sainteté si nous ne sommes pas en état de la recevoir,” dit-elle à la page 15 de Science et Santé avec la Clef des Écritures; et à la page 16 elle ajoute ces paroles significatives: “Un grand sacrifice de choses matérielles doit précéder cette intelligence spirituelle avancée.”
Nous pouvons être certains que ce n'est que grâce au renoncement complet à l'affection des choses matérielles et des expériences qu'elle entraîne, grâce à l'abandon absolu à l'inspiration divine, que l'on peut espérer recevoir la pleine récompense du vrai juste sous forme de bénédictions spirituelles. Fermement convaincue de la nécessité de cet abandon, Mrs. Eddy écrit à la page 9 de son livre de texte, en commentant le Premier Commandement: “Ce commandement renferme beaucoup, voire même le renoncement à toute sensation, affection et adoration purement matérielles.” Assertion tout à fait générale,—“toute sensation, affection et adoration ... matérielles;” et cependant elle déclara que c'est là une condition nécessaire pour gagner et porter la couronne de la sainteté. L'éloge que fit le seigneur: “Cela va bien, bon et fidèle serviteur,” ne fut mérité à aucun autre titre.
Le praticien de la Science Chrétienne assume la responsabilité du ministère Chrétien avec tout ce que ce terme renferme de douceur, de compassion, de miséricorde, de patience et de bienveillance invariable,— bref, de toutes les vertus Chrétiennes qui caractérisent une vie réellement consacrée. Celui qui recherche pareil ministère est moralement tenu d'aider dans le travail de la rédemption du moi en faisant les plus grands efforts pour gagner et maintenir une attitude de réceptivité, excluant dans la mesure du possible les croyances matérielles, et s'élevant au-dessus de la tentation qu'offrent le découragement et la dépression. Il devrait sérieusement s'efforcer de monter sur les hauteurs de la compréhension spirituelle.
Il ne serait pas juste que le praticien soit rendu responsable du manque de ces qualités en son patient, cependant, une bonne compréhension et une application persistante de la part du praticien contribueront beaucoup à dissourdre dans la pensée du patient les soi-disant prétentions à l'indifférence, à l'apathie et même à l'opposition au contact de la Vérité curative. “La bonne volonté de devenir semblable à un petit enfant,” dit notre Leader aux pages 323 et 324 de Science et Santé, “d'abandonner l'ancien pour le nouveau, dispose la pensée à recevoir l'idée avancée. Le bonheur de dépasser les fausses limites et la joie de les voir disparaître,— voilà la disposition d'esprit qui aide à hâter l'harmonie ultime.” Il est incontestable que ce qui donne les meilleurs résultats, c'est la collaboration intime en ce qui concerne les desseins et les désirs du praticien et du patient,— collaboration qui établit un état mental d'où sort la plus belle récolte du “fruit de l'Esprit.”