Depuis plusieurs années, nous avions entendu parler de la Science Chrétienne par des amis qui la pratiquaient, mais nous n'y avions guère prêté attention et nous pensions toujours que, pour croire à cette Science, il faudrait que nous soyons témoins d'une très grande guérison. Malgré cela, ma mère et une de mes sœurs allaient de temps en temps aux réunions du mercredi soir et aux services du dimanche, qui les intéressaient beaucoup. Moi, je n'y étais jamais allée. Plus tard, néanmoins, je fus l'objet d'une guérison qui me marqua pour toujours le chemin de la Vérité.
Au début du mois d'août 1923, étant en vacances, je fis une promenade à bicyclette avec ma sœur et quelques amis. Il faisait très chaud; nous nous étions arrêtés dans une ferme pour goûter, et nous étions tous très gais. Au retour, vers six heures du soir, environ, il se produisit une chose étrange. Que m'est-il arrivé? Je n'en ai aucune connaissance et ne me souviens absolument de rien. Ma sœur m'a vue me pencher sur mon guidon, puis tomber lourdement sur le côté droit, tandis que ma bicyclette tombait à gauche, sans aucun dommage. Tous se sont précipités vers moi et, au premier abord, m'ont crue morte. Après les soins ordinaires que l'on donne en pareil cas, je parus revenir momentanément à la vie. On me transporta en automobile jusqu'à la maison où était ma mère, qui, en me voyant, eut aussi l'impression que je n'étais plus de ce monde.
Le premier moment de terreur passé, ma mère et ma sœur se ressaisirent et mirent en pratique le peu de Science Chrétienne qu'elles connaissaient. Elles passèrent malgré cela une nuit atroce, toutes deux seules à mon chevet. Jusqu'au lendemain matin, je vomissais fréquemment du sang, et sans arrêt le sang coulait de mon oreille. Le docteur n'avait pu se prononcer, mais quand il revint le lendemain, il vit ce que j'avais: fracture du rocher, plaie contuse de la face pariétale, décollement de la fosse temporale, et écoulement sanguin dans le liquide céphalo-rachidien. Il prévint ma mère que mon état était très grave, et qu'il fallait en toute hâte prévenir mon père; ce que l'on fit immédiatement. Dans l'après-midi je repris connaissance; j'étais restée près de vingt-quatre heures dans le coma.
Au moment où mon père prit le train, il rencontra l'amie par qui nous avions connu la Science Chrétienne et lui dit ce que j'avais. Notre amie le rassura aussitôt en lui disant que son mari allait travailler pour moi et que tout irait bien. Toute la nuit ce monsieur travailla mentalement, et le main matin je pus prendre un peu de repos. Pendant huit jours, malgré une grande amélioration de mon état, j'ai souffert atrocement, criant nuit et jour, puis subitement tout mal cessa. J'étais non seulement sauvée, mais guérie. Les deux docteurs qui avaient suivi les phases de la maladie étaient émerveillés; car, selon eux, je ne devais pas vivre plus de vingt-quatre heures après l'accident. Ou bien, si j'en réchappais, je risquais d'être aveugle, sourde ou paralysée partiellement; et en tous cas, j'en avais au moins pour trois mois à rester couchée. Le treizième jour je me levai; le quinzième, je jouai du piano toute l'après-midi. Il ne me restait rien de cet accident. En rentrant de mes vacances, j'avais de temps en temps de violentes douleurs à la tête. Mais j'ai suivi régulièrement toutes les réunions du mercredi et l'école du dimanche, et à présent je ne me ressens de rien. Comme d'autres je disais tout d'abord que ma guérison était un miracle; mais à présent je sais qu'il n'existe pas de miracles, car il est tout à fait naturel d'avoir de telles guérisons, Dieu n'abandonnant jamais ce qu'Il a créé.
Je suis heureuse de pouvoir, ici, remercier Dieu pour cette guérison et pour tous Ses bienfaits et surtout pour le très grand don qu'Il m'a accordé de m'avoir fait connaître la Science Chrétienne. Je suis très reconnaissante à Mrs. Eddy de la compréhension et de l'amélioration morale que j'ai, et de la purification mentale que j'obtiens chaque jour par la lecture de ses ouvrages.
Paris, France.
