En écrivant ces paroles aux Corinthiens: “Quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais mon corps pour être brûlé, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien,” saint Paul présente un point de vue, non encore universellement accepté, concernant les services que peuvent se rendre les hommes. En examinant les sacrifices que l'on fait pour d'autres, ou la fidélité avec laquelle on remplit son devoir, il en est relativement peu qui reconnaissent que le motif d'un acte est le premier élément et le plus important à considérer.
La plupart des hommes s'imaginent que lorsque, pour rendre service, ils ont donné ce qui leur semblait être une juste proportion d'eux-mêmes ou de leurs moyens, bien que ce fût donné avec répugnance, ils ont fait tout ce qui leur a été demandé en la circonstance; ils se seront même parfois flattés d'avoir fait preuve d'une grande générosité et d'abnégation en donnant ainsi, et se sont attendus à recevoir en retour une récompense du ciel. Cependant, il est souvent arrivé que le mobile qui les a poussés à agir n'a guère été mis en ligne de compte.
Mais saint Paul nous montre que ce n'est pas ainsi qu'il faut agir! Il explique très clairement qu'à moins que le don ne soit fait avec un amour désintéressé, et que la tâche ne soit accomplie de même, le donataire n'en bénéficiera pas. De ce point de vue il sera possible de voir clair concernant la nature stérile du monde actuel en général,—stérile, puisqu'il est dépourvu de ce véritable amour qui est l'huile de consécration versée pour Dieu, le bien, et qui lubrifierait tout le mécanisme humain utile à la conduite des affaires de ce monde. Combien y en a-t-il de ceux qui se qualifient de Chrétiens, qui ont atteint les hauteurs du mobile désintéressé, ce mobile qui les pousse à penser, à agir et à parler uniquement avec un amour dégagé du moi?
Non seulement la Science Chrétienne nous réveille pour nous faire voir la grande nécessité d'examiner chacun de nos motifs, mais nous montre également comment il est possible de les purifier de telle façon que nous puissions saisir la vérité de ce que dit Mrs. Eddy à la page 133 de “Miscellaneous Writings”: “L'Amour allège tout fardeau.” Jésus a dit: “Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et apprenez de moi; car je suis doux et humble de cœur. Et vous trouverez le repos de vos âmes! Car mon joug est doux et mon fardeau léger.” Il lui tardait de voir les hommes reconnaître que pour se décharger de leurs fardeaux il fallait acquérir cette compréhension de l'Amour divin qui, une fois démontré, amènerait le désintéressement qui ouvre toujours la porte à l'affranchissement de tout sentiment de fardeau.
Le système de Jésus et celui de la Science Chrétienne sont donc identiques, et ne peut-on pas dire qu'ils constituent le simple besoin de comprendre et de pratiquer l'amour désintéressé? Supposons que l'on commence toujours la journée en ayant pour but de rechercher, non son propre bien, mais celui de son voisin; que l'on travaille dans le courant de toute la journée, ayant pour objet de se conformer à la demande bénie de l'Amour qui est de refléter l'amour; que l'on remplisse toute tâche avec la compréhension que c'est une occasion de servir affectueusement,—croyez-vous que la journée se terminerait par la fatigue et la crainte? Ne trouverait-on pas au contraire que l'on a joui du repos qui est la conséquence de services rendus avec désintéressement?
Si le sentier que nous parcourons paraît fatigant, s'il nous semble que les difficultés nous poursuivent et que les fardeaux nous pèsent, nous pourrons certainement les mettre tous de côté, pour peu que nous nous souvenions que l'amour allège le poids des fardeaux et que nous remplissions notre cœur d'amour pour accomplir notre devoir. Lorsque nous apprenons dans la Science Chrétienne que tout est Entendement et que l'Entendement est Amour, nous voyons que notre sens de bonheur ou de misère, de fardeau ou de vrai bien-être, est toujours la conséquence de nos propres pensées et de nos propres actes. A la page 266 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” Mrs. Eddy nous dit: “Le pécheur crée son propre enfer en faisant le mal, et le saint son propre ciel en faisant le bien.” Alors nos fardeaux sont notre propre création, quelle que puisse sembler être la croyance générale les concernant; et pour nous débarrasser de ces fardeaux, il nous faut modifier notre mode de penser, apprendre à toujours aimer servir.
Alors, quoi que nous puissions être appelés à faire, quand bien même ce serait une tâche désagréable et répugnante, au lieu de la faire avec un sentiment de révolte ou d'orgueil blessé, ou d'antipathie dans notre cœur, changeons notre point de vue et sachons que l'amour écarte tout sens de fardeau, que l'amour réel ne peut être conscient que du bien. Alors, accueillant avec reconnaissance chaque occasion comme moyen d'apprendre à aimer davantage, nous pouvons être bien certains de voir disparaître nos fardeaux et nos peines, de voir notre misère s'évanouir dans la paix et le repos qui sont toujours la conséquence d'actes d'humilité faits pour l'amour de servir Dieu et les hommes.
C'est une leçon bien simple, cette leçon de permettre à l'amour désintéressé de gouverner notre cœur, grâce à une bonne connaissance de ce que représente le service; et il en résultera inévitablement un changement dans notre vie: les soucis incessants et les fardeaux insupportables feront place au repos que créent une joyeuse liberté et une bénédiction incomparable. Lorsque nous aurons appris cette leçon, tous les services que nous rendons seront profitables, non seulement aux autres, mais aussi à nous-mêmes, car nous en serons arrivés à refléter l'Amour qui “ne périt jamais” et qui bénit également chacun et tous.
