Pendant des siècles, le monde Chrétien a parlé de la suprématie de Dieu. Il a proclamé maintes et maintes fois Son omnipotence. Cependant, l'instant d'après il a parlé tout aussi fort d'un autre pouvoir appelé le mal, se demandant même lequel des deux pouvoirs était le plus grand. En raison des apparences, il s'est cru obligé d'accorder la prééminence au mal, bien qu'il ait néanmoins espéré que, dans un ciel à venir, il serait prouvé que Dieu est supérieur. Ne comprenant pas que la nature de Dieu est entièrement bonne, il n'a pu comprendre la nature hypothétique et contraire du mal, de sorte que toutes ses conclusions ont été également basées sur l'ignorance.
Or, le mot “suprématie” lui-même n'implique ni un supérieur ni un égal; et à qui ce terme peut-il s'appliquer correctement sinon au seul et unique Dieu que Jésus appela ”Esprit” et dont il dit plus loin: “Il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité”? Quand Mrs. Eddy nous dit à la page 138 de “Science et Santé avec la Clef des Écritures,” que “la suprématie de l'Esprit était le fondement sur lequel bâtit Jésus. Son résumé sublime indique la religion de l'Amour,” elle ouvre la porte toute grande à la possibilité de prouver, non seulement la toute-puissance et la réalité de Dieu, qui est Esprit et qui est bon, mais aussi l'impuissance et l'irréalité du contraire supposé de l'Esprit — la matière ou le mal.
Tout l'enseignement de Jésus faisait ressortir la toute-puissance et la toute-présence de l'Esprit ainsi que le néant de la matière, et aucune de ses affirmations n'est mieux connue du Scientiste Chrétien que celle qu'il fit à ses disciples, lorsqu'il leur dit: “C'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie.” Les disciples de la Science Chrétienne sont tenus de se conformer à cet énoncé,— c'est-à-dire d'en démontrer la vérité,— voilà le problème que tout Scientiste Chrétien est appelé à résoudre.
A la page 179 de “Miscellaneous Writings,” Mrs. Eddy nous dit que “nous devons renoncer à la conscience matérielle, et nous pourrons alors percevoir la Vérité;” et, plus loin, elle ajoute: “Lorsque Dieu me révéla ce Christ ressuscité, cette Vie qui n'a aucune connaissance de la mort, qui dit: 'Parce qu'il vit, je vis,' je m'éveillai du rêve de l'Esprit dans la chair jusqu'à me ranger du côte de l'Esprit et m'efforcer de cesser la lutte.” Ah! voilà le moyen de prouver la suprématie de l'Esprit et le néant de la matière!— de nous ranger du côte de l'Esprit et de cesser la lutte, de cesser de résister à l'Esprit et à ses saintes lois! Mais que l'exigence est grande! Et cependant tout Scientiste Chrétien s'est engagé à faire cela.
Il ne faut pas nous imaginer que la chose puisse s'accomplir entièrement en un instant. Et pourtant l'effort doit se faire à chaque instant. Nous devons toujours avoir le sentiment que nous sommes du côté de l'Esprit; nous devons toujours être disposés à nier les désirs de la chair et à y renoncer. Nous sommes trop souvent tentés de nous soumettre aux voies et aux moyens humains, aux pratiques et aux méthodes humaines. Nous croyons ne pas encore avoir progressé au delà de leur capacité de faire quelque chose pour nous; nous croyons qu'ils peuvent, de quelque manière, aider encore à l'individu ou à la Cause.
Nous ferons bien, cependant, de comprendre dès le début que l'Esprit seul peut amener des résultats spirituels. La méthode humaine qui consiste à essayer de triompher de la matière par la matière n'a que la prétention d'exalter la matière, elle n'en triomphe jamais, ne tend jamais à en prouver l'irréalité. C'est ainsi que la tentative de triompher de sa propre volonté par sa propre volonté, de chasser un mal par un autre, produira toujours un plus grand mal, non un moindre. Au contraire, “se ranger du côté de l'Esprit,”— rester calme devant l'erreur parce que l'on comprend que l'Esprit est toujours suprême,— c'est progresser constamment dans le chemin ascendant; cela nous permettra de cesser notre lutte et d'acquérir cette compréhension du bien doit finalement triompher de tout ce qui est faux.
Le prophète déclara: “Ce n'est point par la puissance ou par la force, mais c'est par mon Esprit [que s'accomplira cette œuvre], a dit l'Éternel des armées.” Et combien est précieux le privilège de s'éveiller à l'opportunité et à la possibilité de prouver cette suprématie de l'Esprit! A la page 28 de “Retrospection and Introspection,” notre Leader bien-aimée indique encore le chemin, lorsqu'elle dit: “La confiance que nous mettons dans les choses matérielles doit être remplacée par une perception des choses spirituelles et par la confiance en elles. Pour que l'Esprit soit suprême dans la démonstration, il faut qu'il soit suprême dans nos affections, et il faut que nous soyons revêtus de la puissance divine.” C'est en ceci que consiste “la religion de l'Amour” que Jésus a vécue.
Rappelons-nous, par conséquent, que tout désir spirituel — toute pensée spirituelle — est plus puissant qu'aucune prétention du mal, quelque effort qu'il fasse pour se grossir. Le premier émane de Dieu qui est Tout; le dernier est le néant de rien! Ainsi, l'Esprit étant “suprême dans nos affections,” nous poursuivrons notre chemin avec patience et persévérance jusqu'à ce que, nous aussi, nous ayons prouvé que “la chair ne sert de rien,” parce que les paroles de Christ Jésus seront devenues pour nous “l'esprit” et “la vie.”
