Les jardins occupent une place à part dans le cœur du praticien et professeur de Science Chrétienne George Millar — non seulement le jardin attenant à sa maison, à Twickenham, au bord de la Tamise, où il habite aujourd'hui, mais également celui qui le ramène à son enfance, en Australie.
Lorsque M. Millar était enfant, sa sœur aînée se réveilla un matin, incapable de se lever. Elle était paralysée. Une épidémie de poliomyélite se propageait à Melbourne, et les écoles étaient fermées. Le médecin appelé par ses parents diagnostiqua ce mal, et leur annonça qu'il reviendrait rapidement pour préparer son hospitalisation. La famille de M. Millar connaissait la Science Chrétienne depuis trois générations. « Ma mère me demanda d'aller prier dans le jardin, se rappelle-t-il. J'étais effrayé. Mais comme je venais d'apprendre l'importance de l'obéissance, à l'école du dimanche, c'est ce que j'ai fait. »
M. Millar ne se rappelle pas exactement comment il a prié. « C'était peutêtre la Prière du Seigneur, ou "l'exposé scientifique de l'être" tiré de Science et Santé, ou bien ai-je tout simplement demandé à Dieu d'aider ma sœur. » Mais ce dont il se souvient, c'est qu'en ce jour gris et triste, alors qu'il était assis dans le jardin, il s'aperçut soudain qu'autour de lui, tout baignait dans une lumière d'une beauté majestueuse. « Notre jardin ne ressemblait guère à un jardin, précise-t-il. Car c'était mon père qui s'en occupait habituellement, mais il était parti à la guerre. » À ce moment, la crainte le quitta et il sut que sa sœur était guérie. Il rentra en courant dans la maison pour le dire à sa mère juste au moment où sa sœur sortait de sa chambre en sautillant, complètement guérie.Il alla attendre le médecin devant la grille d'entrée, ce dernier ayant dit qu'il serait de retour d'ici une heure. Lorsqu'il arriva, M. Millar s'écria: « Elle va bien ! Elle est guérie ! »
Cette guérison l'a marqué de manière définitive. Des années plus tard, il voyagea en Europe, sac au dos, avec son compatriote australien et camarade d'école, Geoffrey Barratt, à qui il fit connaître la Science Chrétienne. « Mais c'est Geoffrey qui m'a incité à m'investir davantage dans la Science », ajoute-t-il en riant. « Il ne cessait de me poser des questions auxquelles il me fallait être capable de répondre. » Tous deux ne tardèrent pas à devenir praticiens de la Science Chrétienne à plein temps.
« C'est la seule chose que j'ai jamais voulu être, affirme-t-il. C'est ce qu'il est depuis lors, en sachant que c'est Dieu, l'Entendement, qui agit.
Lors du bref échange que nous avons eu avant cette interview, vous m'avez fait remarquer que le mot Dieu est très abstrait pour beaucoup de gens aujourd'hui. Je vous propose donc de commencer par là.
En nous révélant les sept synonymes de Dieu, Mary Baker Eddy a transformé le mot Dieu. Elle lui a donné une nouvelle signification. Le synonyme « Principe » me parle particulièrement. Mary Baker Eddy écrit: « Une fois compris, le terme Principe est le seul qui exprime clairement les idées de Dieu: un seul Entendement, un homme parfait et la Science divine. (Non et Oui, p. 20)
Pourquoi, à votre avis, a-t-elle distingué le terme Principe ?
Le Principe existe en soi, il est invariable, constant et par conséquent fiable. Les autres synonymes donnés par Mary Baker Eddy, comme l'Amour, la Vie ou l'Entendement, pourraient, sans le Principe, être variables, peu fiables et destructibles. Mais l'Amour, qui est Principe, est invariable, immuable et absolument fiable. Et c'est ce qu'est Dieu.
« C'est notre ignorance concernant Dieu, le Principe divin, qui produit l'apparente discordance, et la vraie compréhension de Dieu rétablit l'harmonie, lit-on dans Science et Santé (p. 390). J'ai constaté que le fait de comprendre les synonymes de Dieu à la lumière de cet énoncé est essentiel au bon déroulement de notre vie quotidienne.
Les synonymes nous permettent aussi de ne pas voir en Dieu un être anthropomorphe, n'est-ce pas ?
Exactement. Après des siècles de théologie scolastique, la tentation est encore grande. Même en tant que scientistes chrétiens, nous le faisons parfois: nous attribuons à Dieu des caractéristiques humaines et nous nous attendons à ce qu'il agisse personnellement en notre faveur.
Concernant la théologie ancienne, voyez-vous une différence entre religiosité et spiritualité ?
Une énorme différence ! Il faut penser de façon métaphysique, c'est-à-dire du point de vue de la vérité métaphysique. Pour la théologie ancienne, Dieu est quelque part dans l'espace, et si nous Le prions, Il fera quelque chose pour nous; tandis que le métaphysicien comprend la vraie nature de l'existence et part de ce point de vue. C'est le «partir de » à l'opposé d'« aller vers », qui fait toute la différence. Ceux qui pensent à partir de l'Entendement sont des métaphysiciens; ceux qui dirigent leurs pensées « vers » l'Entendement sont victimes de la théologie traditionnelle.
Soit on comprend l'approche scientifique soit on a une approche scientifique approximative qui s'efforce d'aller de l'extérieur vers l'intérieur.
Si l'on comprend, comme vous le dites, la vraie nature de l'existence, c'est donc que l'on pense en termes absolus. Pourtant une grande partie de Science et Santé est écrite à un niveau « relatif », c'est-à-dire en relation à autre chose. Par exemple, Mary Baker Eddy écrit: « Aujourd'hui la lettre de la Science parvient abondamment à l'humanité, mais cette dernière n'en acquiert l'esprit que petit à petit. » (p. 133)
Pour moi, ces énoncés que l'on appelle relatifs sont explicatifs; ce qui est énoncé, ce ne sont pas des faits mais des choses qui semblent se produire. Ce ne serait pas charitable de s'exprimer de façon incompréhensible. Jésus ne se comportait pas ainsi; il parlait en paraboles parce que c'est ce que les gens comprenaient. Mais à certaines occasions, il préférait exprimer la vérité pure et absolue. Par exemple, lorsqu'il dit: « Moi et le Père nous sommes un » (Jean 10:30); « Avant qu'Abraham fût, je suis » (Jean 8:58); « Celui qui m'a vu a vu le Père (Jean 14:9). Comment réagirent les gens ? En lui lançant des pierres. Ils ne comprenaient pas ce qu'il disait.
C'est pourquoi il faut bien reconnaître qu'il n'est ni sage ni charitable de s'exprimer avec des mots incompréhensibles pour les autres. Un de mes amis avait l'habitude de dire: « Pense de manière redicale, mais parle avec sagesse et vit avec amour. Un très bel axiome à appliquer dans la vie quotidienne.
Se demander: « Qu'est-ce qui ne va pas ?», « Pourquoi cela m'arrive ? », « Comment arranger cela?», revient à se poser des questions insolubles, parce qu'elles proviennent de cet « extérieur » dont vous avez parlé, n'est-ce pas?
Exactement, car cela revient à dire: « Pourquoi le soleil se lève-t-il à l'Est pour se coucher à l'Ouest ? » Cela ne correspond pas à la réalité. Ou bien: « Pourquoi les objets rapetissentils avec la distance ? » Ils ne rapetissent tout simplement pas.
Ou bien: « Pourquoi ne suis-je pas guéri? Cela prend tellement de temps... »
Le fait même de poser la question montre que l'on se croit toujours malade. Tant qu'on accepte la réalité de l'erreur et la nécessité d'en triompher, on ne risque pas de changer les apparences. Je pense que si l'on travaille en vue d'une guérison, il faut en arriver à se dire: « Qu'importe le témoignage des sens. Je comprends que je suis en réalité spirituel et parfait, et je refuse d'accepter plus longtemps ce faux témoignage, puisqu'il n'a rien à voir avec ce que je suis. En effet, durant tout le temps où quelque chose semble en mauvais état, la réalité est que tout est en parfait état.
Par exemple, un objet vu à travers la bulle d'une vitre défectueuse semblera déformé. Mais le défaut dans la vitre ne touche pas l'objet, ne le change pas, n'a rien à voir avec lui. De même, afin de voir les choses telles qu'elles sont, il faut cesser de regarder à travers un verre déformé qui donne des images déformées, et regarder plutôt à travers une vitre parfaitement transparente.
Regarder à travers la vitre transparente, c'est comprendre les vérités absolues, et non relatives, de notre être ?
Absolument. J'ai beaucoup réfléchi dernièrement à cette phrase dans Science et Santé: « La confiance qu'inspire la Science repose sur le fait que la Vérité est réelle et l'erreur irréelle. » (p. 368) Dans un autre chapitre du même livre, après avoir clairement expliqué la différence entre la Vérité et l'erreur, Mary Baker Eddy revient en détail sur cette différence et conclut: « En outre, la Vérité est réelle, et l'erreur est irréelle. Ce dernier énoncé renferme le point que vous serez le moins disposé à admettre, bien qu'il soit toujours le plus important à comprendre. » (p. 466) Je suis tout à fait d'accord que c'est là le point le plus important à comprendre, parce qu'à moins de reconnaître la réalité de la Vérité, on est privé de ses bienfaits. Et à moins de comprendre l'irréalité de l'erreur, on est dupe de cette erreur et de ses effets apparents, que l'on croit réels.
La Bible contient une question on ne peut plus directe qui, me semble-t-il, est au cœur du sujet: « Jusques à quand clocherez-vous des deux côtés? » (I Rois 18:21)
Oui, c'est exactement cela: on a toujours affaire à un état de pensée tel qu'il se présente en ce moment même, quel que soit le temps écoulé depuis le début d'un problème. Ce qui compte, c'est ce que l'on pense et sait maintenant. Ce dont on est conscient à un moment donné constitue notre sens de la réalité à ce moment même. Or il s'agit soit de la réalité pure, soit d'une conception limitée, erronée, de la réalité. Si l'on accepte la conception erronée, on est devant un miroir déformant. On ne devient pas pour autant l'image déformée. On demeure tel qu'on est et a toujours été: l'expression directe de l'Entendement parfait. Aussi ne sert-il à rien d'essayer de « changer » sa propre image. On est déjà en parfaite santé.
Ce qu'il faut faire, c'est regarder dans le miroir parfait, qui, de notre point de vue, bien sûr, est la Science divine, et dans lequel on peut se voir tel que l'on est réellement. On lit dans Science et Santé que « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. Ce qui apparaît à l'homme mortel est l'image déformée, vue à travers le miroir déformant, des sens matériels. « En cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. » (p. 476-477) Voilà la vraie guérison selon la Science Chrétienne: rien ne se passe en réalité. Le fait est que tout est Entendement; l'Entendement n'est pas en train d'agir sur quelque chose d'autre ni de le contrôler, mais il constitue tout ce qui existe, et il est parfait. C'est toujours ce que je fais voir au patient: le fait que tout ce qui peut exister et existe maintenant même est la manifestation de l'Entendement parfait.
Ce qui nous ramène au Principe.
Exactement. J'aime définir le synonyme comme « ce qui est et ne peut faire autrement qu'être ». Il n'a jamais été créé. Il a toujours été ce qu'il est. Cela me fait penser que j'ai beaucoup réfléchi au mot « être », ces temps-ci. Un de mes amis m'a accompagné à l'église un mercredi soir (il ne connaissait pas du tout la Science Chrétienne), et à la fin de la réunion, sur le chemin du retour, il m'a dit: « Ce qui a retenu mon attention, c'est le mot être. Je n'y avais jamais pensé auparavant. »
Comme le mot « être» peut sembler si abstrait ! Mais au lieu de rester indifférent, votre ami semble avoir été réellement interpellé.
Mon ami m'a fait comprendre combien le mot « être» est essentiel en Science Chrétienne. En fait, si « l'exposé scientifique de l'être» n'était pas au cœur même de nos enseignements, je ne pense pas que Mary Baker Eddy aurait choisi cet énoncé précis pour être lu à la fin de chaque service du dimanche. Ce n'est qu'en s'identifiant correctement que l'on peut vivre sa vraie nature.
L'autre mot important dans « l'exposé scientifique de l'être» est « infini». Mary Baker Eddy n'a pas écrit: « Tout est Entendement et sa manifestation », ni même: « Tout est Entendement infini et sa manifestation» mais plutôt: « Tout est Entendement infini et sa manifestation infinie...» (Science et Santé, p. 468) L'Entendement infini ne peut avoir de manifestation finie ou limitée.
Dans l'une des définitions qu'elle donne de l'être, elle écrit: « L'être [...] est infinité, liberté, harmonie et félicité sans bornes.» (ibid., p. 481) C'est cette compréhension de la nature infinie de l'être qui permet de s'identifier correctement. On peut alors dire: « Si j'existe réellement et que tout est Entendement infini et sa manifestation infinie, je ne peux donc exister que de cette façon.»
Ce n'est qu'en s'identifiant correctement et complètement à Dieu, qui est toujours parfait, que l'on peut vivre sa vraie nature.
Donc, chaque fois que l'on voit quelque chose qui n'est pas conforme à Dieu, le Principe, on croit à la réalité de l'objet vu à travers la bulle dans la vitre, on se laisse tromper par l'image du miroir déformant. On accepte ce qui semble être...
Exactement. Nous passons notre vie à nous préoccuper de ce que nous semblons être, sans forcément savoir qui nous sommes réellement. Nous avons été éduqués dans ce sens, à être amenés à croire à la réalité de choses qui ne sont pas réelles du tout. Résultat: nos efforts ne sont pas toujours couronnés de succès. Or si, faute de reconnaître ce que sommes vraiment, nous nous identifions à des mortels pourvus d'un corps matériel avec un esprit à l'intérieur, d'un corps physique tantôt bien portant tantôt malade, et d'un esprit tantôt bon tantôt mauvais, notre vécu sera alors fait d'un mélange de bonnes et de mauvaises choses, de santé et de maladies.
Mais si nous parvenons à voir que notre véritable identité est autre chose que de la matière, eh bien, nous n'aurons pas à subir ces expériences malheureuses. Notre existence est être infini. Plus nous pensons à partir de l'infinitude du bien, moins nous sommes privés de ce bien au quotidien. C'est en sachant ce que nous sommes réellement que nous prenons le mieux soin de ce que nous paraissons être.
Il ne s'agit donc pas de se débarrasser des couches de l'éducation, mais d'être prêt à abandonner dans son entire le concept d'une vie divisée — de tout ce qui semble être divisé ?
Il s'agit d'abandonner ce sens erroné qui paraît si réel: de changer son concept de la réalité, où ce qui paraît être n'est pas vrai, pour accepter la pure réalité.
C'est une façon de penser très radicale, non ?
Sans l'ombre d'un doute. C'est une façon de penser révolutionnaire, dans le sens où l'enseignement de la Science est tout à fait unique en son genre. Science et Santé propose une définition de la nature de Dieu et de l'homme qu'on ne trouvera nulle part ailleurs que dans les écrits de Mary Baker Eddy.
Lorsqu'on réfléchit à l'idée scientifique de l'homme, à sa définition scientifique, est-on plus à même de comprendre ce qu'est « l'homme» quand on le considère comme unique, par rapport au genre humain composé d'hommes, de femmes et d'enfants ?
Absolument. L'identification humaine implique un sens limité de l'homme. Il faut simplement dépasser ces vieux concepts qui n'ont pas leur place dans la Science. Par exemple, le concept erroné selon lequel l'homme n'est qu'une partie de la création, que la femme en est une autre partie, et qu'en s' unissant l'un et l'autre, ils seront complets, et encore, à condition d'avoir un enfant. C'est là un sens d'inachèvement; or ce qui est complet se reconnaît uniquement en comprenant le fait que le Principe divin constitue la totalité de notre vie.
J'ai un ami zoologiste qui a découvert une araignée dont on pensait l'espèce éteinte. À mes yeux, cette araignée était une petite chose brunâtre insignifiante et anodine. Mon ami a commencé à m'apporter des études consacrées à cette espèce particulière, qu'il voulait traduire de l'allemand en anglais, et, à chaque fois qu'il apprenait de nouvelles choses sur le sujet, il débordait d'enthousiasme. Un jour, je m'en suis étonné: « Je n'arrive pas à comprendre comment cette petite créature insignifiante peut t'enthousiasmer à ce point ! », lui dis-je. « Approche-toi et regarde », me répondit-il. Il avait placé l'un de ces spécimens sous la lentille de son microscope. J'ai regardé: eh bien, quelle transformation ! Au lieu d'une petite chose brunâtre, j'ai découvert une créature brillant d'un éclat opalescent, belle dans les moindres détails. C'était comme si l'araignée avait été changée en quelque chose d'entièrement différent. J'ai soudain compris pourquoi mon ami était tellement captivé.
Ce n'est là, bien sûr, qu'un exemple matériel, mais il montre comment j'ai vu, au-delà de la limite des sens physiques, une araignée différente lorsque je l'ai observée au microscope.
Un énoncé remarquable de Mary Baker Eddy situe les choses entièrement en dehors du domaine matériel: « Et combien l'homme est agrandi lorsqu'on le voit à travers la lentille de l'Esprit, comme cela contrebalance son origine dans la poussière et comme il s'aligne sur son original, jamais séparé de l'Esprit ! » (La Première Église du Christ, Scientiste, et Miscellanées, p. 129)
Soit on voit l'homme à travers la lentille de l'Esprit, du point de vue de la Vérité, son être réel, soit on le voit à travers les limites des sens matériels.
On peut comparer le sens limité que vous aviez de l'araignée au sens limité que l'on a de la personne, d'une personnalité humaine. J'ai l'impression que, bien souvent, en Science Chrétienne, on essaye d'ajouter des qualités spirituelles à une personnalité humaine, à un homme « humain ».
Vous avez raison. C'est la raison pour laquelle l'énoncé que j'ai cité tout à l'heure, « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait...», est si important pour comprendre la Science divine. Jésus ne voyait pas l'homme parfait dans la personne, mais il voyait la nature scientifique de l'homme.
En réalité, la Science Chrétienne promet très peu de choses aux mortels, et en fait, pratiquement rien. Mais elle promet tout à l'homme, l'image et la ressemblance ou expression directe de l'Entendement — l'unité du Principe et de l'idée.
Dieu, le Principe, ne divise jamais. Parce que Dieu est un, Il ne se méprend pas sur Lui-même; le Principe n'est pas en opposition avec autre chose. Il n'inclut aucun des éléments discordants qui semblent troubler les relations humaines. Il n'y a qu'un seul Dieu et un seul homme.
Tous ceux qui découvrent la définition de l'homme donnée par Mary Baker Eddy dans Science et Santé pourraient s'écrier, en lisant que l'homme « n'est pas composé de cerveau, de sang, d'os et d'autres éléments matériels » (p. 475): « Bien sûr que si ! » Mais ce n'est là qu'une apparence.
La façon dont nous nous identifions détermine notre vécu. Si nous nous identifions à ce que nous paraissons être, nous aurons toutes les limites qui accompagnent ce sens matériel fini. Mais si nous nous identifions à la définition de l'homme selon la Science Chrétienne, c'est-à-dire à « l'expression infinie » de l'Entendement infini» (ibid., p. 336), notre vécu prendra une tout autre tournure. Les limites tomberont et les conceptions erronées cesseront d'affecter notre existence.
Tout est état de conscience. Ce dont nous sommes conscients à un moment donné constitue notre sens de la réalité à ce moment précis. Nous sommes tous capables d'améliorer notre sens du réel jusqu'à ce qu'il ne soit pas un simple rapprochement de la réalité, mais la réalité même!
Et nous y parvenons lorsque nous passons du sens relatif de l'être à son sens absolu ?
Tout à fait. Je me souviens d'une guérison survenue justement quand j'ai reconnu la perfection immuable de l'Esprit. Je m'étais baigné dans une mer agitée. J'avais de l'eau et du sable dans une oreille, et celle-ci s'est infectée. Elle était trés enflammée et douloureuse, et je suis devenu totalement sourd de ce côté-là. J'avais beau prier, le problème ne cessait de s'aggraver. J'ai alors pensé: « Bon ! Il est temps que quelque chose se passe. » C'est à ce moment que je me suis rendu compte que j'avais effectivement attendu que quelque chose se passe — un écoulement, une réaction dans l'oreille — pour être guéri. Mais j'ai soudain compris que si tout était Entendement, Esprit, rien ne changeait, ne contrôlait ni ne guérissait quelque chose d'autre, étant donné que l'Entendement constituait tout ce qui existe, et qu'il était parfait. Dans la minute même, j'étais guéri: plus d'inflammation, de douleur, de surdité. Il n'y a eu aucun écoulement; en fait rien ne s'est passé, sinon la guérison immédiate. Le problème a été terminé. Comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est en sachant ce qui est réel que l'on s'occupe le mieux de l'apparence.
Plus récemment, alors que je visitais un patient pour la première fois, une prise de conscience semblable (savoir ce qui est déjà là) a produit la guérison instantanée d'un problème de dos qui confinait presque la personne chez elle depuis des années.
Ainsi, c'est en prenant conscience de ce qui « est » réellement que l'on prend soin des choses discordantes qui semblent se produire dans notre vie, et que nous connaissons alors la vraie liberté.
L'être véritable ?
Absolument. On reconnaît ce qui est réellement au lieu d'essayer de produire quelque chose grâce à telle ou telle pensée. En l'occurrence, j'ai juste reconnu la réalité de l'être, ce qui a suffi à prendre soin de la situation.
En vous écoutant, je me rends compte à quel point, parfois, nous compliquons nous-mêmes les choses. Quelle libération, quel soulagement et quel privilège, vraiment, de pouvoir s'identifier totalement à l'Entendement, au Principe ! Comme vous le dites, il faut partir du Principe, non aller vers lui. Le Principe ne peut jamais être trompé par la bulle dans la vitre.
C'est comme le fait de savoir que la rencontre de la terre et du ciel à l'horizon est une illusion, ou que les objets ne rapetissent pas avec la distance, bien que cela semble être le cas.
J'aime beaucoup ce passage de Science et Santé: « Partant d'un plus haut point de vue, on s'élève spontanément, de même que la lumière émet la lumière sans effort...» (p. 262)
Quand on part du Principe, le plus haut point de vue, on n'essaye plus d'appliquer des vérités spirituelles à des conceptions erronées. On vit la Science du Christ.