La tentation de vous sauver n'a peut-être jamais été tellement forte que vous ayez emballé vos effets et quitté la maison. Mais si vous avez désobéi à quelque règle, soit à l'école soit dans la famille, n'était-ce pas une tentative pour échapper aux exigences du bien? Quand vous abandonniez à mi-chemin une tâche ennuyeuse, ne refusiez-vous pas d'apprendre à aimer? Quand vous vous adressiez à un camarade plus intelligent que vous, à un frère ou une sœur aînée, à votre père ou à votre maman, pour qu'on fît les devoirs que vous auriez dû préparer vous-même, ne croyiez-vous pas manquer de l'intelligence qui est en réalité votre héritage—celui d'un enfant de Dieu?
Au fond, toutes ces circonstances vous donnaient l'occasion de prouver qu'au lieu de vous enfuir, vous appreniez à tenir ferme, à résoudre le problème qui se dressait devant vous.
Un jeune homme se rappelle plusieurs leçons qui lui apprirent à ne pas se sauver quand les difficultés se présentent. Dans sa tendre enfance, un jour qu'on ne l'avait pas laissé faire ce qu'il voulait, il en fut bouleversé. D'un air de défiance, il dit solennellement à sa mère: « Je veux partir et je ne reviendrai plus jamais! »
Sa mère se montra fort sage; elle n'eut pas recours aux raisonnements ni aux câlineries. Elle dit avec calme: « Bon! Je vais te préparer quelques vivres et une petite valise. Tu pourras prendre l'autobus au coin de la rue. »
Surpris de ce qu'elle acceptait si facilement une décision qui pour lui semblait formidable, le petit garçon se mit en route; il avait l'air très sûr de lui, mais ce n'était qu'une apparence. Comme il se dirigeait lentement vers le coin de la rue, diverses pensées lui traversèrent l'esprit: Même si ses parents ne lui rendaient pas justice, ils avaient somme toute été bons pour lui. Qui ferait à l'avenir les petits travaux dont il était chargé? Qui logerait dans sa chambre et coucherait dans son lit?
En pensant à sa chambre, il revit le tableau suspendu au mur: c'était Daniel dans la fosse aux lions, Daniel regardant les animaux bien en face, sans crainte. Alors le petit garçon se sentit honteux. Il reconnut que son foyer et ses problèmes étaient loin d'être aussi désagréables que la fosse et les lions. Pourtant Daniel n'avait pas essayé de se sauver!
Tout à coup, presque inconsciemment il rebroussa chemin, croisant l'autobus qui allait stopper au coin de la rue. Il aborda sa mère avec un sourire—et ce fut la fin de cet incident. Pendant les jours qui suivirent, il apprit que les lions qu'il devait mater se trouvaient dans son penser humain; c'étaient l'opiniâtreté, la croyance qu'il était à plaindre, l'égoïsme.
Des années plus tard, dans sa deuxième année d'école secondaire, le jeune garçon étudia Silas Marner, nouvelle écrite par une Anglaise; il y trouva l'histoire d'un homme qui avait eu peur d'affronter les lions. Dans ce récit, Silas, faussement accusé de vol, perd sa confiance en Dieu et dans les hommes. Il essaie de fuir sa peine, il va s'établir dans un autre village; mais comme il pense encore faux,—s'apitoyant sur soi-même, évitant ses voisins,—il ne réussit pas à perdre sa tristesse; il en arrive même à quelque chose de pire, car il devient très avare et vit comme un reclus.
Mais pour finir, Silas Marner apprend à faire face aux lions: il s'occupe avec dévouement d'une petite fille qu'il adopte. Devenu moins égoïste, il travaille avec amour pour cette enfant, et retrouve graduellement sa foi dans la bonté du Père céleste. Dieu avait toujours été proche, mais il fallait que Silas eût le courage de Le reconnaître. Il découvre aussi que sa nouvelle vie occupe à tel point ses pensées qu'il ne s'inquiète plus de savoir si son innocence est prouvée, après la fausse accusation qu'on avait fait peser sur lui. Il a manifesté beaucoup d'amour, et sa fille adoptive le chérit à tel point que les lions auxquels il voulait jadis échapper ne lui semblent plus même réels.
Sans doute avez-vous lu d'autres histoires illustrant le courage en face des difficultés. Pensons aux récits de la Bible, à Ruth, à Moïse, à Joseph, et surtout à Jésus! Lire et relire ces histoires jusqu'à ce que les héros deviennent nos amis, cela nous apporte beaucoup d'inspiration et nous montre la manière de résoudre nos problèmes.
Ainsi, ne nous sauvons pas. Nous aurions tort de croire que notre problème est un lion en dehors de notre penser, une chose dont nous ne sommes pas maîtres. Sachons au contraire que Dieu, l'Entendement, gouverne selon la justice et que rien n'échappe à Son empire. Travaillons avec zèle, nous efforçant de prouver notre filialité divine; alors nous trouverons la grâce et la patience nécessaires pour faire face aux lions et voir qu'ils deviennent inoffensifs. L'apôtre Paul déclare (Rom. 14:4): « Il sera affermi, car le Seigneur a le pouvoir de l'affermir! »
Quand nous demeurons fermes en face de l'erreur, nous constatons naturellement qu'il se présente une issue, que nous pouvons être délivrés. Alors nous avançons librement, prêts pour la prochaine rencontre. A l'école, nous passons successivement d'une classe inférieure à une classe supérieure; de même, dans la vie pratique, nous devons affronter, résoudre puis laisser derrière nous toute une série de problèmes. Ces réalisations nous font parvenir « à la mesure de la stature parfaite du Christ. »
Nos problèmes se résolvent dès que notre regard perce leurs mensonges et saisit le fait éternel—la présence constante de l'Amour. Nous pouvons prouver ce fait en manifestant davantage l'amour, en nous montrant aimables et doux dans tous nos rapports avec autrui. Aimer d'une manière active protège contre la crainte et détruit la tentation de s'enfuir. C'est un bonheur de voir l'Amour surmonter le mal.
Par la suite, les lions prendront peut-être d'autres formes: déplaisir concernant nos occupations, échecs dans notre carrière, déceptions dans nos rapports avec autrui, mécomptes, manque de confiance. Mais si nous faisons face à ces lions,—si nous purifions notre penser des tentations de rancune, de haine ou de crainte,—avec quelle joie nous verrons se révéler le pouvoir de Dieu, l'impuissance du mal!
La Science Chrétienne nous apprend à ne pas agir selon les voies du monde, ce qui reviendrait à nous sauver devant un problème: devenir dur ou cruel dans ses rapports avec autrui, parce que l'orgueil ou l'amour-propre est blessé; dépenser de l'argent pour paraître riche; boire et fumer pour satisfaire un faux sens de vanité, ou pour ne pas reconnaître une erreur et s'en repentir. Il faut au contraire faire face aux lions qui paraissent dans notre chemin, et prouver avec courage que nous sommes enfants de Dieu.
Lorsqu'on a résolument affronté une situation pénible, la tentation de s'enfuir n'est plus jamais aussi forte. C'est donc avec joie qu'on peut résoudre les problèmes, selon la méthode de la Science Chrétienne. « Cela va bien, bon et fidèle serviteur »—voilà certes une récompense suffisante, une source de contentement. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 261), Mary Baker Eddy montre quelle tâche chacun de nous doit remplir: « Fixez votre pensée fermement sur les choses permanentes, bonnes et vraies, et vous les ferez entrer dans votre expérience dans la mesure où elles occuperont vos pensées. »
La fermeté, la constance empêche qu'on ne s'enfuie.
L'Humanité et l'Immortalité ne consistent ni dans la raison, ni dans l'amour; elles ne sont pas dans le corps, dans l'animation du cœur qui s'y trouve, dans l'activité du cerveau;—elles sont dans la consécration de toutes ces choses à Celui qui les restaurera au dernier jour.—