Une petite lettre, bordée de noir, racontant son histoire de chagrin et de perte, tomba sur les genoux de celle à laquelle elle était adressée. Celle-ci, poussée par un désir ardent d'envoyer un message de réconfort et d'encouragement, au lieu d'ajouter le fardeau de la simple sympathie humaine à la peine de ses amis, resta à la fenêtre et ouvrit son cœur à la totalité de la Vie, telle qu'elle est comprise dans la Science Chrétienne. Soudain un oiseau apparut, puis, se retournant, s'envola en droite ligne de la fenêtre. Son essor était rapide et sûr. Celle qui le guettait à la fenêtre le vit diminuer rapidement jusqu'à ce qu'il ne fût plus qu'un point dans l'espace, et puis il disparut dans les profondeurs limpides du ciel matinal. Pendant qu'elle regardait cet azur calme et ensoleillé, il lui vint, comme une lueur soudaine, l'idée des étendues incommensurables de l'infinité, et de la piteuse insuffisance du sens matériel.
Le joli petit oiseau avait disparu, mais qu'était-il arrivé? Pour lui nul changement! Il ne s'était réellement pas effacé sur cet azur lointain; son essor droit vers son but continuait toujours. La difficulté était absolument du côté de celle qui l'avait suivi des yeux. Elle savait fort bien qu'un observateur avec des jumelles eût pu voir l'oiseau.
En interprétant cette illustration spirituellement elle put gagner une perception bien que faible du fait que, lorsque nos amis semblent disparaître de devant nos yeux, ce n'est là qu'une apparence trompeuse, produite par notre vue matérielle et limitée de toutes choses. Ici elle se remémora l'expérience des trois disciples, lorsque Jésus fut transfiguré devant eux, et qu'ils aperçurent Moïse et Élie parlant avec lui. N'était-ce pas sa compréhension de la réalité spirituelle qui dissipa pour ces disciples les barrières irréelles du temps et de l'espace par quelles le sens matériel tente de limiter la vision? N'était-ce pas grâce à son pur discernement spirituel qu'ils purent voir Moïse et Élie là où ils sont réellement— et où sont réellement tous les enfants de Dieu—dans le maintenant et l'ici de l'Entendement éternel? Le sens humain, obscurci par sa croyance à une perte personnelle, peut s'écrier qu'il était aisé pour les disciples d'obtenir cette lueur de la réalité spirituelle vu que Christ Jésus était là pour les aider. Nous savons, cependant, que ce n'était pas son corps de "chair et de sang" qui servit à élever la pensée des disciples, mais que c'était son identité spirituelle, sa ressemblance avec Dieu. Cette individualité ne mourut jamais, ne disparut jamais. Bien que le corps de chair ait disparu, notre Maître dit: "Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde."
Nonobstant cette promesse, il se peut que le sens humain reste toujours assis dans sa vallée de peine, et que, rendu perplexe par la distance apparente entre cette vallée et le sommet de la vision spirituelle, il puisse se demander: "Comment pouvons-nous connaître le chemin?" Mais Jésus ne se tint pas à distance sur la montagne de la perception spirituelle, il ne nous laissa pas sans défense et seuls dans la vallée. Nous pouvons connaître le chemin et être guidés à chaque pas. A la page 58 de "Unity of Good" Mrs. Eddy nous dit: "Lui, [Jésus] était trop sage pour ne pas consentir à éprouver toute la plénitude des peines humaines, étant tenté comme nous en toutes choses, sans commettre aucun péché.' " S'il fut tenté en toutes choses, et cependant ne commit aucun péché, alors il n'y a aucune phase de l'erreur qui puisse se présenter à nous, qu'il n'a pas déjà vaincu; il n'y a pas de profondeurs de tristesse où les mortels puissent s'engloutir, où l'amour et la compassion du Christ ne les ont pas devancés pour leur frayer le chemin conduisant pas à pas hors de cet abîme apparent, jusqu'au sommet même de la joie et du gain spirituels. Alors, si nous nous efforçons d'être guidés divinement, nous trouverons toujours que, juste au moment de notre besoin humain, quelque chose que Jésus fit ou dit nous viendra et nous guidera directement et spécifiquement dans le bon chemin.
L'enseignement de Mrs. Eddy interprète et explique le chemin que suivait Jésus et il nous enseigne à y marcher. Mrs. Eddy décrit nettement la vision-Christ dans un passage qui commence à la page 476 de "Science et Santé avec la Clef des Écritures": "Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. Dans cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades." En s'arrêtant sur cette explication de la vision spirituelle qu'avait Jésus, bien des cas spécifiques de ses œuvres curatives, telles qu'elles sont rapportées dans la Bible, se présentent à la pensée. Il y a l'homme dont la main sèche fut restaurée et redevint comme l'autre; les lépreux qui furent nettoyés; l'homme aveugle-né qui recouvra la vue; le serviteur du centenier qui fut guéri de la paralysie; la fille de la femme de Canaan qui fut guérie; les démons qui furent chassés; les estropiés, les boiteux, les aveugles qui vinrent à lui et qui furent tous guéris. Lorsque nous réalisons que ces merveilleuses guérisons accompagnaient toujours la vie journalière de notre Maître, que sa perception spirituelle corrigeait et effaçait constamment les fausses apparences mortelles, nous commençons de voir le sentier qu'il suivit avec tant de patience et de persévérance, le sentier qui le conduisit à des hauteurs élevées et spirituelles.
Donc, l'idée divine nous a montré, non seulement les immenses possibilités de l'intuition spirituelle pour inspirer nos efforts, mais elle nous a indiqué affectueusement en même temps les premiers pas que nous devrons faire dans le sentier menant à ce but élevé. Bien que nous ne puissions pas encore voir l'homme, impérissable, bien qu'un homme mortel ait disparu au sens mortel, nous prenons un pas dans la direction qui mène à ce sommet toutes les fois que nous démontrons la guérison en contemplant dans la Science l'homme parfait, là où "l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels." Si même nous ne pouvons arriver d'un seul bond au sommet de la vision spirituelle que nous désirons si ardemment gagner, où "la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine," hésiterons-nous à prendre les premiers pas qui nous furent indiqués si affectueusement et si patiemment? Permettrons-nous au faux témoignage des sens matériels, avec leur argument de l'inévitable et de la finalité, de nous aveugler sur le fait qu'il y a moyen d'en sortir?
Que nul ne reste assis dans la vallée de la peine, stupéfié par la proprecommisération, ou luttant de ses faibles mains contre les barrières irréelles du sens matériel. Le chemin qui mène hors de cette vallée, le chemin que Jésus nous a montré, et le seul chemin par lequel on puisse en sortir, c'est de commencer dès maintenant, et de continuer journellement et d'heure en heure à manifester, tant en nous-mêmes que dans les autres, davantage de la santé et de la bonté qui appartiennent à l'homme réel; et, à mesure que nous tournons le dos à la vallée du sens souffrant, et que nous suivons cette ligne d'accomplissement spirituel, nous serons guidés pas à pas dans ce chemin rocheux. Notre joie consiste à savoir que nous marchons dans le sentier que Jésus a foulé et que finalement nous nous élèverons comme lui aussi s'éleva, au-dessus des barrières entravantes du temps et de l'espace jusqu'à ce que, grâce à la conduite divine, nous en arrivions à savoir que Dieu "n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants; car, pour lui, ils vivent tous."