Un grand nombre de personnes se demandent aujourd'hui quel effet ont sur les enfants les conditions actuelles du monde; et quand nous nous rappelons combien est susceptible la pensée de ceux qui sont très jeunes, nous pouvons bien nous intéresser aux mouvements qui ont pour but de les préserver contre les dures expériences et les souffrances que tant de grandes personnes doivent affronter et vaincre. Personne ne nie que les enfants aiment la liberté, bien qu'ils aient un sens très imparfait de ce qui constitue la véritable liberté; mais on peut également affirmer cela de ceux qui ont passé par des années d'expériences humaines. Cependant, on admettra facilement ceci: que l'enfant est plus traitable que l'adulte, et qu'il est prêt à se corriger dès qu'on lui présente la vraie idée comme il convient de le faire.
Notre Guide offre un doux hommage à l'enfance lorsqu'elle dit à la page 236 de Science et Santé: "Les enfants sont plus traitables que les adultes, et apprennent plus facilement à aimer les simples vérités qui les rendront heureux et bons." Elle ajoute encore "Jésus aimait les petits enfants à cause de leur ignorance du mal et de leur réceptivité au bien." Un éducateur américain qui s'est renseigné sur la condition des enfants en Europe durant les luttes de la guerre actuelle, rapporte qu'en Angleterre au moins les enfants sont bien soignés, mais il est triste d'apprendre que, selon ce rapport, dans les pays plus rapprochés du théâtre de la guerre, les enfants en manifestent les effets par une répression mentale et par la tristesse. On dit que dans ces endroits les enfants ne rient jamais et ne pleurent jamais. Ceci éveille naturellement chez les Américains une sympathie très vive, car ils négligent rarement d'être bons pour les enfants, même s'ils ne font pas toujours preuve de sagesse en manifestant cette bonté; et, bien que tous les Scientistes Chrétiens fassent de bon cœur tout leur possible pour améliorer l'état des choses pour l'humanité à cette heure présente, il leur faut se fier plus complètement à la Vérité, et travailler spirituellement avec plus d'énergie, sachant que c'est ainsi que nous pouvons le mieux collaborer avec l'Amour et la sagesse infinis.
Un des récits les plus touchants de la Bible est celui qui raconte les événements qui suivirent immédiatement l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, lorsqu'il alla au temple de Dieu et en chassa les représentants du culte matériel. Nous lisons dans ce récit que les aveugles et les boiteux vinrent le trouver dans le temple, et qu'il les guérit; mais selon le récit il paraît que les principaux sacrificateurs et les scribes s'offensèrent tout particulièrement des acclamations des enfants. Il est merveilleux de lire le récit des joyeuses acclamations des enfants lorsqu'ils chantèrent les louanges du Maître, lui qui révélait à toute l'humanité la vraie signification de la liberté. Lorsque les principaux sacrificateurs dirent au Maître à propos des louanges des enfants: "Entends-tu ce que disent ces enfants?" Jésus leur répondit: "Oui. N'avez-vous donc jamais lu ces paroles: 'Tu as tiré ta louange de la bouche des petits enfants et de ceux qui sont à la mamelle?' " Ce récit montre clairement que bien que les grandes personnes aient pu être asservies par la crainte—la crainte des opinions humaines et des conséquences qui s'ensuivraient si elles ne les respectaient—leurs petits enfants avaient réalisé, si ce n'est que pour ce jour et cette heure, "la liberté glorieuse des enfants de Dieu."
Nous trouvons dans le discours qu'écrivit notre Guide à l'occasion de la dédicace de l'édifice de l'Église Mère originelle, ces paroles pleines d'amour, après qu'elle eût exprimé sa reconnaissance de ce que les enfants eussent meublé la "Chambre de la Mère" dans l'église,—des paroles tellement prophétiques que nous en comprenons joyeusement le sens aujourd'hui: Elle dit (Pulpit and Press, p. 8): "Il est réservé aux enfants de voir se produire des résultats qui éclipseront tout rêve de l'Orient." Nous ferions bien de songer à ceci si jamais la tentation nous venait de nous attrister sur les perspectives qu'offre le monde, et rappelons-nous aussi le repas matinal sur les rives de la mer de Galiée, qui a pour tout Scientiste Chrétien une si haute importance. Quand le grand Maître voulut mettre à l'épreuve la repentance de Simon-Pierre il lui demanda: "M.'aimes-tu plus que ne font ceux-ci?" et lorsque Pierre eût declaré son amour pour le Maîttre, dans sa réponse fervente, Jésus lui dit: "Pais mes agneauz."
Aujourd'hui donc, en pensant à ces mots, souvenons-nous du besoin des petits enfants dans les pays moins heureux que le nôtre et réjouissons-nous de ce que les enfants en Amérique prennent plaisir à faire avec leurs doigts habiles et leurs cœurs aimants des habits pour leurs petits amis inconnus au delà de l'océan. De plus, nous devrions saisir toutes les occasions qui se présentent à nous pour prouver notre fidélité et notre obéissance envers le Maître que nous professons d'aimer lorsque nous nous trouvons en face du besoin plus profond, du besoin spirituel des enfants, tant ici que partout. Si nous voulons leur enseigner à aimer Dieu et leur prochain il nous faut, nous aussi, savoir ce que cela signifie, et il faut que notre connaissance soit si vivante que les enfants ne pourront se tromper sur les leçons, ni manquer de s'en souvenir.
