Un certain jour mémorable les disciples s'en revinrent d'une joyeuse mission de guérison pendant laquelle ils avaient mis en pratique la vérité que Jésus leur avait enseignée. Le succès qui avait couronné leurs efforts avait évidemment surpris même les plus enthousiastes d'entre eux, et ils sentaient qu'il leur fallait faire part au Maître de ce qui avait été accompli. De même, lorsqu'un étudiant de la Science Chrétienne a appliqué sa compréhension individuelle de ce même Principe infaillible à un problème de maladie ou de péché, soit pour lui-même, soit pour un ami, et qu'il a vu la Vérité curative se manifester par la destruction de l'état erroné, lui aussi doit éprouver dans une certaine mesure la joie que ressentirent les disciples, il y a plus de dix-neuf siècles, lorsque à leur retour ils dirent: "Seigneur, les démons mêmes nous sont assujettis en ton nom."
Il est naturel qu'à un tel moment l'étudiant soit désireux de partager avec d'autres ce trésor nouvellement découvert, mais dans son ardent désir de parler de la guérison il perd souvent de vue le fait fondamental qui rend la guérison possible; à savoir, que Dieu, le bien, est maintenant et a toujours été Tout,—c'est-à-dire, le seul Pouvoir infini, le seul Entendement infini, la seule Présence infinie, et que les discordes ou "démons" n'ont jamais eu de réalité si ce n'est pour le sens erroné des choses tout à fait indépendantes de ce que Dieu crée ou de ce qu'il connaît. C'était parce que Jésus réalisait constamment ce fait fondamental qu'il fut poussé à réprouver la pensée impulsive qui ne voit que la manifestation de la guérison, et qui perd de vue la grande vérité qui rend la guérison possible. Jésus avait dit dans le Sermon sur la Montagne: "Cherchez premièrement son royaume et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus." Appliquant cette même règle, il dit encore à ses disciples: "Ne vous réjouissez pas de ce que les esprits vous sont assujettis; mais réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux." Il leur enjoignit de se réjouir, non pas simplement en raison des bienfaits, mais plutôt parce que la vraie existence de l'homme avait été discernée comme étant inséparable du "Principe divin et de la règle divine de l'harmonie universelle," ainsi que le dit Mrs. Eddy à la première page de "Rudimental Divine Science."
De même Paul réalisa l'importance suprême de cet état de pensée dans lequel la réalisation spirituelle prédomine et régit, et l'importance secondaire des résultats naturels qui accompagnent cette conscience et qui se manifestent dans la guérison physique. Dans sa seconde lettre aux Corinthiens il leur donne le conseil suivant: "Notre légère affliction d'un moment produit pour nous le poids éternel d'une gloire sans mesure et sans limite, parce que nous ne regardons pas aux choses visibles, mais aux invisibles; car les choses visibles ne sont que pour un temps, mais les invisibles sont éternelles. Nous savons, en effect, que si notre demeure terrestre, qui n'est qu'une tente, est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l'œuvre de Dieu, une demeure éternelle qui n'est pas faite de main d'homme."
Paul se rendait évidemment compte que la discorde se manifesterait inévitablement dans une conscience qui croirait à une existence indépendante de celle dont Dieu est le créateur, et il considérait cette affliction comme étant simplement le moyen de forcer une fausse croyance à abandonner ses prétentions. Il savait aussi que la joie d'une conscience exaltée viendrait plus promptement et serait plus permanente si l'individu voulait se détourner du témoignage visible du sens matériel vers les choses que ce sens erroné ne voit pas,—vers l'édifice, la conscience, que Dieu a créé et dont les Écritures parlent en ces termes: "une demeure éternelle qui n'est pas faite de main d'homme."
Comme le dit encore Jésus en d'autres paroles, le nom, ou la nature, du véritable homme est éternellement établi ou "écrit" dans le ciel, et la guérison physique et les bienfaits matériels devraient être la conséquence naturelle des efforts que fera l'étudiant pour parvenir à cette compréhension spirituelle accrue. Chaque phase de souffrance par laquelle passe le genre humaine devrait n'être qu'une occasion de réjouissance. Nous pouvons en effet nous réjouir de ce que nos noms soient écrits dans les cieux, et chaque fois que la vérité de cet énoncé est prouvée, nous nous élevons à une réalisation plus claire et plus sûre de la totalité du bien et du néant de ce qui semble s'y opposer.
En décrivant l'œuvre de guérison du Maître, Mrs. Eddy nous dit à la page 476 de "Science et Santé avec la Clef des Écritures": "Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. Dans cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades." Quelle joie et quelle paix nous éprouverons lorsqu'une vue correcte de Dieu, et de l'homme tant qu'image et que ressemblance de Dieu deviendra naturelle et spontanée dans notre pensée. Dans la mesure où nous accepterons le privilège qui nous est offert d'atteindre ce but par l'étude et l'application de son Principe divin, telles qu'elles sont données dans la Bible et illuminées par le livre de texte de la Science Chrétienne et la littérature autorisée de la Science Chrétienne, nous hâterons l'aurore de l'heureux jour où il sera reconnu universellement que tous les noms sont "écrits dans les cieux" et où cette prophétie de Habacuc sera accomplie: "La connaissance de la gloire de l'Éternel couvrira un jour la terre, comme le fond de la mer est plein des eaux qui le couvrent."
