Nous vivons, sans nul doute, à une des époques les plus remarquables de l'histoire humaine. La terre est indubitablement témoin de la fermentation inévitable que prédit Jésus-Christ. Faisant allusion à cette fermentation gigantesque, Mrs. Eddy écrivit il y a des années dans le livre de texte de la Science Chrétienne, "Science et Santé avec la Clef des Écritures" (p. 96): "Ce monde matériel devient dès à présent l'arène où luttent des forces en conflit. D'un côté il y aura la discorde et l'effroi; de l'autre il y aura la Science et la paix." Et puis nous lisons un peu plus loin: "Pendant ce conflit final, les esprits pervers s'efforceront de trouver le moyen d'accomplir plus de mal; mais ceux qui discernent la Science Chrétienne mettront un frein au crime. Ils aideront à expulser l'erreur. Ils maintiendront la loi et l'ordre, et attendront joyeusement la certitude de la perfection ultime."
Cet énoncé significatif semble appuyer sur deux pensées importantes pour le sincère étudiant de la Science Chrétienne: primo, qu'il est de son domaine et de son droit d'aider à abréger la période de cette violente chimicalisation—en d'autres termes, de "mettre un frein au crime" et d'aider "à expulser l'erreur;" secundo, qu'il ne devra pas être effrayé de l'apparente horreur de l'état des choses, mais qu'il devra attendre "joyeusement" le triomphe certain du bien et du droit. Beaucoup d'entre les chercheurs de la Vérité, ne reconnaissant pas que cette grande agitation dans tout le système du monde est un signe favorable de sa guérison, cèdent beaucoup trop à l'argument de la terreur, et ce qui est pis encore, se laissent détourner mentalement du problème, ce qui, si tout le monde agissait ainsi, priverait notre pauvre monde, ce malade qui est en proie à la chimicalisation, du secours d'un praticien.
Tout travailleur consciencieux dans la vigne de la Science Chrétienne sait que lorsqu'il a déclaré la vérité pour un souffrant et que le patient semble immédiatement empirer au lieu de se rétablir, ce n'est pas le moment d'abandonner le malade et de dire: "Je ne m'explique pas cette fermentation. Évidemment ce n'est pas un cas légitime pour la Science Chrétienne." Et pourtant telle semble être l'attitude que prennent aujourd'hui certains travailleurs du mouvement. Beaucoup d'étudiants qui autrement voient clair sont apparemment aveuglés par l'erreur d'une fidélité purement sentimentale à l'égard de la patrie et cette erreur leur fait perdre de vue les merveilleux aspects métaphysiques de ce grand problème mondial, faisant ainsi d'eux des facteurs inactifs, négligeables dans la solution de ce problème; non, pis que cela: elle fait d'eux de véritables obstacles à la prompte solution du problème conformément à la vérité.
Ce n'est pas pour l'étudiant de la Science Chrétienne l'instant de se classer, soit comme démocrate soit comme républicain, de prendre l'attitude de désapprobateur de l'administration, ou de soutien et justificateur des ennemis de notre nation. L'heure a sonné où, si nous voulons "mettre un frein au crime," nous devrons nous rendre compte que nous nous efforçons d'être des Scientistes Chrétiens, des métaphysiciens; nous devrons envisager et combattre cette grande crise universelle métaphysiquement.
Supposons qu'un de nos voisins, poussé par un mauvais mobile ait lâché un chien furieux, et que la bête dans sa course effrénée ait blessé plusieurs enfants du voisinage. En qualité de bons citoyens nous exigerions avant tout et sans nul doute qu'on attrape et qu'on attache l'animal. Si l'on nous refusait cela, nous prendrions toutes les mesures légitimes que nous indiquerait le sens commun pour écarter le danger. Si les autorités municipales entreprenaient la chose et se servaient de toutes les ressources qui seraient à leur portée pour se rendre maîtres de la situation dangereuse, nous soutiendrions une telle autorité. Mais le travail des Scientistes Chrétiens est-il terminé à ce point? Que feront-ils à l'égard du voisin qui, victimé par l'erreur, a lâché le chien? Ce voisin est-il guéri? Le voisinage sera-t-il tout à fait en sécurité avant que cet homme soit guéri? Ne pourrait-il pas se faire qu'un autre animal furieux soit déchaîné, à moins que le mauvais mobile qui a causé le premier désastre soit vaincu et enrayé?
Or, "L'Esprit de vérité" dont parla Jésus et qui apparaît sur la terre à cette époque, jette sans nul doute tant les nations que les individus dans une forte fermentatioon. Car la venue de la vérité, c'est la venue de la justice, l'avènement de la liberté; et l'avènement de la liberté, c'est le glas annonçant la mort de l'autocratie, de la tyrannie, de l'oppression de la masse par quelques individus. L'autocratie avec tout ce qu'elle représente, étant par conséquent dévoilée, amenée à la surface, et mûre pour la destruction, sachant qu'il ne lui reste que peu de temps, a déchaîné dans notre milieu les bêtes furieuses qui outragent la loi. Cette nation, de concert avec ses voisins molestés, prend naturellement toutes les mesures possibles pour arrêter et enchaîner les bêtes. Notre Guide en énonçant ses vues politiques, a dit entre autres que, dans son opinion, on doit soutenir un gouvernement juste; et il serait difficile de trouver un gouvernement plus juste dans ses mobiles que celui-ci. Mais lorsqu'un Scientiste Chrétien, qui est un citoyen fidèle, a fait sa part matérielle, dans ce qu'il est nécessaire d'accomplir pour réprimer le mal militariste—ou pour aider à "expulser l'erreur"—son travail est-il fini? A-t-il effectué une guérison? Loin de là! Il reste toujours son voisin victimé qui a besoin de son amour, de sa compassion et de son sérieux travail métaphysique; et il ne faut rien de moins que la métaphysique, ou le penser spirituel clair pour sauver le genre humain.
Il est tout aussi important, par conséquent, d'envoyer dans la conscience humaine en détresse des armées de pensées élevées, de déclarations du pouvoir omnipotent de l'Amour ainsi que de l'opération et de la puissance de la loi divine, qu'il l'est d'envoyer des troupes matérielles pour combattre le danger de la guerre. Le Scientiste Chrétien a donc devant lui une tâche élevée et sainte: primo, en soutenant un gouvernement juste il contribuera en même temps à maintenir la loi et l'ordre; secundo, il devra contribuer à faire du monde un endroit où la démocratie puisse fleurir, et ceci il le fera en guérissant métaphysiquement les prétentions de l'autocratie; tertio, il devra entreprendre son travail joyeusement sans frayeur ni crainte attendant sereinement "la certitude de la perfection ultime."
Pendant ces temps de troubles il nous est possible à tous de rester calmes et de souvent nous rappeler les paroles de notre Maître touchant ces temps-ci: "Il ne se perdra pas un cheveu de votre tête." De plus, attachons-nous fermement aux magnifiques énoncés que notre Guide nous a donnés pour la guérison des nations (Miscellany, pp. 278, 279): "Le gouvernement de l'Amour divin est suprême. L'Amour régit l'univers, et son édit a été proclamé: 'Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face,' et: 'Aime ton prochain comme toi-même.' Ayons la molécule de foi qui transporte les montagnes,—la foi armée de la compréhension de l'Amour, comme dans la Science divine, où règne le droit." "Dieu est Père, infini, et cette grande vérité, lorsqu'elle sera comprise dans sa métaphysique divine, établira la fraternité des hommes, fera cesser les guerres, et démontrera 'paix sur la terre, bienveillance envers les hommes.' "
*Miscellaneous Writings, page 238.