Tout ce qui a de la valeur s'achète à bon prix. Il faut payer pour tout ce qui avance ou qui élève un homme, une femme ou une nation. Tout ce qui favorise une amélioration stable et durable dans une classe quelconque de la vie, provient d'une ambition éclairée unie à de nobles efforts. Tout ce qui intronise le bien détrône le mal, et est la conséquence directe de l'intégrité dans les mobiles, d'un courage inébranlable, et d'une conviction qui naît de Dieu. En un mot, c'est l'effort individuel et collectif désigné sous le nom d'activité juste qui est la clef de tout véritable progrès et du vrai succès.
Celui qui agit bien et qui le fait pour l'amour du bien doit nécessairement bien penser et parler. Celui qui aime la justice et pour qui c'est un délice de servir continuellement le bien, comprend de mieux en mieux l'éternelle vérité de l'être et la divine réalité de toutes choses. Certes un tel homme marche dans le chemin étroit et resserré, et par son exemple il montre le chemin à autrui. Il aperçoit de loin le but de la félicité, de la paix et de la joie immortelles, donc il est satisfait de pousser en avant dans l'esprit des paroles de St. Paul aux Galates, à savoir: "Ne nous lassons pas de faire le bien, car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons point."
Or l'activité juste qui au sens le plus haut et le meilleur de cette locution exprime l'aptitude spirituelle et le pouvoir spirituel de vaincre toutes les formes de l'injustice, implique le travail,—un travail ardu,—chaque jour et tous les jours. Elle implique que l'on doit être tous les jours à son poste, et qu'on ne doit négliger aucun devoir. Elle implique qu'on doit se tenir sans peur et de tout cœur du côté du Principe divin, quelle que soit la question à trancher ou l'épreuve par laquelle il faut passer, et qu'on doit toujours se laisser diriger et gouverner par le Principe. Bref, elle implique une connaissance intelligente, compréhensive, et pratique de nos devoirs envers Dieu, envers nous-mêmes et envers notre prochain, ainsi qu'une consécration complète et un dévouement entier à ces devoirs. En parlant de cette chose si importante, Mrs. Eddy, celle qui découvrit et fonda la Science Chrétienne,—cette Science qui sous-tend toute activité juste,—dit dans son livre "Miscellaneous Writings" (p. 340): "Il n'y a pas d'excellence sans labeur; et c'est maintenant le moment de travailler. Ce n'est que par un travail persistant, loyal, et fait sans relâche, en ne vous détournant pas pour aller à droite, ou à gauche; en ne cherchant aucune occupation ni aucun plaisir sauf ceux qui viennent de Dieu, que vous pourrez gagner et porter la couronne des fidèles.
L'homme le plus actif dans la justice que le monde ait jamais connu, était Jésus de Nazareth. Toujours occupé des affaires de son Père ce grand Enseigneur et Conducteur de la race prouva incontestablement qu'on ne peut rien faire de bon sans labeur. Tandis que beaucoup de ceux qui l'entouraient passaient des heures dans l'oisiveté, dans les amusements frivoles et dans les orgies, il s'occupait de démontrer les faits métaphysiques de l'être, la vérité spirituelle concernant Dieu, l'homme et l'univers. Pendant qu'eux dormaient et prenaient leurs aises dans la chair, lui travaillait à résoudre les problèmes de l'existence humaine. Il écartait les soi-disant lois de la matière et détruisait, en guérissant toutes les maladies et le péché, et en ressuscitant les morts, les revendications du mal qui cherchaient à s'affirmer. Le Maître était dans le monde bien qu'il ne fût pas du monde; il travaillait avec une patience inlassable et une grande humilité à vaincre, tant pour lui que pour ceux qui recherchaient sincèrement son aide, les tentations, les croyances et les peines du monde, et le Nouveau Testament raconte l'histoire merveilleuse de sa parfaite démonstration. Ce travail exigea parfois de lui des luttes très dures et très pénibles, comme par exemple dans le désert, à Gethsémané et au Calvaire; mais il se montra toujours loyal à l'égard de ce qui lui avait été confié, de cette charge haute et sainte, et il remporta finalement une glorieuse victoire.
Depuis l'époque de Jésus et de ses disciples immédiats personne n'a été si abondamment actif dans la cause de la justice que Mrs. Eddy. Choisie de Dieu pour être Son messager à cet âge et aux âges futurs, elle révéla au monde le Consolateur, "l'Esprit de vérité,"—c'est-à-dire la Science Chrétienne, un énoncé complet et exact du divin Principe démontrable qui était la base, et des paroles, et des œuvres de Jésus. Jésus déclara lui-même que ce Consolateur serait envoyé en son nom par le Père pour nous enseigner toutes choses, et pour nous remémorer tout ce qu'il avait dit et fait. Naturellement il fallut à Mrs. Eddy une préparation, avant qu'elle pût révéler la Science Chrétienne et elle fut préparée d'une façon idéale en vivant près de Dieu et en gardant Ses commandements. Ensuite notre Guide fut forcée de travailler pour établir cette Science,—pour rendre pratique son idéealisme, pour prouver son absoluité,—et en est-il parmi nous qui puissions même comprendre ses labeurs infatigables, et ce que ça a coûté à cette femme de la Nouvelle Angleterre, seule mais courageuse, de poser les fondements solides de l'enseignement qui est devenu un mouvement puissant, transformateur, dans tout le monde civilisé.
Quel patrimoine inestimable nous possédons en tant que Scientistes Chrétiens dans l'exemple de Christ Jésus et celui de son fidèle disciple Mrs. Eddy! Quel merveilleuse opportunité nous est donnée de comprendre et de démontrer le pouvoir du Christianisme pratique et agissant! Mais la question se pose: Comment employons-nous ce patrimoine, cette opportunité? Combien faisons-nous réellement pour aider à ceux qui essaient de résoudre les nombreux problèmes soi-disant difficiles de l'existence humaine? Conformons-nous, avant tout, notre vie aux enseignements du Maître, enseignements qui sont interprétés spirituellement et rendus clairs par notre Guide vénérée? Notre lumière brille-t-elle de façon à ce que d'autres puissent la voir et puissent se diriger vers la source de cette lumière,—vers le dispensateur de "toute grâce excellente et [de] tout don parfait"? Bref exprimons-nous une juste activité dans la mesure de ce qui nous est possible? Notre activité représente-t-elle réellement de bonnes œuvres?
Jamais auparavant dans l'histoire du monde il n'y a eu de besoin si urgent, si grand, d'activité intelligente, sagement dirigée et sainte qu'aujourd'hui même! Jamais auparavant les Chrétiens, hommes et femmes, n'ont été appelés à faire un effort plus unanime et plus puissant en faveur de la justice universelle qu'au moment présent! C'est en vérité aujourd'hui qu'est l'épreuve suprême, le moment suprême; et "grâces soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire" aujourd'hui est aussi le jour du salut.
Mais, étant donné que le salut doit toujours être obtenu par le travail, il est clair qu'il faut une sagesse tout à fait supérieure pour attaquer et annihiler les prétentions du mal qui de tous les côtés essaient de terrasser le bien, et il faut aussi une force inébranlable pour obéir au commandement de la sagesse. C'est pourquoi nous qui sommes Scientistes Chrétiens et citoyens du monde devons être éveillés et vigilants pendant que les nations passent par cette lutte titanesque ou chimicalisation générale, et il nous faut remplir nos devoirs individuels et endosser nos responsabilités individuelles. Il nous faut être vigilants, intelligents, sincères; et il nous faut avant tout travailler ensemble dans une union et une communion vraies et fraternelles. Enrôlés comme nous le sommes dans la plus grande de toutes les causes, la cause qui soutient sans broncher l'équité et la miséricorde, qui représente la liberté, l'égalité et la démocratie, nous devrions faire notre tâche quotidienne comme notre courageuse et intrépide Guide l'a faite, elle qui, grâce à sa connaissance pratique de la vérité, était prompte à discerner et à découvrir le mal sous toutes ses formes et à en disposer comme il mérite qu'on en dispose.
Bien qu'elle comprît parfaitement le fait scientifique que le mal n'a en réalité ni pouvoir ni présence, Mrs. Eddy ne prit jamais à la légère la croyance au mal et la manifestation du mal de l'entendement mortel, mais elle entreprit la destruction de cette croyance ainsi que de sa manifestation. Et comment s'y prit-elle? Quelle fut sa manière d'agir? On trouvera la réponse dans ses propres paroles, des paroles vraiment remarquables: "La sagesse en ce qui concerne, l'action humaine commence par ce qui se rapproche le plus de ce qui est juste étant donné les circonstances, et partant de là elle arrive à l'absolu" (Miscellaneous Writings, p. 288). Pourrait-il y avoir, surtout au moment présent, quelque chose de plus défini, de plus exact que cette réponse? Pourrait-on avoir quelque chose de plus simple, de plus sain, de plus compréhensible, quelque chose qui soit plus stimulant ou plus encourageant? Pourrions-nous avoir une méthode meilleure pour travailler à notre salut, tant individuel que collectif, tant national qu'international, et échouerions-nous jamais si nous suivions fidèlement cette méthode?
Il est vrai qu'il nous est parfois nécessaire, en résolvant des problèmes humains, de choisir entre deux maux, et la citation ci-dessus montre très exactement aux Scientistes Chrétiens ce qu'ils devront faire. Il est certain que ces paroles "Ce qui se rapproche le plus de ce qui est juste, étant donné les circonstances," signifient avant tout que nous devons choisir le moins mauvais lorsqu'il nous faut choisir entre deux maux; et ainsi que notre Guide nous le dit ensuite: c'est de ce point de vue que nous devons atteindre l'absolu. Prenons comme illustration la crise par laquelle le monde passe actuellement, et examinons brièvement la part que les États-Unis ont résolu de prendre à la guerre. Deux maux se sont présentés, l'un qu'on désigne en tant qu'"autocratie," avec tout ce que renferme ce mot,—l'égotisme, l'orgueil, l'égoïsme, le militarisme, la cruauté, la conquête, l'esclavage, la méchanceté; l'autre qu'on connaît en tant que "guerre" et qui, bien que foncièrement mauvaise, peut cependant avoir un mobile et un dessein ennoblissants, pouvant aider à défendre l'honneur national et les droits humains,—en d'autres termes, pouvant aider à élever, à affranchir, et à démocratiser le monde entier. Le premier mal est, selon l'opinion humaine, le plus grand en raison de sa nature même; le second est, d'après les mêmes opinions, le moindre, vu que, quelque contradictoire que cela puisse paraître, il se peut qu'elle soit le moyen d'amener un bien immense en aidant à établir la démocratie et la fraternité universelles.
C'est à cause de cela que le peuple et le gouvernement des États-Unis furent appelés à prendre leur décision sur la situation qui s'était présentée et ils y ont travaillé avec sagesse en s'efforçant de faire ce qui se rapprochait le plus de ce qui est juste, étant donné les circonstances. De ce point de vue on atteindra petit à petit à ce qui est absolument juste et le monde sera uni en une bonne volonté et un amour éternels. La victoire définitive est assurée au bien, car le Dieu Tout-puissant est le Principe du bien, et ainsi que nous le dit notre Guide à la page 9 du "Message for 1900": "personne ne peut combattre contre Dieu et remporter la victoire." On peut combattre par ignorance ou par malice, on peut lutter longtemps et âprement,—mais on ne peut gagner, car il n'y a point de défaite pour Dieu et Sa justice.
Dans ses propres expériences personnelles le Scientiste Chrétien a été appelé à faire à peu près ce que cette nation a dû faire,—choisir entre le mal, composé d'égoïsme, de haine, de vengeance, de domination, de persécution et d'oppression qui sont tous prêts à prendre possession de ses pensées et de faire de lui un autocrate individuel, et une guerre contre ce mal, ce qui implique nécessairement la guerre qu'il se fait à lui-même avant qu'il puisse établir le véritable amour, la fraternité, et la démocratie dans sa propre conscience. Par conséquent, dans cette expérience, étant donné que le bien était menacé et que le salut était en danger, le Scientiste Chrétien ne trouva pas que ce fût mal de prendre les armes, pour ainsi dire, et n'hésita pas à le faire et à se battre pour le Principe, bien que beaucoup des croyances et des pratiques qu'il chérissait fussent attaquées et dussent être annihilées.
Une étude pieuse et sérieuse du chapitre intitulé "La Paix et la Guerre" dans Miscellany ainsi que des paragraphes de la section "La Prière pour le Pays et l'Église," aux pages 14 et 15 de "Christian Science versus Pantheism," est des plus précieuses au Scientiste Chrétien à ce moment important dans le progrès du monde. Le Scientiste trouvera force et courage dans cette étude, en réalisant la vérité absolue énoncée si clairement par Mrs. Eddy, mais, en même temps cet enseignement lui apprendra à ne pas ignorer le côté humain qu'elle a indiqué et accentué brièvement mais d'une manière très significative.
Ainsi le Scientiste Chrétien parvient, grâce à la valeur pratique de cet enseignement, à comprendre les exigences de l'heure actuelle, et le besoin vital d'activité tant individuelle que collective pour faire face à ces exigences. Il en arrive aussi à voir que l'Harmaguédon, prédit dans l'Apocalypse, le grand combat définitif entre les forces du divin Principe et la contrefaçon, les prétendues forces de l'entendement charnel et mortel, est une bataille décisive entre le bien et le mal. Réalisant de nouveau sa responsabilité en tant que soldat de Dieu, ainsi que sa sécurité assurée en Dieu, il s'arme joyeusement et avec gratitude et se tient prêt à répondre à l'appel du devoir.
