Les Chrétiens de tous les pays présupposent facilement que s'ils avaient vécu du temps de Jésus ils eussent été parmi ses disciples. Néanmoins, même au temps de Jésus, le Christ ne fut perçu que par un très petit nombre de ceux qui furent en contact avec Jésus. D'autre part certains individus avaient déjà perçu l'idée-Christ dans des temps bien plus reculés quoique ces personnes n'eussent jamais vu le Jésus personnel. Ce qui rend l'histoire de la Bible intéressante ce sont les aperçus qu'elle donne de l'idée spirituelle se développant dans la conscience de certains individus, et se répandant de là pour modeler la pensée d'une nation.
Ainsi vint la Vérité à Abraham, assis à l'entrée de sa tente en plein midi. Il vit une idée exaltée de la vie, et sa pensée réceptive, préparée qu'elle l'était pour recevoir la révélation, alla au-devant de cette idée, et s'inclinant jusqu'à terre avec ses croyances matérielles à l'âge et à la loi matérielle, il accueillit humblement cet ange—le sens spirituel de l'être. La filialité de l'homme avec Dieu lui fut alors révélée, et le fils de l'homme s'éleva dans sa conscience. Ce fut un ange ou messager venant de Dieu qui le lui montra. Au même moment l'idée spirituelle de l'homme commença aussi à se faire jour faiblement dans la conscience de Sara. Elle "entendit" le message, et lorsque, plus tard, ce message lui revint et prit corps dans sa conscience, Isaac, l'enfant de la promesse, naquit. La naissance d'Isaac ne fut pas un miracle, ce fut un des anneaux dans la chaîne de la démonstration scientifique. Elle faisait partie de l'évangile "auparavant conclu" avec Abraham, ainsi que Paul nous le dit dans son épître aux Galates. Il se peut que cette idée ait préparé ainsi, jusqu'à un certain point, la pensée des enfants d'Israël et les ait mis à même de comprendre la naissance de Jésus le Christ; et peut-être est-ce là aussi ce qui, dans une certaine mesure, a orienté notre pensée vers cette intelligence spirituelle accrue de l'homme que nous célébrons le jour de Noël.
Elle vint à Moïse dans cette grande révélation de la flamme de feu au milieu d'un buisson lorsqu'il perçut la nature indestructible de l'idée spirituelle que les feux terrestres ne pouvaient toucher. Grâce à cette expérience Moïse put comprendre la nature spirituelle de la réalité. Dieu devint pour lui le "Je Suis," le seul être vrai, et dès lors il consacra sa vie à l'œuvre d'affranchir les désirs luttant pour le bien, de l'esclavage du sens matériel, et à élever l'idée spirituelle à son vrai niveau dans la conscience humaine où elle devint le guide et le sauveur des hommes. Pour Moïse, comme pour tous les hommes, ce ne fut pas tâche facile de s'identifier avec l'idée spirituelle au point de perdre de vue le moi mortel avec tous ses traits caractéristiques et ses limitations, mais il fut possible à Moïse de voir que dès que ce sacrifice du moi aurait été accompli, le culte ne s'offrirait plus à Dieu dans la vallée mais du sommet du mont de la vision spirituelle et de la domination. Ainsi il devint pour tout temps l'avant-coureur et la représentation de ce culte rendu à "Dieu en Esprit non en matière" (Science et Santé, p. 200) qui fut inauguré dans la loi et qui atteignit sa perfection par Christ Jésus dans l'évangile.
Cette idée vint à Balaam, en dépit des préjugés et de la résistance mortels, et lui donna la perception spirituelle de la nation qu'il avait supposée être son ennemie. Il faut qu'il ait vu l'homme comme Dieu le voit lorsqu'il déclara, "Je le contemple du haut des coteaux," et il savait que le Tout-Puissant "n'a point aperçu d'iniquité" dans l'homme, l'enfant parfait de Sa création, ainsi qu'il est dit dans le livre des Nombres. Elle est venue bien plus tard aux sages à Bethléhem lorsqu'ils entrèrent dans la maison, ou conscience, de la Vérité, et perçurent ainsi faiblement l'idée divine de filialité et en même temps la vraie idée de maternité. Elle vint à la Samaritaine alors que sa pensée, désirant ardemment trouver le Christ qui devait venir, alla à sa recherche. Au moment même où Jésus lui dit "Je le suis, moi, qui te parle," la présence-Christ lui fut révélée, et elle reconnut l'idée spirituelle comme étant le révélateur qui savait toutes choses. Aussitôt, abandonnant sa vie d'autrefois elle s'en alla à la ville et porta ainsi à d'autres le message du Christ qui est "le Sauveur du monde."
Dans la vie de notre Seigneur lui-même, l'idée-Christ était toujours présente. Environné par la multitude il se tournait vers la vraie idée. Refusant de reconnaître un mortel pour son frère il trouva dans toute idée spirituelle qui faisait la volonté de Dieu, la communion mentale qu'il désirait. Lorsque les Pharisiens lui amenèrent une femme qu'eux ne cherchaient qu'à condamner, la lumineuse compréhension qu'avait Jésus que seul ce qui est parfaitement pur a le pouvoir de chasser le mal, témoin ces paroles: "Que celui de vous qui est sans péché lui jette la pierre le premier" fut cause que la pensée des Pharisiens, pleine de propre-justice et de condamnation, se vit pour ce qu'elle était, et ces erreurs, ainsi réprouvées, furent chassées de la conscience en commençant par la plus mûre, jusqu'à ce que la démonstration fût complète. Alors Jésus, s'étant élevé dans sa pensée jusqu'au domaine où il ne se trouvait aucune erreur de croyance, ne vit plus "personne que la femme,"—l'accusateur et l'accusée avaient tous deux disparu, car l'Amour avait chassé la croyance au péché.
Lorsqu'on le pria d'aller à la maison de l'officier royal dont le fils se mourait, ce fut l'absolue vérité de la parole de Vie prononcée par Jésus, qui, pénétrant dans la conscience de cet homme, lui révéla le fait spirituel exprimé par ces mots: "Ton fils vit." Ce fut là la venue du Christ dans la maison de cet officier royal. De même lorsqu'il fut mandé à la maison du chef de la synagogue, la claire compréhension de la paternité et de la maternité de l'Esprit,—véritable père et mère de la petite fille,—que Jésus apporta avec lui pour faire cette démonstration, fut ce qui calma le vacarme des sens et qui permit au Christ de pénétrer dans ce recoin de la conscience où demeure la croyance à une existence qui vit et qui meurt dans la matière. "Et l'ayant prise par la main, il lui dit: Talitha Koumi; c'est-à-dire: Petite fille, je te le dis, lève-toi. Aussitôt elle se leva et se mit à marcher." La conscience humaine, illuminée par l'idée divine, se leva et la petite fille marcha.
Cette vision du Christ, s'accompagnant de son pouvoir guérisseur et salvateur, vint de nouveau après bien des siècles à celle qui découvrit la Science Chrétienne, et lorsqu'elle aperçut que: "C'est uniquement par le sens spirituel que l'homme comprend et aime la Divinité" (Science et Santé, p. 481) elle écrivit le livre de texte de la Science Chrétienne, "Science et Santé avec la Clef des Écritures." Lorsque Mrs. Eddy découvrit ce grand fait de la révélation et qu'elle traça la ligne de compréhension entre l'Esprit et la matière, entre le réel et l'apparent, elle tenait la clef non seulement des Écritures mais de toute l'existence. Il advient donc que tous les Scientistes Chrétiens qui lisent actuellement la Bible à la lumière de l'intelligence spirituelle, sont à même de s'approprier les expériences de jadis, non historiquement par un simple effort de leur imagination, mais spirituellement, comme ils furent compris à l'origine. Ils comprennent ce que Mrs. Eddy voulait dire lorsqu'elle écrivit à la page 271 de Science et Santé: "Le Christianisme du Christ est la chaîne de l'être scientifique réapparaissant dans tous les âges, maintenant sa correspondance évidente avec les Écritures, et unissant toutes les périodes dans le dessein de Dieu." Les hommes qui passèrent par des expériences analogues aux nôtres sont aujourd'hui nos frères dans un sens très vrai, nous n'en sommes séparés ni par le temps ni par l'espace, qui sont tous deux inconnus dans le domaine de l'intelligence spirituelle. Ainsi se fait-il que lorsque le Christ apparaît, l'éternité commence de poindre, et le royaume des cieux sur la terre est révélé.
