Un des versets les mieux connus de la Bible et celui dont l'interprétation littérale, ou plutôt la mésinterprétation, a suscité chez bien des mortels qui souffraient un ressentiment sourd contre Dieu et contre l'univers en général, est le passage suivant: "Le Seigneur châtie celui qu'il aime, et il frappe de ses verges tous ceux qu'il reconnaît pour ses enfants." Cependant ce verset, expliqué à la lumière de la Science Chrétienne, devient une grande consolation pour le pèlerin fidèle qui traverse laborieusement les sables mouvants de la matière pour arriver au but, "pour obtenir le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ."
Nous lisons dans le livre d'Habacuc que Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal, et qu'Il ne peut pas regarder l'iniquité. Puisqu'il en est ainsi, il est clair que celui que Dieu aime et qu'Il reconnaît pour Son enfant est pur de toute tache du mal, sans quoi Dieu ne pourrait pas le voir du tout. Donc, pour que Dieu nous reçoive, il nous faut être conscients de la perfection spirituelle de l'homme réel. Comment cette réalisation de la vraie nature de l'homme devrait-elle se produire? Voici le conseil de l'apôtre Paul à ce sujet: il dit: "Marchez selon l'Esprit, et n'accomplissez point les désirs de la chair."
Analysons bien ce conseil. Nous vivons dans un monde mental, nous voyons et nous éprouvons les images que projettent nos propres pensées, et, tant que ces pensées s'attachent à la matière, nous ne sommes conscients que d'un monde matériel. Donc, si nous voulons marcher selon l'Esprit, il faudra que notre entendement soit transformé, qu'il passe de la croyance à la chair aux pensées de l'Esprit. Mais, ainsi que nous le lisons dans l'épître aux Galates: "la chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair; il y a entre eux ... opposition,"—ce qui est inévitable, étant donné que l'entendement charnel est lui-même le produit du péché. Par conséquent, à cause de notre amour de la chair, et en raison de l'apathie mentale provenant de notre confiance habituelle en l'évidence des sens, ce n'est pas tâche facile que d'arracher à notre pensée les étais matériels auxquels elle se cramponne; par le fait, c'est parce que nous résistons aux exigences de Dieu, parce que nous refusons de nous élever hors de la chair que nous nous attirons le châtiment par Ses verges. Cependant ce châtiment n'est aucunement imposé par un Dieu capricieux, c'est le processus purificateur par lequel nous nous détournons de la foi en la matière vers la foi en Dieu,—grâce à laquelle nous dépouillons le vieil homme et revêtons l'homme de Dieu.
La mésinterprétation du verset déjà cité résulte naturellement de la fausse conception de Dieu et de la relation de l'homme à Dieu qui règne parmi les humains. Si l'on regarde Dieu d'un point de vue mortel, si on considère la vie comme étant simplement la durée de l'existence humaine, on regarde naturellement le châtiment du Seigneur de la même façon qu'on regarde une punition imposée par un parent humain, punition dont on ne saurait s'expliquer la cause,—on est rempli de ressentiment ou on se soumet à l'inévitable sans faire aucun effort pour s'y soustraire. Les deux méthodes nous mènent dans un cul-de-sac au point de vue spirituel. D'autre part, la Science Chrétienne, prenant pour Principe un Dieu parfait, seule cause et seul créateur, définissant la vie en tant que connaissance ou conscience de Dieu, nous apprend à regarder au delà de l'affliction du moment présent au but qui se dresse plus loin, et nous met à même de nous réjouir dans la tribulation, vu que, ainsi que nous le dit Mrs. Eddy dans "Unity of Good" (p. 55): "'le chemin,' dans la chair, est la souffrance qui mène hors de la chair" et qui fait monter jusqu'au trône de Dieu.
Du point de vue scientifiquement Chrétien nous pouvons comparer les problèmes de la vie à un problème en mathématiques. Notre Principe est l'unique Entendement infini, la Vie, la Vérité, l'Amour—Dieu; notre méthode pour solutionner nos problèmes est l'élimination de toute croyance à une existence mortelle par l'application de la vérité; notre résultat est le fils de Dieu. Or, il y a deux moyens d'envisager un problème en mathématiques. On peut y travailler en tenant devant les yeux la réponse, ou bien on peut résoudre le problème en y appliquant constamment les règles sans s'inquiéter du tout de ce que sera la réponse. Inutile de dire que le premier plan entraîne bien vite la défaite. Les mathématiques exigent une connaissance toujours accrue de la loi fondamentale, donc, l'élève ne peut progresser bien loin avec la première méthode sans se trouver confronté par un si grand nombre de procédés qui le séparent de sa réponse qu'il ne lui importe guère de connaître la réponse d'avance. Il doit forcément retourner en arrière et apprendre les préliminaires avant d'être armé pour continuer comme il le faudrait et avec succès ce travail avancé. La seconde méthode, celle qu'on devra suivre afin d'obtenir la maîtrise scientifique que donne la connaissance des faits fondamentaux même des mathématiques rudimentaires, bâtit sur un fondement juste. Cette seconde méthode repose absolument sur l'application d'un principe reconnu, et dans la mesure où on l'appliquera fidèlement et exactement l'on trouvera la réponse juste.
Envisageons maintenant le problème de notre vie et remarquons tout d'abord que la réponse pour être juste devra être spirituelle. Chaque fois que nous objectivons une réponse finie ou matérielle, non seulement nous suivons la première de ces méthodes, celle qui est erronée, mais en faisant cela nous nous détournons forcément de notre Principe. Nous pouvons nous tromper même avec la seconde méthode. Heureusement pour nous, cependant, nous pouvons avec cette méthode prouver notre travail à chaque pas, étant donné que nous savons que la réponse juste du problème dans chacune de ses phases est l'harmonie, quel que soit l'aspect immédiat que puisse présenter une phase quelconque. Si au lieu d'harmonie il y a la discorde, nous savons que nous nous sommes écartés à un moment donné de notre Principe, et qu'il nous faut retourner en arrière jusqu'à ce que nous ayons découvert et rectifié l'erreur. Mrs. Eddy demande: "Que gagnent les mortels par le travail, la lutte et la tristesse?" et elle répond aussitôt: "Ils abandonnent leur croyance à la vie et au bonheur périssables; le mortel et le matériel retournent à la poussière, et l'immortel est obtenu" (Science et Santé, p. 536). En d'autres termes, grâce à la réalisation constante du seul Entendement, Dieu, les faux témoins de l'entendement charnel sont enrayés de la conscience, et cet Entendement "qui était aussi en Christ Jésus" (voir Bible anglaise) se manifeste.
"Le Seigneur châtie celui qu'il aime et il frappe de ses verges tous ceux qu'il reconnaît pour ses enfants," disent les Écritures. Ceci se rapporte certainement à ceux dont Jean a dit dans l'Apocalypse qu'ils se tiennent devant le trône de Dieu, qu'ils viennent de la grande tribulation et qu'ils "ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau." Les biographies mortelles de tous ceux qui ont aidé à frayer le chemin et qui ont rendu possibles les progrès spirituels de l'humanité montrent que ces voyants spirituels ont gagné, grâce à la souffrance, la limpidité de la vision qui leur permit de pénétrer les ténèbres environnantes de la chair et de voir la lumière toujours radieuse de l'éternelle Vérité. Appliquons nous à apprendre cette leçon que, quelque pesant que soit le fardeau du péché, de la maladie, de la haine, de l'injustice, de la peine, du manque, qui semble nous oppresser, nous devons nous en détourner vers cette lumière qui "luit dans les ténèbres," la lumière de l'Esprit révélant l'homme de Dieu qui ne pèche ni ne souffre. Alors "poursuivons avec persévérance la course qui nous a été proposée, regardant à Jésus, le chef et le consommateur de la foi, lui qui, en vue de la joie qui lui était offerte, a souffert la croix, méprisant l'ignominie, et s'est assis à la droite du trône de Dieu."