L'entendement mortel contrefait la conscience réelle. Tout ce qu'il affirme en fait de conclusion ou d'inférence découle des perceptions des sens physiques. Ces conclusions n'ayant pas d'autre base que le témoignage des sens matériels, ne sont pas susceptibles de preuve, et il faut donc les classer en tant qu'irréelles vu qu'elles ne sont pas vraies. Mrs. Eddy écrit à la page 9 de "Unity of Good": "La conscience matérielle et la sensuelle sont mortelles. Donc il faudra qu'elles soient considérées irréelles à un moment et d'une façon quelconques."
La Science Chrétienne enseigne que puisqu'il n'y a qu'un Dieu, qu'un Entendement infini, il ne peut y avoir qu'une conscience. La conscience réelle ne connaît que la vérité, et c'est dans cette conscience que l'on trouvera l'origine de tout ce qui est vrai. L'Entendement omnipotent est la demeure permanente du véritable homme de la création de Dieu, donc ce n'est que dans la conscience que nous pouvons voir l'image et la ressemblance de Dieu.
C'est grâce à la compréhension de Dieu, au discernement spirituel, que l'homme reflète la conscience divine. Non seulement cette spiritualisation de la conscience éclaircit la vision concernant la totalité de Dieu, seule Cause et seul Principe de l'être, mais elle révèle l'homme comme étant la parfaite manifestation ou incarnation de l'Esprit, non de la matière. Il devient évident, grâce à un processus logique de raisonnement, que le concept transitoire et mortel de l'homme en tant que matière n'a rien qui puisse soutenir ses prétentions à une place dans cette création qui est purement spirituelle. La vraie conscience devra tenir pour invalide toutes les fausses impressions qui n'ont ni permanence ni Principe dans le domaine du réel. Quand il ne restera plus aucun doute sur ce point, l'on verra que non seulement l'entendement mortel, contrefaçon de l'Entendement divin, est une fausse représentation de l'homme réel, mais que le corps mortel, phénomène de ce soi-disant entendement, l'est aussi. À la page 409 de Science et Santé Mrs. Eddy écrit: "L'entendement mortel et le corps ne font qu'un." Puisque cette combinaison n'a pas de base sur laquelle elle puisse se fonder, son témoignage évanescent et fictif consiste en certaines croyances humaines qui ne prétendent pas à la causalité, et on peut en déduire la conclusion inévitable qu'elles n'ont aucune réalité en fait.
Dans l'histoire de la philosophie, toute tentative faite pour expliquer l'existence de la matière, ou pour observer les phénomènes matériels, grâce au raisonnement par induction, en remontant de l'effet à la cause, ne sert qu'à découvrir d'autres phénomènes matériels, ou bien elle se réfugie finalement dans la théorie de la "substance hypothétique de la force ou énergie" comme origine de la matière. La conclusion à laquelle sont arrivés les célèbres hommes de science physique et suivant laquelle la matière serait un "état subjectif de l'entendement, ou une manifestation d'énergie," est une théorie de science naturelle idéaliste qu'on peut dire être conforme aux enseignements de la Science Chrétienne en ce qu'elle définit la matière comme n'étant qu'un simple phénomène qui est irréel au sens absolu.
Mrs. Eddy, celle qui découvrit et fonda la Science Chrétienne, connaissait parfaitement ce postulat des hommes de science, que la matière n'est qu'une chose que nous avons imaginée et que nous avons construite pour nous-mêmes, mais elle avait une compréhension plus profonde et plus scientifique de la chose. Grâce à son raisonnement infaillible par déduction, basé sur l'unité de la cause, elle vit clairement l'irréalité de cet entendement mortel ou énergie mortelle auquel la philosophie inductive attribuait les phénomènes matériels. Donc l'irréalité du noumène, ou entendement mortel, qu'on avait avancé, et duquel dépendaient les phénomènes, laissa à la Science Chrétienne de trouver le mot de l'énigme, c'est-à-dire d'expliquer l'univers matériel.
Pour le Scientiste Chrétien l'énoncé négatif que la matière est irréelle est basé sur le postulat affirmatif que tout est Esprit; que la totalité de Dieu et Sa création spirituelle ne laisse aucune place pour un autre créateur ou une autre création. La matière est un concept qui tire son origine de l'entendement mortel et qui n'embrasse ni plus ni moins que ce que l'entendement mortel, lui assigne par l'intermédiaire des sens matériels. Nier consciemment la réalité, tant de la matière que de l'entendement mortel, et détruire ainsi les fausses croyances et les craintes qu'elles affirment, est une fonction essentielle de la guérison physique. On devrait se rappeler pourtant que la négation n'est qu'une attitude mentale qui implique la possibilité d'une affirmation, tandis que l'affirmation consciente de la vérité, agit directement sur une situation, et est positive. Cette réalisation nous met à même d'amener Dieu, le bien, dans notre pensée; de transformer en penser divin notre penser humain et ainsi à ne plus faire qu'un mentalement avec les pensées de Dieu. Cette communion avec Dieu rend agissante la loi qui efface de la pensée les fausses images, et c'est là ce qui se définit en tant que traitement de la Science Chrétienne.
La conscience qui guérit est la claire compréhension de la situation qui met le Scientiste à même de refléter d'une façon si transparente la vérité connue par lui, que l'action de cette vérité pourra surmonter le sens de l'erreur dans tout cas spécifique qui se présentera à sa pensée. Le praticien dont la pensée est gouvernée par Dieu reflète forcément l'Entendement divin. C'est là ce qui constitue la démonstration comprise scientifiquement, car lorsque nous reflétons l'Entendement divin et la présence divine nous exprimons la santé et la perfection, même avant que la manifestation devienne visible pour les sens matériels. À mesure que la vérité s'établit dans la conscience humaine, celle-ci transfère imperceptiblement son allégeance à l'Entendement divin, et l'homme parfait commence d'apparaître. C'est parce que Jésus était conscient de sa filialité divine qu'il fit sa démonstration à la tombe de Lazare en se basant sur cette foi salutaire qui sait sans voir matériellement. Être conscient de refléter l'Entendement parfait, c'est là la démonstration qui est à même de dire avec une foi inébranlable dans le pouvoir de la parole: "Ôtez la pierre."
À mesure que les rayons de la Vérité jaillissent à travers la conscience transparente du praticien, son pouvoir analytique révèle l'Entendement infini et ses idées comme étant les seules réalités. Cette conscience lumineuse exclut toutes les images de l'entendement mortel et ne reflète que la vraie idée. La prétendue mentalité appelée entendement mortel ne manifeste que des croyances mortelles; mais vu qu'aucune pensée vraie ne procède d'une source mauvaise, cette mentalité apparente est la perversion de la vraie action mentale qui tire son origine du seul et unique Entendement créateur et le reflète. Dans la mesure seulement où la fausse conscience se détourne de ses croyances au limité et au fini vers l'illimité et le réel pouvons-nous acquérir la compréhension de la réflexion que Paul a si merveilleusement exprimée dans sa seconde épître aux Corinthiens dans ces paroles: "Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. Et nous tous, qui, le visage découvert, contemplons comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés à son image, de gloire en gloire, comme par l'Esprit du Seigneur."
La conscience humaine purifiée reflète la nature divine, mais projeter une ombre n'est pas le reflet spirituel de la Science Chrétienne. Quoique l'humanité n'ait pas jusqu'ici saisi l'idée de la réflexion spirituelle qui révèle seulement ce qui est semblable à Dieu, Science et Santé explique sa relation pratique à la guérison spirituelle. La conscience spiritualisée, où aucune pensée matérielle ou pécheresse ne trouve à se loger, reflète la nature divine, et guérit, grâce à ce reflet, les malades et les pécheurs en mettant en lumière le fait spirituel de la perfection éternelle de l'homme en tant qu'image et ressemblance d'un créateur parfait. Ce n'est que dans la mesure où nous avons conscience de l'homme réel que nous sommes prêts à illuminer avec le flambeau de cette vérité salutaire les sombres recoins de la pensée mortelle, et à bannir les craintes spectrales qui hantent la prison où nous retiennent la maladie, le péché et la mort.
Dans son épître aux Hébreux Paul donne encore le sens vrai de la réflexion et la distingue de l'ombre lorsqu'il écrit que la loi n'avait que "l'ombre des biens à venir, et non la forme réelle des choses." L'homme divinement créé devrait refléter la nature et le caractère de son créateur ainsi qu'il est donné à entendre dans le premier chapitre de la Genèse. Dans la mesure où il détrônera dans la conscience humaine le règne tyrannique de la superstition et de la crainte, il pourra invoquer l'aide effective de la loi spirituelle qui guérit. Il est du domaine de l'homme spirituel de comprendre cette loi et de la rendre agissante.
La santé, l'harmonie et la paix qui constituent jusqu'à un certain point le besoin de tout humain, se réalisent grâce à la compréhension du fait que l'on ne peut concevoir l'homme réel comme ayant besoin de guérison, vu qu'il est une idée de l'Entendement, une idée spirituelle de Dieu, et qu'ainsi il n'y a point en réalité d'homme malade. Cependant en ce qui concerne notre expérience humaine, on pourrait dire que la guérison physique est à la fois subjective et objective. Le mal, l'erreur, la pensée erronée sont universels; mais la destruction de la pensée erronée dans un cas quelconque est forcément individuelle. On peut dire par conséquent que la guérison est à la fois personnelle et impersonnelle. Du point de vue impersonnel ce qu'il y a à détruire, c'est le mal s'appelant quelque chose. Le guérisseur, c'est le Christ, la Vérité, pénétrant dans la conscience humaine. On pourrait dire que la guérison personnelle est un ajustement de désordre individuel, soit mental, soit physique, qui entraîne un changement dans le mode de conscience d'une ou de plusieurs personnes. Le pouvoir dynamique de la Vérité détruira l'erreur, mais il lui faut un canal pour arriver à la phase spécifique d'erreur qui se présente. Dans tous les cas, si nous en savons assez sur l'homme réel, nous n'avons guère besoin de connaître la croyance d'un homme malade.
Jésus de Nazareth exprimait au plus haut degré la conscience qui guérit. Nous pouvons tous participer à sa parfaite compréhension du Principe divin qui se manifestait en œuvres de guérison. La mission de la Science Chrétienne est réellement d'atteindre le pouvoir spirituel qui remplace la discorde par l'harmonie et qui révèle le pouvoir guérisseur dont est doué l'homme spirituel lorsqu'il est gouverné par l'Amour divin.
Décharger l'humanité des fausses croyances qu'elle héberge et qui la font souffrir et peiner, c'est là ce qui devrait inspirer le Scientiste Chrétien et devenir la force motrice de l'amour, le poussant à émanciper ceux qui sont liés par les limitations des sens matériels. À la page 150 de "The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany" la beauté de la réflexion est merveilleusement illustrée par Mrs. Eddy comme suit: "Arrêtez-vous un moment au bord du lac limpide qui sommeille au sein des rives couvertes de saules couleur d'émeraudes. Voyez-y reflétés le ciel et la lune brillant de son doux éclat. Votre cœur en sera touché. Alors, dans une prière silencieuse demandez à Dieu de vous donner de réfléchir Dieu, de devenir Sa propre image et ressemblance, voire même le reflet calme, clair et radieux de la gloire du Christ qui guérit les malades, qui ramène les pécheurs à la repentance et qui ressuscite à la vie en Dieu ceux qui sont morts spirituellement dans les transgressions et les péchés.
Mais voici ce que j'ai trouvé: C'est que Dieu a créé l'homme droit; et ce sont les hommes qui ont cherché toutes sortes de détours.—L'Ecclésiaste 7: 29.
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