"Si la trompette rend un son confus, qui se préparera au combat?" Telle fut la question vigoureuse que Paul adressa aux Corinthiens.
On pourrait supposer qu'il parlait en qualité de citoyen romain et qu'il avait tiré son image des légions de l'armée de Rome qui partout se faisait sentir. Mais dans son épître aux Romains il déclara son allégeance à sa propre nation lorsqu'il dit: "Moi aussi je suis Israélite, de la postérité d'Abraham, de la tribu de Benjamin." Que de fois, tout enfant, il avait tressailli en entendant les histoires de son peuple, écoutant en imagination le son de la trompette d'Éhud et de Gédéon lorsqu'ils rallièrent le peuple contre les Moabites et les Madianites; le son de la trompette de Saül, le roi; de Joab, le grand capitaine de David; ou de Schéba, fils de Bicri, le rebelle. Lisez l'histoire, du Sinaï à l'Apocalypse, et vous entendrez ce que Milton décrit comme étant du "métal sonore retentissant de sons guerriers." Sur le mont Sinaï, c'était "un son de trompette très fort" qui fit trembler tout le peuple qui était au camp, et la vision de l'Apocalypse commence avec "une voix éclatante, comme le son d'une trompette," et elle parle de sept anges avec des trompettes qui firent résonner chacun à son tour les jugements de Dieu. Rien de surprenant, par conséquent, que les prophètes, en qualité d'enseigneurs spirituels, se de la trompette en métaphore. Ézéchiel décrit la situation désolée d'Israël en ces termes: "On a sonné de la trompette; tout est prêt, mais personne ne marche au combat."
Dans sa parabole de la sentinelle, Ézéchiel traite minutieusement le sujet de la responsabilité, ce qui rend cette parabole particulièrement intéressante. "Quand j'envoie l'épée pour ravager un pays, les habitants de ce pays choisissent l'un d'entre eux pour le placer comme sentinelle. Celui-ci, voyant venir l'épée sur le pays, sonne de la trompette pour avertir le peuple. Alors, si celui qui entend la trompette ne se tient pas sur ses gardes. .. le sang de cet homme retombera sur sa tête,. .. Mais s'il se tient sur ses gardes, il sauvera sa vie." Alors Dieu avertit celui qui devait "servir de sentinelle à la maison d'Israël" que s'il ne parle pas "pour détourner le méchant de sa mauvaise conduite," c'est à lui qu'on demandera compte de son sang; mais s'il avertit "le méchant pour le détourner de sa mauvaise conduite" et que celui qui est dans l'erreur ne s'en détourne pas, alors celui qui sert de sentinelle ne sera pas tenu responsable. C'est donc l'obéissance qui le tient en sécurité, et le met à même de bien faire son travail, sans que ce travail entraîne pour lui de fâcheuses conséquences.
Un soldat sait-il, ou tient-il à savoir, qui est le trompette, tant le signal sonne clairement et qu'il sait que c'est un signal auquel lui et tous ses camarades doivent obéir? C'est donc là la beauté de tout ouvrage réellement métaphysique. Il est absolument juste, mais il est impersonnel. Lorsqu'une démonstration de guérison se fait, cela ne veut pas dire que l'agent lui-même a fait quelque chose, mais qu'il a pu faire entendre le son de la trompette appelant à l'action juste, et que le patient a obéi. Ceux qui écoutent reconnaissent le signal qui dérive de l'Entendement divin et lui obéissent. Songez par exemple à l'appel claironnant que Pierre fit à l'homme impotent de naissance qu'on plaçait tous les jours à la porte du temple, appelée la Belle: "Au nom de Jésus-Christ de Nazareth, marche." Il n'est pas étonnant que la réponse fut immédiate, "et d'un saut il fut debout, se mit à marcher, et entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu."
Le travailleur qui travaille pour lui, ou l'écrivain qui parle pour lui, ressemble au chanteur qui chante afin de se faire un nom. Par suite de son attitude personnelle il se crée un auditoire de juges, qui, d'une part, se font les admirateurs de ses récitals, et d'autre part deviennent les critiques de sa méthode; le conflit règne autour de sa personne. Mais le travailleur ou écrivain métaphysique annonce la vérité de même qu'un vrai musicien annonce l'harmonie. Sa seule pensée, son seul désir est de déclarer la vérité de l'être, la perfection et la plénitude de Dieu et Son idée; et s'il s'est préparé à le faire par l'étude et la démonstration, la trompette n'émettra pas un son incertain, mais bien plutôt le clair appel à la victoire à remporter sur toute l'erreur. Et l'auditoire, uni par l'attention qu'il accorde, gagne quelque bien en écoutant; chacun le reçoit dans la mesure où il a développé ses capacités, et sa reconnaissance est grande pour ce qu'il reçoit. On dirait un grand escalier, et sur la première marche se trouvent ceux qui ne font que commencer l'étude de la Science Chrétienne, puis, plus haut, ceux qui l'ont prouvée dans leur propre expérience, viennent ensuite ceux qui l'ont prouvée pour d'autres, jusqu'à ce que tout le mouvement y soit représenté; alors le message métaphysique leur parvient comme les accents perçants et doux d'une trompette, et ils se réjouissent, ne tenant aucun compte du trompette, mais de l'harmonie et de la clarté du message.
Tout Scientiste Chrétien dans un milieu quelconque sert de sentinelle à la maison d'Israël, et il devrait être vigilant quant à sa responsabilité de sentinelle. S'il obéit au Principe, il saura à quel moment donner la note d'avertissement, et s'il parvient à devenir aussi sage et aussi aimant que l'était Jésus, on dira de lui aussi qu'il parle "comme ayant autorité, et non pas comme les scribes," la trompette sonnera avec certitude. Ce qui explique l'incapacité de certains messagers, c'est qu'ils se soucient bien plus de la réception et des divertissements, des honneurs et des bénéfices de l'ambassadeur, que du message dont leur Roi les a chargés; mais le Principe est "le grand Roi de toute la terre," et la récompense des messagers du Principe, est si grande, vu qu'ils sont près de Dieu, que toute faveur matérielle ou personnelle venant des hommes paraît mesquine et insignifiante.
Le message que Mrs. Eddy adressa à l'église de Concorde lors de sa première réunion annuelle et que l'on trouvera à la page 155 de Miscellany peut bien nous servir à tous d'inspiration: "Qu'elle saisisse le premier son de la trompette, qu'elle marche de pair avec le vingtième siècle, qu'elle laisse derrière elle les choses qui sont passées, mette bas les vils lauriers de l'orgueil, et, pressant en avant dans la marche vers la Vérité, qu'elle poursuive dans la joie, la santé, la sainteté, la course qui est devant elle, jusqu'à ce que, ayant enfin atteint son but, elle trouve la pleine réalisation de sa foi, de son espérance et de sa prière.
