Mary Baker Eddy déclare dans The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany (p. 230): « Malgré les mites sacrilèges du temps, notre Manuel de l'Église est destiné à l'éternité; il maintiendra son rang comme dans le passé, parmi des ministères agressifs, actifs, et subsistera quand ils auront pris fin. » L'estime de Mrs. Eddy pour la nature spirituelle du Manuel de L'Église Mère fait réfléchir tous ceux qui veulent suivre les directives de notre Leader, que Dieu inspirait. Tel qui voit les choses au point de vue purement humain demandera peut-être: « Comment une doctrine humaine pourrait-elle jouir de l'éternité? » Cela n'est possible que si la dérivation et le caractère de la doctrine sont essentiellement spirituels. Seul le discernement spirituel peut voir et comprendre la vraie nature du Manuel.
L'éternité n'est pas la durée sans fin du temps; elle n'a rien de commun avec lui. Donc tout ce qui est spirituel existe indépendamment du temps. Au fait, le Révélateur mentionne un état de conscience spirituellement éclairé où « il n'y aurait plus de temps » (Apoc. 10:6).
Jésus parlait de son identité spirituelle éternelle lorsqu'il disait (Jean 8:58): « Avant qu'Abraham fût, je suis. » Cette même remarque peut s'appliquer à chacun de nous. En vertu d'un héritage divin tout homme possède les qualités que manifestait le Maître. Ses paroles et ses œuvres tendaient à réveiller la pensée humaine, à lui faire reconnaître l'identité spirituelle de l'homme qu'aujourd'hui « nous voyons comme dans un miroir, confusément, » mais que nous verrons « face à face » (I Cor. 13:12) — quand la conscience sera spirituellement éclairée.
Le sens spirituel seul peut transmettre l'idée véritable de l'Église. Les sens matériels ne sauraient la comprendre. C'est pourquoi les nombreuses communions chrétiennes dont les opinions diffèrent indiquent qu'aujourd'hui le monde a besoin d'un concept plus spirituel de l'Église.
Touchant les Règles et les Statuts de notre Manuel, Mrs. Eddy fait cette remarque (Miscellaneous Writings, p. 148): « Inspirés par un pouvoir supérieur au nôtre, ils furent écrits à des dates différentes et lorsque les circonstances l'exigeaient. » Sous l'impulsion divine ces Règles et ces Statuts prouvent que la Vérité absolue est pratique de sa nature. En fait la Vérité se révèle applicable à toutes les situations; ses méthodes sont à la fois compréhensibles et démontrables.
La carrière de Moïse fait voir la valeur rédemptrice du discernement spirituel. Comme préparation pour la tâche qui consistait à libérer son peuple, Moïse fut amené à voir le fait spirituel qui lui permettrait de remplir sa mission. Il vit au désert un buisson en feu qui ne se consumait pas. Dieu lui révélait-il ainsi l'indestructibilité de l'être véritable? En conséquence il put entrevoir la liberté spirituelle que l'homme possède, bien que les sens matériels fissent un tout autre rapport. Ayant cette certitude, il aida son peuple à démontrer la liberté, démonstration qui prit pour eux la forme d'une délivrance succédant à l'esclavage.
Pour vaincre sous un aspect quelconque l'apparence du mal dans notre vie, le discernement spirituel est indispensable. Ce sens spirituel diffère de la religiosité, car il se fonde avant tout sur la réalité spirituelle, tandis que le sentiment religieux non éclairé s'appuie avec crainte et tremblement sur le témoignage des sens matériels.
La pensée qui tient le mal pour réel et croit que l'homme est mortel se trouve déjà sous l'influence mesmérique de l'erreur qu'elle voudrait vaincre; donc elle ne saurait s'en débarrasser. Seul le Christ peut faire sortir la pensée de son apathie en l'éveillant aux réalités spirituelles qui, bien entendu, ne sont jamais atteintes par l'illusion de la matière.
Notre concept des choses doit s'élever plus haut que les apparences et jusqu'à la réalité pour que nous puissions faire face au défi d'un prétendu pouvoir contraire à Dieu. Alors nous nous rangerons sous la bannière de la réalité spirituelle; nous verrons l'Esprit là où semblait être la matière, le bien à la place du mal, et nous reconnaîtrons que l'homme est la ressemblance de Dieu, spirituelle, parfaite, impeccable, exempte de maladie ou de mort.
Parce qu'il enseignait sous la conduite de son Père, le Maître était sûr que ses instructions étaient éternelles. Il disait (Jean 5:17): « Mon Père travaille jusqu'à présent, et je travaille, moi aussi. » Le Père est toujours à l'œuvre. Pour la conscience humaine cette œuvre semble être la rédemption ou le salut. Toutefois Jésus le Christ se rendait compte que le résultat de ses labeurs pourrait être perverti ou retardé par les aspects négatifs du sens personnel. Il savait que ce faux sens cherchait à obscurcir la signification spirituelle de tout ce que lui-même disait ou faisait. Peut-être pensait-il surtout à cela lorsqu'il fit aux disciples cette question (Matth. 16:13): « Qui est le Fils de l'homme, au dire des gens? »
La réponse qu'il obtint montrait qu'en général on n'appréciait pas vraiment son identité ou la nature de sa mission. Il demanda donc: « Mais vous, qui dites-vous que je suis? » Simon Pierre répondit: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant! » En reconnaissant le fait spirituel au sujet du Fils de l'homme, Pierre prouvait qu'au moins un des disciples de Jésus possédait le discernement spirituel nécessaire pour continuer la mission du Maître. La réponse de Pierre ne se fondait pas sur ce que les sens matériels pouvaient voir; elle lui était révélée par Dieu. Elle exprimait un fait si fondamental que Jésus compara Pierre à un roc.
Sur le discernement que Pierre avait du Christ, comme aussi sur le Christ que lui-même discernait, Jésus dit qu'il bâtirait son église et que les portes de l'enfer ne prévaudraient point contre elle. En d'autres termes, l'église du Maître — bâtie non sur Pierre en tant que mortel mais sur ce que Dieu avait révélé à Pierre touchant la vraie nature du Fils de l'homme — se maintiendrait et prévaudrait contre toute l'ignorance et la haine désignées par l'expression « les portes des enfers. »
Quand la pensée s'élève jusqu'au point ou la notion du temps est exclue, on voit que l'église qu'avait en vue le Maître fut le modèle de l'Église fondée par Mrs. Eddy — une Église bâtie sur les enseignements et les démonstrations du Maître. Dans l'Aperçu historique que donne le Manuel, nous lisons (p. 17): « A une réunion de l'Association Scientiste Chrétienne, le 12 avril 1879, la motion suivante, présentée par Mrs. Eddy, fut votée: — Organiser une église destinée à commémorer la parole et les œuvres de notre Maître, et ayant pour but de rétablir le christianisme primitif et son élément perdu, la guérison. » Continuer le sens spirituel du ministère de Jésus, voilà l'objectif de cette Église; et Dieu prépara Mrs. Eddy pour cette grande tâche. La lettre et l'esprit de notre Manuel rendent témoignage à l'importance de l'Église du Christ, Scientiste, que fonda notre Leader. Le sens spirituel du Manuel ne s'obtient que par révélation divine — c'est ainsi que Simon Pierre reconnut la vraie nature du Fils de l'homme. Toutes les clauses du Manuel ont leur source dans une révélation analogue. Son impulsion divine constitue sa nature éternelle.
Il arrive peut-être que les Scientistes Chrétiens soient troublés par ce que le sens matériel présente au sujet de leur Église. Certains s'imaginent que sa nature est temporelle et son action limitée. Mais le sens spirituel fait voir le roc sur quoi ils peuvent rester fermes sans être atteints par les « ministères agressifs, actifs » que mentionne Mrs. Eddy. Le fait spirituel concernant notre Église et son Manuel peut être discerné; cela nous donne l'assurance qu'ils sont permanents, couronnés de succès.