Dans un Statut que chérissent tous les Scientistes Chrétiens, Mary Baker Eddy parle en ces termes (Manuel de L'Église Mère, Art. VIII, Sect. 4): « Il sera du devoir de chaque membre de cette Église de prier chaque jour: “Que Ton règne vienne;” que le règne de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins soit établi en moi, et éloigne de moi tout péché; et puisse Ta Parole enrichir les affections de toute l'humanité et les gouverner! » Elle ne dit pas seulement qu'un membre de L'Église Mère devrait prier ainsi, mais que c'est son devoir de le faire.
Il est bon d'employer cette prière sous la forme précise que notre Leader lui a donnée. Toutefois pour qu'elle ne devienne pas machinale il faut la méditer, l'approfondir jusqu'à ce que sa grâce soit vraiment nôtre et que son pouvoir spirituel transforme notre vie. Son début — « Que Ton règne vienne » — n'indique-t-il pas que le royaume de Dieu est venu et peut se démontrer ici même et dès maintenant, comme le montre Mrs. Eddy dans son interprétation spirituelle de l'oraison dominicale? (Voir Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 16.) Au fait, la Science Chrétienne révèle qu'il n'y a jamais eu un seul instant où le règne de Dieu n'ait pas été divinement établi, sans aucun rival.
Cette parole catégorique: « Que le règne de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins soit établi en moi » réprouve avec une autorité divine la résistance du prétendu entendement charnel d'après quoi l'homme serait mortel; elle demande au contraire que nous démontrions la véritable identité de l'homme, ressemblance de Dieu.
Un règne implique une souveraineté continue. Ainsi « le règne de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins » n'est point une autorité passagère; ce n'est pas une chose qui puisse être éteinte ou écrasée par les assauts de l'erreur. Le règne de la Vérité, de la Vie et de l'Amour indique la loi divine, dûment établie, qui se fait obéir — la loi par laquelle l'Entendement déclare JE SUIS. En vertu de cette loi il est impossible que l'homme soit un pécheur mortel, une personne malade, susceptible, impétueuse, imbue de sa propre justice, car l'homme n'est jamais moins ou plus que l'idée de Dieu. Il est éternellement spirituel; il exprime la beauté, la majesté, la grandeur.
La loi de Dieu gouverne l'univers et s'applique à tous les humains. Il n'y a pas d'affections déçues dans l'infini de l'Amour; là où l'Entendement gouverne il n'y a pas de volonté humaine rebelle, téméraire. Dans la mesure où se démontre « le règne de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins » les affections de l'humanité sont satisfaites, le tumulte terrestre se calme. La Science Chrétienne révèle que Dieu est l'Entendement de l'homme. Il existe non pas des millions d'entendements limités régis par un Entendement supérieur, mais un seul Entendement, Dieu, qui se gouverne Lui-même et gouverne l'univers. « Le règne de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins » rend impossible le mal.
Jésus le Christ démontra ce règne. Il prouva qu'il n'existe point deux états de l'être contraires, l'un bon et l'autre mauvais, l'un réel et l'autre irréel, l'un spirituel et l'autre matériel par sa nature. Le Maître voyait l'homme créé à la ressemblance de Dieu, à jamais spirituel, impeccable, pur et libre; il ne reconnaissait point d'autre homme. Sur cette base il détruisit la mortalité, guérit les malades et réforma les pécheurs.
L'existence humaine est un mélange fictif de vie et de mort, de bien et de mal, d'Esprit et de matière — une croyance à deux états de l'être opposés, subsistant dans le même royaume d'une façon simultanée. Ce dualisme reçoit un blâme sévère lorsqu'on se souvient que le mot « deux » a pour racine le latin duo et le grec dyo; que le préfixe grec dia qui s'apparente à dyo et signifiait à l'origine « divisé en deux, » a pour dérivés les mots diable et diabolique. Il est intéressant de remarquer en outre que l'équivalent grec du mot péché signifiait à l'origine « manquant son but. » La suggestion diabolique d'après quoi l'homme, à la fois matériel et spirituel, serait déchu de la perfection, n'atteint pas le but de la Vérité, mais représente le péché originel dont il faut se repentir, ce qui exige une transformation de la pensée.
L'homme n'a pas d'autre Entendement que Dieu; ce fait qui doit se démontrer est la base de la réformation. Penser et vivre habituellement selon le Principe divin, cela seul prouve que le règne de Dieu s'établit en nous. Ce qu'affirment les cinq sens physiques ne correspond pas à la vraie nature de l'homme; le sens spirituel au contraire révèle que l'homme est toujours un avec son Créateur, qu'il est parfait, ne manque de rien et possède la vie éternelle.
En Science Chrétienne le terme « magnétisme animal » s'emploie pour désigner toute l'erreur. L'adjectif animal indique la corporéité, la chair en contraste avec l'Esprit; le mot magnétisme implique la fausse attraction que prétend exercer le matérialisme, qui manque toujours son but. L'individualité spirituelle de l'homme et son identité divinement établie, voilà ce qu'il faut affirmer, comprendre et pratiquer jour après jour; alors les prétentions hypothétiques du mal se détruisent et l'on démontre que l'Esprit, Dieu, est le seul Ego.
Le Scientiste Chrétien ne ferme pas les yeux sur le mal. Il sait qu'on doit nier spécialement cialement chacune de ses prétentions. Il ne se permet donc pas de prendre ses désirs pour des réalités, de penser d'une manière superficielle ou à moitié métaphysique. Il n'approuve pas le péché et ne cède point à ses fausses suggestions. Il ne se contente pas d'énoncer scientifiquement la vérité sans vivre comme elle le demande, car cette tromperie nuirait surtout à lui-même. Il se rend compte de ce fait: aussi longtemps que selon la croyance il reste une prétention quelconque du mal, la Vérité en est l'antidote et la nie spécialement. Ainsi le Scientiste Chrétien manie l'erreur au lieu de se laisser manœuvrer par elle. Il en triomphe parce qu'il en prouve le néant. Il a soin de se défendre chaque jour contre les suggestions mentales agressives. Il reconnaît qu'on doit chaque jour veiller, nier vigoureusement les prétentions pécheresses, affirmer et démontrer avec intelligence l'unicité de l'être — bref, revêtir l'Entendement du Christ.
Le mesmérisme, l'hypnotisme, les manœuvres mentales se fondent sur la croyance à plusieurs entendements. Ils représentent le serpent et son astuce, mais ils sont détruits par le grand fait que Dieu, le bien, est l'unique Entendement. Quiconque reflète cet Entendement peut déclarer avec une profonde conviction spirituelle que le magnétisme animal n'a personne qui puisse lui servir d'agent ou de sujet, aucune loi pour le soutenir, aucune volonté pour lui servir de mobile. Il ne dispose d'aucun entendement qu'il puisse manœuvrer; il ne possède aucun pouvoir car Dieu, le seul Ego, le seul Entendement, est l'unique pouvoir, présence ou action.
Le traitement par la Science Chrétienne, c'est l'opération de la loi divine. Dans un article où elle dénonce vigoureusement les fausses prétentions de lois matérielles, Mrs. Eddy déclare (Miscellaneous Writings, p. 258): « Dans la Genèse spirituelle de la création, la loi est l'apanage exclusif du Législateur, qui était pour Soi-même une loi. En Science divine Dieu est Un et Tout; Se gouvernant Lui-même, il gouverne l'univers. Telle est la loi de la création: “Dieu est mon bouclier; il sauve ceux qui ont le cœur droit.” Et cet Entendement infini gouverne toutes choses. Sur ce Principe infini de la liberté, Dieu Se nomma Je suis. » Puis elle ajoute: « Le nom Je suis n'indiquait pas qu'une personnalité pût être mise en parallèle avec lui, mais il proclamait une puissante individualité, le Père éternel, en tant que conscience infinie, présence perpétuelle, omnipotence; comme loi totale, Vie, Vérité, Amour. » La Science Chrétienne révèle que tout le système de la matière et de ses prétendues lois est un mensonge. Par ce moyen elle démontre l'omnipotence de l'Esprit et peut établir le royaume des cieux.
La Science Chrétienne ne tolère aucun compromis. Il ne faut pas s'attendre à démontrer en Science Chrétienne la protection si l'on renforce l'erreur en parlant d'elle, en y pensant, en étudiant les formes qu'elle revêt, en l'observant et en ayant peur d'elle. Il n'est pas sage de consolider la maladie par l'admission de sa réalité, alors qu'elle peut être guérie en Science Chrétienne quand on prouve qu'elle est irréelle. Nous ne saurions avoir recours aux méthodes matérielles ou partager notre foi entre l'Esprit et la matière, entre Dieu et mammon. D'une manière simple et directe la Science pose à chacun de nous cette question: « Où es-tu? » Jésus a dit (Luc 9:62): « Celui qui, après avoir mis la main à la charrue, regarde en arrière, est impropre au royaume de Dieu. »
En Science nous ne luttons pas contre le brouillard en le frappant à l'aveugle. Nous nous élevons au-dessus des brumes. En tant que Scientistes nous devons consacrer notre pensée aux faits spirituels de l'être. A cette fin il faut approfondir les ouvrages de notre Leader, car ils révèlent la plénitude de Dieu et le néant du mal. Ces écrits ne perdent jamais leur fraîcheur, leur intérêt n'a pas de limites et nous ne saurions les dépasser. Ils représentent la révélation directe de la Vérité. Les aimer, les chérir, en poursuivre l'étude, les méditer, voilà ce dont nous avons besoin.
Science et Santé est le livre de texte; il contient l'exposé complet de la révélation. Dans les domaines national, international, économique, social, physique, métaphysique ou personnel, il n'y a pas une seule question qui ne trouve sa réponse dans ces pages inspirées, pas un problème qui n'ait sa solution. Ceux qui en ont saisi la portée spirituelle reconnaissent que Science et Santé accompagne la Bible et que ce sont là les deux plus grands livres qu'ait connu l'humanité.
Le Manuel de L'Église Mère énonce la loi divine, applicable au gouvernement de l'Église fondée par Mrs. Eddy et aux directions dont les membres ont besoin. Le but du Manuel, selon Mrs. Eddy (Manuel de L'Église, Art. XXXV, Sect. 1) consiste à former et à protéger la pensée en voie d'éclore. Nous avons besoin de notre Manuel; il faut en reconnaître l'inspiration, le comprendre, l'aimer, lui obéir.
Les autres ouvrages de Mrs. Eddy élucident le livre de texte et le Manuel; ils montrent comment notre Leader en faisait l'application et en démontrait les enseignements. Ces écrits inspirés sont pour le disciple un précieux héritage.
Le Scientiste Chrétien sait que pour faire face aux demandes de l'heure actuelle il doit mettre tout le poids de sa pensée, de sa connaissance et de son être du côté de la Vérité. Il est impossible de rester à mi-chemin. Il ne suffit pas d'être une bonne personne qui fasse preuve de piété et d'amour. Un sens personnel de bonté ne démontre pas le divin Principe de l'homme. La Science Chrétienne fait taire le sens personnel mais révèle que l'Ego est Entendement, que l'homme est la ressemblance de Dieu. La plénitude de Dieu est Son unicité indivisible dans laquelle est compris tout être, obéissant au rythme de l'Esprit où se trouve la sécurité.
« Le règne de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins » est ici même; sa domination est établie. Donnons-en la preuve dans notre vie quotidienne par une vigilance inlassable, par la purification du moi, la prière et la démonstration. Prouvons que l'Entendement divin exclut tout péché et ne laisse en nous rien qui manque le but ou réponde aux prétentions du mal. Alors apparaîtra l'homme créé à la ressemblance de Dieu; on verra que l'Amour divin nourrit les affections déçues, et donne à tous sa paix et son bonheur sans prix. Dans la sainte paix du sens spirituel, la terre fait maintenant écho à l'Esprit et répète: « Ton règne est venu. »