«Cieux, poussez des cris de joie! Terre, tressaille d'allégresse! Montagnes, entonnez des chants joyeux! » (Ésaïe 49:13.) C'est ainsi que dans une langue imagée le prophète Ésaïe nous exhorte à la joie. Il en donne la raison: « L'Éternel a consolé son peuple; il a compassion de ses affligés.»
Parmi les nombreux dons que l'homme reçoit de Dieu, aucun ne surpasse la joie. Elle s'apparente à l'amour et aux autres grâces de l'Esprit. Elle marche de pair avec l'absence d'affectation, le bonheur et la liberté. Elle porte toujours « un manteau de fête » (Ésaïe 61:3). La joie! Quels heureux échos elle suscite! La pensée s'élève au-dessus des fardeaux imposés par le doute et le découragement; elle peut prendre son vol et monter jusque dans l'atmosphère de l'Ame.
La joie véritable n'est point une fantaisie passagère ou une extase purement émotive. C'est le résultat naturel d'une ferme confiance dans le grand amour de Dieu et Sa tendre miséricorde. Cette joie est une conséquence normale lorsque le disciple réalise spirituellement son héritage comme fils de Dieu — réalisation qui s'obtient par l'étude sérieuse et la mise en pratique de la Science Chrétienne. Au cours de cette étude, la Concordance de la Bible et celles des ouvrages de Mary Baker Eddy peuvent nous être d'un grand secours si nous voulons approfondir le sens des mots joie, joyeux, allégresse et bonheur.
Le Christ Jésus, le Chrétien par excellence, pouvait déclarer à ses disciples et à tous ceux qui le suivraient plus tard (Jean 15:10, 11): « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi-même j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour. Je vous ai parlé ainsi, afin que cette joie qui est la mienne soit en vous et que votre joie soit dans sa plénitude. » Et dans son livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures, notre Leader dit (p. 57): « Le bonheur est spirituel, né de la Vérité et de l'Amour. Il n'est pas égoïste; par conséquent il ne peut exister seul, mais demande que toute l'humanité y participe. »
La joie ne peut exister seule. Son rayonnement est pour tous une bénédiction. Le monde a grand besoin de joie et d'amour spirituels. Ces qualités, Jésus le Christ les exprimait admirablement lorsqu'une foule de malades et d'affligés venaient à lui et qu'il les guérissait.
Tel dira: « Mes fardeaux sont lourds, le chagrin et la peine m'oppressent. Comment pourrais-je exprimer la joie? » Celui qui parle ainsi est peut-être prêt à trouver le réconfort dans ces paroles de notre Leader (Rétrospection et Introspection, p. 21): « L'intention céleste des ombres terrestres est de purifier les affections, de réprouver la conscience humaine et de la détourner joyeusement d'un faux sens matériel de vie et de bonheur, pour la tourner vers la joie spirituelle et vers l'appréciation véritable de l'être. »
Le vrai sens de l'être et ses ressources infinies se trouvent dans l'Ame. Les enfants de Dieu ont part à Sa nature, c'est-à-dire à la fraîcheur, au réconfort, à la force, à l'harmonie, à la vigueur intarissables; avec gratitude, ils peuvent reconnaître le fait spirituel que la joie est toujours présente. Les infinies bénédictions de Dieu se répandent ici même et dès maintenant. La joie ne saurait être intermittente. La joie est immuable, continue. C'est l'indice de l'unité scientifique qui prévaut entre Dieu et l'homme.
Une suggestion mensongère agressive vous dit-elle la joie s'est flétrie par suite de la gêne ou des limitations? Écoutez plutôt les vibrantes paroles du prophète Joël. A une époque de grande sécheresse et de famine, il dit à son peuple (1:12): « La vigne est desséchée, le figuier est flétri; le grenadier, le palmier, le pommier et tous les arbres des champs dépérissent; la joie s'est enfuie loin des fils des hommes! » Si l'on a permis qu'entre dans la pensée ce genre d'erreur, on devrait méditer l'exhortation de Joël (2:13): « Revenez à l'Éternel, votre Dieu; car il est miséricordieux...... et riche en bonté. »
Quand on se tourne vers les ressources infinies de l'Esprit, on voit que la disette ne s'accorde pas avec la Vérité. C'est donc une suggestion finie qui n'existe que comme croyance mortelle. Percevant cela, le disciple peut accueillir les joies plus hautes de l'Esprit: elles viennent lorsqu'on remplace les fausses pensées par l'expectative, la confiance dans la bonté et les richesses infinies de l'Amour.
Le fait suivant nous servira d'illustration. Il y a quelques années, une Scientiste Chrétienne sentit qu'elle avait perdu la joie sous l'influence mesmérique des dettes et d'une fausse responsabilité. Elle s'apitoyait sur ellemême, la rancune et le découragement remplissaient sa conscience. Un matin de bonne heure, — c'était au printemps, — le chant de deux oiseaux la tira de son apathie. Il se répétait par intervalles, mais il fallut un moment pour qu'elle se rendît compte de ce qui se passait. Alors l'animation, la joie dont elle était témoin achevèrent de la réveiller. En automne elle avait, au moyen d'un lien, rattaché à la barrière quelques branches d'un buisson. Les deux oiseaux trouvaient que les fibres de cette corde étaient précisément ce qui tapisserait le mieux le nid qu'ils allaient construire.
La Scientiste fut frappée de la force, du zèle, de la patience et de la persévérance qu'exprimaient ces petits oiseaux s'attaquant au lien. Ayant travaillé pendant un moment avec ardeur, ils s'envolaient vers une roche voisine et se mettaient à chanter. On aurait dit qu'ils voulaient faire savoir à tout le monde qu'il est bien agréable d'exprimer les glorieuses qualités de Dieu.
Après avoir observé pendant quelque temps ces manœuvres inlassables, la Scientiste coupa la corde en plusieurs morceaux qu'elle laissa tomber à terre. Comme elle s'éloignait, elle fut ravie de voir que les oiseaux ne semblaient ni anxieux ni impatients. Ils retournèrent sur la roche et se mirent tous deux à chanter! Puis ils commencèrent à prendre avec leur bec les fragments du lien pour les porter dans leur nid. Chaque fois qu'ils revenaient chercher des matériaux, ils s'arrêtaient pour chanter. Ils firent ainsi maintes courses avant de compléter leur tâche.
En les regardant, la Scientiste eut l'impression que sa pensée s'élevait. Elle se rendit compte que depuis des mois elle s'était attachée à l'erreur plutôt qu'à l'Esprit. Elle se rappela les paroles de Mrs. Eddy, qui se trouvent à la page 507 de Science et Santé: « L'Esprit nourrit et revêt chaque objet, à mesure qu'il apparaît dans l'ordre de la création spirituelle, exprimant ainsi tendrement la paternité et la maternité de Dieu. » Ce message illumina sa conscience, lui donnant la conviction positive que le Père prenait soin d'elle avec sollicitude. Tout sentiment de rancune, de crainte et de découragement disparut. La joie qui s'inspire du Christ tenait de nouveau le gouvernail. S'attachant avec persévérance à refléter les idées justes que Dieu avait révélées à sa conscience heureuse, elle se trouva bientôt riche en choses désirables — elle eut un foyer ou régnait le bonheur, des ressources accrues, une compréhension plus spirituelle de l'Église, des amitiés harmonieuses et durables.
Quand la joie de l'Esprit vient remplir la conscience, c'est là un sol fertile pour le grain de la Vérité. La pensée reste sereine, sans crainte, sûre qu'elle est guidée par l'Entendement divin. La joie conduit à une intelligence spirituelle toujours plus grande. Nous trouvons ainsi le déroulement ininterrompu du Principe divin, de l'Entendement, de l'Ame, de la Vie, de l'Amour et de la Vérité. Nous sommes donc prêts à marcher vers les hauteurs, toujours conscients de la joie que décrit un cantique (Hymnaire de Christian Science, n° 232):
O joie! En dépit des chagrins
Qui semblent accabler nos jours,
En nos cœurs un beau chant divin
Affirme que l'homme est toujours
Bien-aimé de l'Amour.
