Quand Osée le prophète vit l'infidélité d'Éphraïm et des autres tribus d'Israël, il leur rappela la tendre sollicitude, la protection, les directions divines dont ils avaient senti la riche abondance. Il prêtait à Dieu ces paroles (Osée 11:4): « Je les ai tirés avec des cordeaux d'humanité, avec des liens d'amour. J'ai été pour eux comme celui qui aurait enlevé la bride de leur mâchoire. » Les mots « Je les ai tirés... avec des liens d'amour » indiquent certainement la tendresse dont la Divinité avait fait preuve pour enseigner au peuple la bonne voie et l'y maintenir.
Aujourd'hui nous nous étonnons parfois que les Israélites se soient montrés si aveugles et rebelles, malgré toute la bienveillance que l'Éternel leur témoignait; mais ne nous faut-il pas veiller pour éviter précisément la même erreur? Car le joug que nous portons est conforme au Christ; en d'autres termes Dieu n'exige pas de nous des choses impossibles. Nous sommes également tirés par « des liens d'amour » qui peuvent nous maintenir dans le chemin étroit et droit. Mais l'entendement humain semble avoir une tendance aux murmures, au mécontentement, à l'insubordination. Ce qui demande la rédemption des mortels risque de provoquer l'opposition. Ils voient un péril même dans un rappel plein d'amour, fondé sur l'expérience; une exhortation nécessaire leur semble restreindre la liberté personnelle. L'entendement humain a besoin d'être sans cesse instruit et guidé.
Au cours des âges les dix commandements et le Sermon sur la montagne se sont avérés efficaces pour apprendre aux hommes la voie du progrès et des réalisations. Au fait, ne devraient-ils pas être pour chacun de nous « des liens d'amour »?
Au dix-neuvième siècle, Mary Baker Eddy, grâce à sa connaissance de Dieu fondée sur l'inspiration, organisa l'Église du Christ, Scientiste, prévoyant avec sagesse que cette organisation assurerait à chaque disciple et au mouvement dans son ensemble les directions nécessaires, la protection, la démonstration. Dans un « Aperçu historique » que donne le Manuel de L'Église Mère, par Mrs. Eddy, nous lisons (p. 19): « La Première Église du Christ, Scientiste, a Boston, Mass., est destinée à être bâtie sur le Roc, le Christ; sur la compréhension de la Vérité, de la Vie et de l'Amour divins, qui guérissent et rachètent le monde du péché et de la mort; elle reflétera ainsi jusqu'à un certain point l'Église Universelle et Triomphante. » Pour obéir à Dieu, Mrs. Eddy dont l'amour spirituel embrassait toute l'humanité, rédigea les Statuts et les Règles du Manuel, destinés aux membres de cette Église. Nous y trouvons l'esprit des dix commandements et du Sermon sur la montagne, la force agissante des « liens de l'amour. »
Ainsi l'organisation ou le mouvement de la Science Chrétienne repose sur la loi spirituelle, et les idéals de cette religion sont réalisés par le disciple dans la mesure où il obéit aux Statuts et aux Règles du Manuel. L'on obéit aux lois quand on les comprend et qu'on les aime. L'organisation manifeste l'ordre; elle requiert l'obéissance et la coopération. Ces trois qualités — l'ordre, l'obéissance, la coopération — sont indispensables pour assurer un travail individuel harmonieux, couronné de succès. Elles forment aussi la base d'une vie prospère pour l'ensemble des citoyens. Un mouvement qui encourage ces trois qualités et leur portée spirituelle dans la vie de chacun, est riche en bénédictions.
Les Scientistes Chrétiens dévoués qui consacrent leur vie à servir cette Cause sainte apprécient les « liens de l'amour, » car ils savent par expérience que ces liens sont nécessaires au progrès. Tel hésite peut-être à se laisser conduire par eux, craignant que cela ne restreigne sa liberté individuelle ou son aptitude à démontrer le bien. Or c'est précisément le contraire qui est vrai!
L'organisation établie par Mrs. Eddy assure la liberté du développement individuel et encourage le disciple dans sa démonstration. Là, rien ne nous empêche de prier avec ferveur pour devenir conscients du rapport qui nous unit à Dieu, pour être divinement inspirés, pour exprimer l'intelligence, prendre des décisions justes, aimer tous nos frères, ennoblir notre penser; bref, pour exprimer en toutes choses le bien. Nous obéissons ainsi au conseil de Paul (I Thess. 5:19–21): « N'éteignez point l'Esprit; ne méprisez pas les prophéties; éprouvez toutes choses, et retenez ce qui est bon. » A moins d'obéir, de se soumettre aux « liens de l'amour, » nul ne peut connaître l'infinie liberté de l'Esprit. La désobéissance, quoiqu'elle promette la liberté, conduit toujours à l'esclavage.
Être fidèle à l'organisation de la Science Chrétienne, cela ne peut nuire aux capacités du disciple; cette attitude au contraire élimine des défauts qui gêneraient la démonstration — l'outrecuidance, l'orgueil, la susceptibilité, l'ambition mal dirigée, l'égoïsme, et d'autres tendances s'opposant à la christianisation de la vie. Pour bien travailler au sein de l'organisation, il faut vaincre le moi, faire preuve d'abnégation et de dévouement. Aimer notre prochain comme nous-mêmes, voilà ce qui assure l'harmonieuse coopération indispensable au succès. Cette entraide donne à l'organisation le soutien et la force. Le disciple qui reconnaît et prouve cela fera beaucoup de bien à l'église et en recevra également des bénédictions. C'est seulement lorsqu'on refuse de marcher dans les « liens de l'amour » que l'organisation paraît être un fardeau.
Dans sa première lettre aux Corinthiens, Paul écrivait (I Cor. 12:26, 27): « Lorsqu'un des membres souffre, tous les autres membres souffrent avec lui; et lorsqu'un des membres est honoré, tous les autres membres en sont dans la joie. Or, vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun en particulier. » Sans doute nous ne pouvons pas encore affirmer, tant s'en faut, que sous tous les rapports le divin a vaincu l'humain; mais si des erreurs sont commises soit en pensée soit en actes, elles ne devraient pas amener le disciple à se séparer de l'organisation. Les membres qui se laissent guider par la sagesse s'élèveront plus haut que le sens personnel; sachant quel est leur devoir, ils ne se laisseront pas priver de la joie que procure une victoire sur le mal. Toute discorde parmi les membres d'une église devrait être éliminée grâce à la démonstration du seul Entendement divin.
En réalité, qu'il s'agisse du corps ou d'une organisation, l'harmonie et le progrès ne peuvent s'atteindre qu'en spiritualisant la pensée. Jésus, notre grand Maître, prononça cette parole qui contredisait l'attente de ses contemporains (Matth. 5:17): « Ne pensez pas que je sois venu abolir la loi ou les prophètes; je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir. » Par ses lettres aux églises chrétiennes, Paul les exhorte et les encourage à faire ce que Dieu exige. Dans l'Apocalypse, Jean attribue à l'organisation des églises une importance considérable. Sa pénétrante vision lui permet de voir le bien ou le mal qu'expriment mentalement les églises. Il ne manque pas de les reprendre et de les exhorter. Lui aussi demande des réalisations. Commentant la vision de Jean, Mrs. Eddy écrivait entre autres (Message to The Mother Church for 1900, pp. 11, 12): « Dans l'Apocalypse, saint Jean rapporte “ce que l'Esprit dit aux Églises.” Ses allégories sont la plus haute critique de toute action, de tout type, de tout système humain. Sa morale symbolique réprouve bravement la licence. Ses types de pureté percent la corruption mieux qu'aucune plume ne pourrait le faire. Ce sont d'éclatantes paraphrases que la divinité projette sur l'humanité, et dont la signification spirituelle “tient les sept étoiles dans Sa main droite,... marche au milieu des sept chandeliers d'or” — le rayonnement de l'Être glorifié. » De même que Jésus, la Science Chrétienne est venue non pour détruire mais pour accomplir.
Faire partie d'une église filiale représente pour le vrai Scientiste Chrétien une discipline excellente. Sans l'activité de ces filiales, il y aurait beaucoup moins d'abnégation, de dévouement, moins de discipline et d'entraide, moins de gratitude et de travail fait avec amour. Le membre actif doit pouvoir s'entendre non seulement avec quelques personnes mais avec tous les membres de son église; c'est là le signe infaillible d'une juste intelligence de l'organisation. Marcher dans les « liens de l'amour » permet d'abandonner le vouloir humain, de ne plus empiéter sur les droits d'autrui, de renoncer à la critique déraisonnable et aux condamnations inutiles.
Comme l'organisation de la Science Chrétienne favorise les progrès spirituels du disciple, tant qu'on n'a pas complètement spiritualisé sa pensée il est inutile de prétendre que l'on n'a plus besoin de cette organisation. L'ascension de Jésus n'eut lieu que lorsqu'il eut prouvé sa maîtrise sur toutes les contingences matérielles, humaines. Une organisation qui sert à maintenir le bien et qui a pour but le salut de l'humanité n'entraîne que des bénédictions.
Les Scientistes Chrétiens auxquels l'étude de cette Science a valu de grands bienfaits et qui ont déjà pu progresser spirituellement, désireront sans doute exprimer comme il se doit leur gratitude, et faire toujours plus de bien. Ils en trouvent l'occasion en travaillant au sein de l'organisation Scientiste Chrétienne. Lorsqu'ils avancent et se laissent guider par les « liens de l'amour, » ils reçoivent grâce sur grâce. Ils auront la joie de voir se développer leurs aptitudes latentes, et des perspectives inattendues s'ouvriront devant eux. Ils trouvent en vérité leur propre rédemption; ils sont heureux d'être parmi les disciples qui se vouent à cette sainte tâche: vaincre le mal dans le monde et promouvoir le bien. Cette assurance donnée par la Bible devient leur couronne (Éph. 2:19–22): « C'est pourquoi vous n'êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors; mais vous êtes concitoyens des saints et membres de la famille de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement posé par les apôtres et les prophètes, et c'est Jésus-Christ lui-même qui est la pierre angulaire... C'est en lui que, vous aussi, vous avez été édifiés ensemble, afin de devenir par l'Esprit une maison où Dieu habite. »
Voici l'alliance que je traiterai avec eux après ces jours-là, dit le Seigneur: Je mettrai mes lois dans leurs cœurs, et je les graverai dans leur esprit... Retenons fermement la profession de notre espérance, car celui qui a fait les promesses est fidèle. Veillons les uns sur les autres pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres; et n'abandonnons pas nos assemblées, comme quelques-uns ont coutume de le faire, mais exhortons-nous les uns les autres, et cela d'autant plus que vous voyez approcher le grand jour. — Hébreux 10:16, 23–25.