Il est juste et raisonnable que dans toutes les nations et à quelque église qu'ils se rattachent, les hommes prient pour la paix. Dans la mesure où ils prient avec compréhension, chassent de leur cœur la rancune et font leur devoir de citoyens, la paix s'établira entre les peuples. Mois après mois, depuis des années le monde a l'impression de traverser une crise continue. Il est certain qu'au cours de cette période confuse, le grand désir d'une paix réelle a beaucoup contribué à maintenir la paix.
Mary Baker Eddy déclare dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 1): « Le désir, c'est la prière; et nous ne pouvons rien perdre en confiant nos désirs à Dieu, afin qu'ils soient façonnés et exaltés avant de prendre forme en paroles et en actions. » Ceci est applicable au désir de la paix. Si nous sommes prêts à chercher celle-ci selon les voies de Dieu, nous ne souhaiterons pas simplement le bien-être et le confort dans les satisfactions matérielles, ou une fausse paix passive obtenue en cédant au mal. Nous rechercherons plutôt le dynamisme du bien actif, par quoi le monde avance vers des concepts de justice plus élevés et vers l'expression plus large du bon vouloir.
En général les prières de la chrétienté sont des supplications, implorant Dieu pour qu'il donne à Son peuple la paix. Le Scientiste Chrétien a plutôt recours à recours à la prière de l'affirmation fondée sur la certitude que Dieu donne vraiment à l'homme la paix, et qu'il l'a toujours donnée à Sa création, aux enfants de l'Esprit.
Il est bon de prier (Matth. 6:10): « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Il est juste également de prier en disant, selon l'interprétation qu'a donnée de ce passage Mrs. Eddy (Science et Santé, p. 17): « Donne-nous de savoir que, — sur la terre comme au ciel,— Dieu est omnipotent, suprême. »
Étant sûrs que Dieu seul est l'auteur de l'univers spirituel, de tout ce qui existe réellement, et qu'il n'est aucun pouvoir en dehors de Lui, nous pouvons et devons mentalement affirmer avec insistance que « le Seigneur tout-puissant » règne dans les cieux et sur la terre; que la paternité de Dieu implique la fraternité des hommes; et que cette bienfaisante vérité doit être reconnue par tous, quels que soient leur race ou le pays qu'ils habitent. Déclarer ces faits spirituels et se rappeler pourquoi l'on sait qu'ils sont vrais, c'est contribuer pour une grande part à prévenir une guerre mondiale, à prouver que les désaccords entre nations peuvent être réglés d'une manière pacifique, à faire finalement reconnaître que la Vérité seule triomphe.
Le chrétien sincère dont les pensées se fondent sur ces propositions ne se laissera jamais induire à croire que la guerre, particulièrement une troisième Guerre mondiale, soit inévitable. Trop de personnes semblent aujourd'hui admettre étourdiment ou passivement cette suggestion. Pourtant, l'histoire de la race humaine montre que dans bien des cas les conflits furent évités. Et si nous considérons la nature de la création spirituelle, nous pouvons voir et comprendre que le mal n'est jamais réel ou inévitable; que seul Dieu, le bien, et Sa manifestation sont présents et possèdent le pouvoir.
Nous attachant à la vérité, nous rejetterons à coup sûr une autre suggestion spécieuse — la nécessité ou les avantages d'une « guerre préventive. » Au fond, chacun de nous doit veiller sur sa conscience pour ne point permettre que la malice, la haine, l'esprit de vengeance, les soupçons injustes y prennent racine. A cet égard les paroles de Jésus sont applicables (Matth. 10:36): « L'homme aura pour ennemis ceux de sa propre maison [mentale]. » En effet, les mauvaises pensées fausseraient notre vision quant à notre frère comme fils de Dieu. En ce qui concerne les erreurs qu'une autre personne, une autre nation, un groupement quelconque semblent manifester, il importe surtout que pour corriger l'erreur nous cultivions et maintenions la vérité — le fait que l'homme réel est spirituel.
Il y a quelques années, The Christian Science Monitor fit paraître à la page du Home Forum un poème qui contenait ces lignes, nous incitant à scruter nos dispositions:
Si vous avez un ennemi,
Préférez-vous qu'il souffre
Ou voulez-vous qu'il change?
Les possibilités d'un changement paisible sont incommensurables. Jadis quand les armées du roi d'Assyrie proférèrent des paroles blasphématoires contre le Seigneur Dieu, elles furent vaincues sans aucune bataille et leur chef retourna dans son pays, comme en fut témoin le roi Ézéchias (II Rois 19 et II Chron. 32). A ceux qui voulaient le suivre, Jésus dit (Luc 21:9, 28): « Quand vous entendrez parler de guerres et de séditions, ne vous effrayez pas, » mais plutôt « redressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance est proche. »
Lorsque nous prions journellement pour nous-mêmes, pour le mouvement de la Science Chrétienne et pour le monde, nous pouvons chercher à comprendre que tous les hommes sont réellement frères, qu'en vérité ils ne peuvent être asservis par des tyrans humains ou par leurs propres illusions haineuses, et que l'erreur une fois démasquée se détruit tôt ou tard mais ne saurait détruire l'humanité.
A la page 9 de Miscellaneous Writings, Mrs. Eddy nous donne cette assurance: « ‟Aime tes ennemis” équivaut à ‟tu n'as point d'ennemis.” » Quand nous voyons chaque prétendu antagoniste sous son vrai jour, c'est-à-dire comme fils de Dieu; quand nous voyons que toute erreur agressive ou tyrannique n'est qu'un magnétisme animal impersonnel — nous aidons grandement à mettre en lumière le néant du mal, sans que se produise la chimicalisation de la guerre. Nous serons ainsi de vrais pacificateurs.