Dans son entretien avec Nicodème, Jésus le Christ sépara nettement l'Esprit d'avec la matière. Il dit (Jean 3:6): « Ce qui est né de la chair est chair et ce qui est né de l'Esprit est esprit. » En outre il affirma que personne ne peut entrer dans le royaume de Dieu à moins d'une nouvelle naissance ― qu'il nous faut « naître d'eau et d'Esprit. » En d'autres termes, par une purification morale et spirituelle chacun doit obtenir un nouveau concept de lui-même, de sa nature spirituelle.
Si Nicodème venait trouver Jésus, c'était sans doute pour apprendre comment il pourrait accomplir des miracles semblables à ceux du Maître. Les explications de Jésus impliquaient des vérités profondes qui ne furent guère comprises avant la découverte de la Science Chrétienne par Mary Baker Eddy. Il enseigna notamment que l'Esprit ou Dieu n'est point le créateur de la chair. Puisque la compréhension de ce fait guérit, la croyance opposée d'après quoi l'Esprit créerait la chair doit être une cause apparente de maladie. Mrs. Eddy guérissait avec une pleine assurance, et grâce à sa découverte d'innombrables personnes ont appris à guérir; or elle écrivait en parlant de l'idolâtrie (The People's Idea of God, p. 4): « Le péché, la maladie, la mort tirent leur origine de la croyance que l'Esprit s'est matérialisé en un corps, que l'infini est devenu le fini, ou l'homme, que l'éternel est entré dans le temporel. »
La croyance que l'Esprit devient matière, qu'il se transforme en chair par une espèce de condensation comme la vapeur se change en eau, n'est nullement soutenue par la Science Chrétienne Notre Leader enseigne toujours que l'Esprit et la matière n'ont aucun point de contact, puisque celle-ci est irréelle. Loin d'être l'individualité véritable, le corps physique en est la contrefaçon. L'homme réel est individuel mais incorporel. Étant spirituel, il ignore la matière ou ce qui est fini. N'ayant pas conscience de la matière, il ne connaît point le péché, car ces deux choses qui manifestent le prétendu entendement charnel sont inséparables. N'étant pas joint à la matière, l'homme n'est nullement limité.
Paul exhortait en ces termes ceux qui le suivaient (Gal. 5:16, 17): « Marchez selon l'Esprit, et vous n'accomplirez point les désirs de la chair. Car la chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair, et ces deux choses sont opposées l'une à l'autre. » Parce qu'il comprenait les enseignements du Christ Jésus, Paul pouvait maîtriser la chair; nous savons qu'il guérissait les malades et ressuscita même des morts. Devant les conditions de la chair, il ne se sentait pas faible, car il en connaissait la nature, contraire à celle de l'Esprit.
Les Scientistes Chrétiens luttent contre la chair en détruisant les caractéristiques de l'entendement charnel qui constituent précisément la chair. Ils savent que quand ils seront suffisamment purifiés, spiritualisés, elle disparaîtra pour eux comme ce fut le cas pour Jésus. Mais ils savent aussi que cette purification doit se marquer par leur aptitude à guérir les malades et les pécheurs, à rendre aux morts la vie. Aussi s'efforcent-ils actuellement d'atteindre à la Science parfaite de la guérison pour prouver la plénitude et la réalité de l'Esprit, le néant et l'irréalité de l'entendement charnel.
Concernant la nature de la matière, la Science Chrétienne est à l'avant-garde de la pensée humaine. Elle affirme que ce que les sens matériels prennent pour une substance solide n'est qu'une impression mentale faite sur ces sens, bien qu'elle paraisse substantielle. Mrs. Eddy déclare dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 479): « La matière n'existe pas en soi, et n'est pas non plus un produit de l'Esprit. Tout ce que l'œil voit, c'est une image de la pensée mortelle reflétée sur la rétine. » Puisqu'il en est ainsi, un changement de la pensée mortelle doit sans aucun doute changer l'image reflétée sur la rétine; et quand la pensée mortelle disparaîtra, la matière ne pourra que disparaître.
Ce qu'on nomme l'entendement mortel voit naturellement ce qu'il croit, extériorise pour son propre sens les concepts qu'il entretient. Afin d'illustrer la chose, citons les rêves de la nuit où les pensées nous apparaissent avec vigueur comme des objets, pour disparaître dès que le rêve prend fin. Tant qu'on regarde la matière comme une chose extérieure à la pensée, l'on n'a guère de pouvoir sur elle. Mais dès qu'on a saisi que c'est un mode de pensée mortel, irréel, on commence à se rendre maître des conditions matérielles. Cherchant de tout son cœur l'influence ineffable de l'Esprit, le disciple peut sentir la présence de cet Esprit, à la lumière duquel la matière n'a plus d'importance ou de réalité.
Pour suivre le conseil de Paul et marcher selon l'Esprit, il faut que nous exprimions les qualités spirituelles ― l'activité, la justice, l'intelligence, l'amour ― qui nous libéreront toujours davantage de la matière. Il faut que nos pensées se tournent vers l'Esprit assez longtemps et assez souvent pour nous rendre sensible sa présence ennoblissante. Nous devons chérir la pureté, le calme de l'Esprit jusqu'à ce que nous soyons non seulement réconfortés mais transformés, jusqu'à ce que le corps devienne harmonieux et se conforme au décret divin ordonnant la santé. Subjuguer ainsi la chair, c'est faire un grand pas en avant, chose indispensable pour sortir de la croyance à la matière.
Dans un sermon intitulé Christian Healing, Mrs. Eddy nous donne cette assurance (p. 18): « Il n'y a point de connexité entre l'Esprit et la matière. L'Esprit n'est jamais entré dans la matière et n'en est point sorti; le bien et le mal n'ont jamais demeuré ensemble. » De tout temps la fausse théologie s'est efforcée de joindre ce qui ne peut être uni. Mais la Science Chrétienne établit une séparation entre les éléments du bien et du mal, entre le réel et l'irréel, entre l'Esprit et la chair; elle montre qu'une union quelconque entre ces opposés doit être illusoire.
Dans la pratique de la Science Chrétienne, le succès dépend de l'aptitude à séparer les sens matériels, qui prétendent produire et soutenir la chair, d'avec le sens spirituel qui nous fait connaître les choses de Dieu. Quand on s'identifie avec la conscience spirituelle individuelle qui reflète Dieu; quand on n'abandonne jamais cette identification véritable ― l'on se trouve guéri et l'on atteint un niveau spirituel plus élevé. Pas à pas le disciple peut prouver que l'homme n'est point une créature double, à la fois matérielle et spirituelle; c'est une unité, une idée divine, une expression de l'Esprit dont l'existence déroule éternellement la perfection du Principe, source de cette existence.
    