Pour l'opinion religieuse traditionaliste, les grands faits spirituels restés jusqu'à présent inaperçus semblent radicaux et même révolutionnaires; évidemment, quand la Science Chrétienne affirme que le Principe et son idée, l'homme, sont à jamais parfaits, cette déclaration absolue contredit le témoignage des sens physiques. La doctrine de la Science Chrétienne n'est pas conservatrice. On ne peut l'accepter sur un terrain conservateur ou avec certaines réserves.
La Vérité est une robe impartagée. Le réel ne s'exprime point par des vérités partielles, incomplètes. Le Psalmiste s'écriait (Ps. 117: 2): « La vérité de l'Éternel demeure à toujours. » Ainsi ceux qui veulent démontrer la Science Chrétienne ne peuvent accueillir seulement quelques-unes de ses déclarations et en rejeter d'autres, sous prétexte qu'elles ne sont pas essentielles ou pratiques.
L'une des affirmations les plus radicales de la Science Chrétienne, à quoi s'achoppent souvent les personnes qui ne la comprennent pas, c'est que la maladie est irréelle. Quand nous déclarons que la maladie n'a point de réalité fondamentale mais n'est qu'une croyance, un tableau mental défectueux, certains en sont bouleversés, parfois même fort irrités. Nous pourrions bien leur poser cette question: « Désirez-vous qu'on vous dise que vous êtes réellement malades, que vous souffrez et mourrez bientôt? » Pourquoi les gens consultent-ils un docteur? Pour se débarrasser d'une maladie, pour que celle-ci devienne irréelle, soit détruite.
Si la maladie était vraiment une réalité, que pourrait-on faire à ce sujet? Si les maux étaient réels, la Science Chrétienne et toutes les autres méthodes curatives ne serviraient de rien. Nous n'aurions aucun espoir. Si la maladie était un fait, la chirurgie ou la médecine pourraient-elles la détruire?
Quand nous disons: la maladie n'existe qu'en tant que croyance — nous entendons qu'elle est mentale, primitivement et totalement. En l'absence de pensée, l'on ne pourrait avoir conscience soit de la maladie, soit de la douleur. En d'autres termes, la Science Chrétienne déclare que la maladie, le péché, les discords de tout genre ne peuvent se présenter que là où pensent les humains; ces choses apparaissent subjectivement comme fausses images mentales dans ce que l'on nomme la conscience humaine ou mortelle. Pour nous la maladie n'est qu'une prétention, une erreur qui se dit réelle. Si elle possédait vraiment une entité elle serait éternelle, et l'on ne pourrait la détruire.
Dans son livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy, Découvreuse de la Science Chrétienne, déclare (p. 169): « Non seulement la Science révèle l'origine de toute maladie comme étant mentale, mais elle déclare aussi que toute maladie est guérie par l'Entendement divin. Il ne peut s'effectuer de guérison que par cet Entendement, quelle que soit la confiance que nous mettions en un médicament ou en tout autre moyen vers lequel la foi ou les efforts humains sont dirigés. C'est l'entendement mortel, non la matière, qui procure aux malades tout le bien qu'ils semblent recevoir de la matérialité. Mais les malades ne sont jamais réellement guéris que par l'intermédiaire de la puissance divine. Seule l'action de la Vérité, de la Vie et de l'Amour peut donner l'harmonie. »
Grâce à la prière ou au traitement par la Science Chrétienne, les maux et les discordances s'évanouissent. Pourquoi? Parce qu'ils n'ont jamais eu de réalité, d'existence véritable. L'irréalité des maladies repose sur ce fait scientifique et logique: une cause éternelle entièrement bonne, existant par soi-même, ne saurait produire les maux, qui n'ont donc aucune place en Dieu ni dans Son être parfait où tout est inclus.
Pour démontrer ces affirmations, il faut vous détourner du tableau matériel et des symptômes physiques. Dans la Science Chrétienne, on vous engage à maintenir en pensée et en paroles ce qui doit être le fait spirituel au sujet de vous-même et d'autrui. Comme les disciples de Jésus, il vous faut jeter votre filet du côté droit, dans les eaux non de l'erreur mais de la Vérité.
La Science Chrétienne dit: « Commencez maintenant même à réaliser en ce qui vous concerne les faits divins, positifs. Apprenez à voir combien de déclarations véridiques vous pouvez faire à votre égard, et renoncez à soutenir ce qui est affligeant, erroné, négatif. » Qu'estce que c'est qui nous suggère, à vous et à moi: « Je suis malade; j'ai la migraine; j'ai une douleur au côté; j'ai des rhumatismes » ? L'entendement mortel ou le sens personnel. Or qu'est-ce que ce sens-là? C'est la suggestion mesmérique d'après quoi nous serions des entités corporelles et non les idées spirituelles de l'Entendement. Le sens corporel, c'est la croyance de vie et d'intelligence dans la matière — l'opinion que l'existence est séparée de l'Esprit, de Dieu.
Quand la douleur, la crainte, la maladie, présentent leurs arguments, il faut du courage, une vraie perception spirituelle et même du caractère pour exclure la persistante suggestion de corporéité. C'est surtout le cas lorsque le sens personnel prétend parler pour nous et dire: « Je suis malade, » ou « Je suis triste. » Mais au fond, que sommes-nous en réalité, vous et moi? Dans Science et Santé, Mrs. Eddy nous donne cette définition (p. 281): « L'Ego-homme est le reflet de l'Ego-Dieu; l'Ego-homme est l'image et la ressemblance de l'Entendement parfait, Esprit, Principe divin. »
Évidemment donc, le moi ou l'ego que vous êtes et que je suis, c'est la réflexion, la manifestation individuelle de l'unique Ego; sur cette base nous pouvons et devons déclarer: « Je suis parfaitement bien, car je sais que mon être véritable exprime l'action parfaite, éternelle. Je suis l'image ou le reflet de l'Esprit, de l'Ame. »
Par tradition et par toutes sortes d'habitudes formées dès l'enfance, nous nous sommes liés à un corps matériel qui semble inséparable de notre concept de l'existence; il ne faut donc guère nous étonner si nous ne pouvons pas immédiatement et toujours reconnaître notre nature mentale, spirituelle. Mais sans aucun doute la pensée constitue notre entité réelle. Mieux on reconnaît et comprend l'individualité spirituelle de l'homme, moins on risque de consentir aux suggestions du sens physique de l'être.
Pour la guérison par la Science Chrétienne, la règle suivante est fondamentale: Il faut rejeter tout concept voulant nous identifier ou nous associer à un corps matériel; il faut sans cesse affirmer et réaliser le véritable être ou corps de l'homme, c'est-à-dire la conscience spirituelle individuelle. Sous la rubrique marginale « Corps insensible » Mrs. Eddy, à la page 280 de son livre de texte, affirme: « L'homme, bien compris, au lieu de posséder un corps matériel sensible, a un corps insensible; et Dieu, l'Ame de l'homme et de toute existence, étant perpétuel dans Sa propre individualité, harmonie et immortalité, communique ces qualités à l'homme et les perpétue en lui par l'Entendement, non par la matière. »