Pensez-vous qu'une condition matérielle doive changer avant que l'harmonie prévale? L'inharmonie semble-t-elle liée au climat, à l'altitude, aux rapports avec autrui, au genre de travail, à quelque maladie physique? L'expérience prouve que la raison humaine fondée sur des prémisses matérielles est incapable de savoir ou de dire précisément ce qu'il faut pour corriger une situation pénible. La Science Chrétienne montre que l'homme est toujours au niveau même de la perfection. En conséquence nous avons surtout besoin d'une meilleure compréhension de Dieu et de l'homme ainsi que des qualités spirituelles que l'homme reflète — obéissance, gratitude, probité, amour, et cœtera. Lorsqu'on les entretient dans la conscience, ces qualités mettent en lumière la véritable identité de l'homme et chassent l'erreur de tout genre.
Dans le livre de texte Scientiste Chrétien, Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy nous apprend ce qui répond à nos besoins. A la page 4 elle écrit: « Ce dont nous avons le plus besoin, c'est la prière du désir fervent de croître en grâce, exprimé par la patience, l'humilité, l'amour et les bonnes œuvres. » Cette exhortation se rapporte non pas aux conditions physiques, à ce que demandent les cinq sens matériels, mais aux idées spirituelles nécessaires pour faire face à tous les besoins.
Les paroles que nous avons citées mentionnent certaines obligations que doivent remplir le disciple ou le groupe pour que, grâce à la prière, la compréhension spirituelle vienne éclairer leur route.
La prière consiste à se tourner vers Dieu. Prier signifie écouter, être attentif au plan de Dieu qui Se révélera pour la conscience; ce n'est point dire à l'Éternel comment Il peut ou doit faire réussir une ligne de conduite recommandée par le suppliant. Cette première condition est indispensable à la prière efficace, et l'auteur du présent article en eut la preuve lorsqu'il étudiait depuis peu la Science Chrétienne. Il désirait faire le commerce des produits agricoles. Lorsqu'il eut beaucoup prié, réfléchi, il se présenta une occasion lui permettant de s'établir pour l'achat des pommes de terre en gros. Il semblait n'y avoir aucun obstacle; tout le monde était bien disposé et les fonds ne manquaient point. Il ne restait plus qu'à signer le contrat définitif. Sans raison apparente, la chose traîna et l'auteur eut recours à un praticien de la Science Chrétienne. Mais la décision finale tardait encore; le contrat n'était pas signé. De jour en jour l'attente se prolongeait, de sorte qu'une déception semblait inévitable. Six jours après que les premières offres eurent été faites, des pluies inopportunes compromirent la récolte. Si les choses avaient marché comme l'espérait l'auteur, c'eût été pour lui une grosse perte qui l'aurait fortement endetté. Mais vu les circonstances, nul ne fut ruiné, et ceux qu'atteignait le dommage pouvaient le supporter. L'auteur a toujours été reconnaissant de cette protection et d'une expérience qui lui apprit à prêter l'oreille pour être guidé par l'Entendement divin. Lorsqu'on écoute et prie, l'on peut être sûr d'entendre les directions de Dieu, car Sa présence remplit l'espace; avec sollicitude Il gouverne l'homme en tout temps.
Pour croître en grâce, il faut chez le disciple un désir fervent. Celui qui ne tient pas à faire des progrès reste plus ou moins stationnaire. Avant d'aider ceux qui en avaient besoin, Jésus demandait parfois (Jean 5:6): « Veux-tu être guéri? » En d'autres termes, souhaites-tu le changement de pensée qui conduit à la régénération? Si l'on ne désire pas croître en compréhension, l'on fait peu d'efforts pour améliorer son propre caractère; il en résulte que la suffisance, le contentement de soi, met obstacle aux progrès et à l'harmonie.
Pour que la prière soit exaucée, il faut que le désir de croître en grâce s'exprime. De quelle façon? Par « la patience, l'humilité, l'amour et les bonnes œuvres. » Il faut corriger la croyance traditionaliste d'après quoi la patience consiste à subir calmement les attaques de l'erreur. Se soumettre au mal n'est jamais nécessaire; il faut plutôt le vaincre par le bien. La patience n'est donc point la résignation à un triste sort. C'est plutôt l'assurance que le bien seul est vrai, que l'harmonie est à jamais établie dans l'Entendement, même lorsque pour le sens mortel l'erreur semble déchaînée. Jésus maintint ce penser positif quand il dit, devant le sépulcre de Lazare (Jean 11:41, 42): « Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé! Je savais bien que tu m'exauces toujours. »
La force spirituelle marche de pair avec la douceur. L'image reflétée dans un miroir ne peut rien faire par elle-même, elle reproduit simplement l'action de la personne qui se tient devant la glace; ainsi l'homme doit reproduire par réflexion l'activité de Dieu, celle-ci étant toujours harmonieuse car elle s'accorde avec la nature du Dieu qui est Amour. La véritable humilité consiste à reconnaître cela, en étant toujours prêt à sacrifier le vouloir humain pour obéir à la volonté divine. A l'instar de Jésus, le disciple vraiment humble sait que « le Fils ne peut rien faire de lui-même; il ne fait que ce qu'il voit faire au Père » (Jean 5:19). Cette assurance correcte nous donne la maîtrise sur les inharmonies que présente l'entendement charnel.
Considérons ici l'idée spirituelle de l'Amour. Mrs. Eddy déclare (Science et Santé, p. 192): « Tout ce qui maintient la pensée humaine dans la voie de l'amour dégagé du moi, reçoit directement le pouvoir divin. » Nous voyons donc que par l'amour il est possible de comprendre dans une certaine mesure la Toute-puissance. Il est clair également qu'afin de saisir cette puissance, l'amour doit être pur, sans égoïsme. Ce doit être un amour qui donne sans compter sur une récompense, un amour spirituel sincère envers tous, y compris ceux qui ne nous aiment pas. Il s'agit d'aimer un frère moins heureux que nous qui pour le moment ne peut s'acquitter de ses obligations; il faut aimer à servir ceux qui ont besoin d'aide, à guérir la fatigue et la tristesse de la race humaine. Surtout, l'amour sincère doit contribuer au bien de tous ceux avec lesquels nous sommes journellement en contact.
L'expression de notre vraie nature par l'amour comporte deux éléments. L'un est actif et nous pousse à rendre service, comme l'indique le paragraphe précédent; l'autre peut sembler plus passif mais il est pourtant nécessaire — il faut comprendre le néant des erreurs que commettent les humains, même lorsqu'ils cherchent à se réformer. Cet aspect de l'amour, c'est le pardon. Il peut sembler que celui qui pardonne aide uniquement son prochain, mais au fond il se rend service à lui-même. Jésus le fit voir dans l'oraison dominicale lorsqu'il dit (Matth. 6:12): « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. » Si dans nos rapports avec nos frères nous refusons de pardonner, la rancune et la pitié égotiste tendent à s'accroître. La meilleure manière de vaincre ses ennemis c'est de leur pardonner, en les aimant. Cette méthode est efficace, quelle que soit la nature du soi-disant adversaire.
Quand la patience, la douceur, l'amour prévalent dans la pensée, il en résulte naturellement de bonnes œuvres, car la pensée gouverne l'action. Il est clair que le péché, la maladie, la discordance, la mort, n'existent point en dehors de la matière. L'homme étant spirituel, ce dont nous avons vraiment besoin doit être spirituel de sa nature. Les remèdes matériels ne sauraient s'appliquer aux conditions spirituelles. Donc ce qu'il nous faut avant tout, c'est « la prière du désir fervent de croître en grâce, prière exprimée par la patience, l'humilité, l'amour et les bonnes œuvres. »