La manière dont la Science Chrétienne attaque la question du péché est originale en même temps qu'efficace. Cette Science se base sur la perfection de Dieu et de l'homme; elle en déduit la fausseté du sens mortel de l'existence, ce qui sape les fondements mêmes du mal. Quand ils sont détruits, tout l'édifice du péché s'écroule. « Lorsque nous nions l'autorité du péché, nous commençons à le saper; car cette dénonciation doit précéder sa destruction, » déclare la Découvreuse de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy, à la page 63 de Rétrospection et Introspection.
Le péché n'a point d'autorité, car il est sans Principe — Dieu ne le soutient pas. Son existence est hypothétique. Dans son acception la plus large, le péché est le faux sens mortel de l'existence. C'est l'entendement charnel qui prétend avoir pour manifestation des mortels pécheurs, au mépris du fait que l'homme, rejeton de l'Esprit, est immortel, spirituel, incapable de pécher. La Science Chrétienne montre que pour s'affranchir des tendances pécheresses, il faut reconnaître l'irréalité du songe de la vie dans la matière, s'en séparer mentalement et s'éveiller au vrai sens du moi, qui demeure dans l'Esprit. L'homme n'est pas un pécheur; un moi coupable représente seulement un état illusoire d'après quoi la matière serait douée de sensation et la pensée descendrait vers la terre — loin de ce qui est pur, semblable à Dieu.
La Science Chrétienne a révélé que les sens de l'homme sont spirituels. Ils absorbent les impressions célestes — la satisfaction spirituelle, l'autorité divine, le fait que Dieu est toujours présent. Le péché a sa demeure dans les sens corporels dont le genre humain devra reconnaître la nature fallacieuse: ils contrefont la réalité et n'appartiennent nullement à l'homme créé par Dieu. Ce sont les loups déguisés en brebis contre lesquels Jésus nous mettait en garde, disant: « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits » (Matth. 7:16). Le Maître savait que même s'ils annoncent parfois le bien, ils produisent toujours le mal.
A plusieurs reprises dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy démasque la fausseté de ces sens; le passage suivant est à cet égard l'un des plus vigoureux (pp. 293, 294): « Les cinq sens physiques sont les voies et les instruments de l'erreur humaine, et correspondent à l'erreur. » Il faut bien comprendre leur caractère illusoire si l'on veut réduire au silence leurs exigences matérielles tyranniques et démontrer la complète satisfaction de l'homme dans l'Esprit.
Parce que l'homme possède seulement les sens dont l'Ame est la source, il ignore la matière ou les sensations matérielles. Ses pensées s'élèvent spontanément dans les régions spirituelles. S'identifier avec ce fils incorporel de Dieu, c'est avoir une base de vérité solide; partant de là, le disciple peut rejeter et détruire la croyance illusoire qu'il est un mortel incapable de résister aux assauts du mal. Ce traitement scientifique de l'erreur n'a rien de commun avec le stérile effort qui cherche à séparer le péché d'avec le pécheur. Il faut voir au contraire que la conscience mortelle et son concept, l'homme mortel, sont inséparables; l'un et l'autre doivent disparaître devant la révélation de Dieu comme Tout-Entendement et de l'homme tant qu'idée divine immaculée.
La condamnation de soi-même tend à maintenir les hommes sous l'empire des exigences qu'émet sans cesse l'erreur. Cela montre que l'on n'a pas abandonné la croyance au moi mortel, que d'une manière négative et morbide l'on s'y attache encore. Se repentir, ce n'est pas se condamner soi-même. La repentance est salutaire, indispensable. Elle montre que les fondements du péché se détruisent et qu'on se tourne avec espoir vers un jour meilleur, car on reconnaît la pureté, ce précieux héritage de l'homme. Le vrai repentir produit la régénération, sans laquelle nul n'échappe à la mortalité. Notre Leader écrit (Miscellaneous Writings, p. 107): « Personne n'est ou ne peut être un Scientiste Chrétien à moins de connaître ses propres péchés et d'en éprouver une repentance si radicale qu'elle les détruit. »
S'il n'éprouve aucun repentir, l'entendement humain est endormi, plongé dans le songe de la vie matérielle; il cherche à justifier ses actions et ne voit pas qu'il suit le chemin de l'erreur, condamnée à se détruire. Mais les victimes du mal qui se repentent avancent vers la maison du Père, même si elles ne sont pas encore entièrement affranchies du péché et de son étreinte hypothétique. Tôt ou tard elles atteindront le but, parce que l'Amour rend possible la rédemption; il permet de détruire le mal grâce au pouvoir spirituel que mettent en lumière les bons désirs.
Lorsque Jean-Baptiste vit venir à lui le Christ Jésus, il s'écria (Jean 1:29): « Voici l'agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. » Il avait reconnu le Christ que le Maître manifestait — la Vérité dont l'action rédemptrice est universelle. Jean prophétisa la destruction complète du péché par le Christ. La Science Chrétienne est la Science du Christ. Elle fait voir que dans son acception universelle, le Christ représente l'homme réel, la pure individualité non seulement du Chrétien par excellence, mais de chacun. Elle explique que le symbole de l'Agneau employé métaphoriquement par les Écritures représente la conscience purifiée par l'immolation librement consentie; il désigne la candeur et l'innocence de l'homme-Christ, idée de l'Amour.
Ainsi, chose admirable et qui peut paraître étonnante, les prophètes ont choisi l'agneau pour symboliser le pouvoir de l'innocence sur le mal. En effet sa douceur, son caractère inoffensif sont l'antipode même des choses auxquelles le monde attribue l'autorité. Mais la Science Chrétienne démontre que la pureté est toute-puissante. Exercer le pouvoir que possède l'Agneau de Dieu exige le sacrifice de soi-même — l'abandon non pas du moi réel, mais de ce qui est pécheur, sans réalité. Il faut prouver toujours davantage que les sens physiques, où le péché semble prévaloir, n'ont point d'identité ni d'existence véritable.
Si notre Maître subit la crucifixion « comme l'agneau qu'on mène à la boucherie » (Ésaïe 53:7), c'était non pour apaiser un Dieu plein de courroux, mais pour démontrer la puissance de la pureté sur le mal, le pouvoir de la conscience-Christ chassant l'illusion de la mort. Tous les humains doivent suivre son exemple et sacrifier le sens mortel. La résurrection de Jésus sera la leur dans la mesure où ils comprennent cette leçon et s'élèvent jusqu'à la conscience de leur vie dans l'Esprit, éternelle, individuelle.
Toute pensée conduisant à la correction, à la guérison, prouve la venue du Christ — l'immortelle individualité de l'homme — ôtant les péchés humains. Le repentir, la détermination de rejeter la tyrannie des sensations trompeuses, le courage qui permet d'affronter sans crainte le péché, enfin la réformation, tout cela prouve que la conscience humaine voit apparaître le fils de Dieu, affirmant l'autorité divine sur le mal incarné. S'il réalise ce fait, le pécheur repentant peut se réjouir, car sa libération approche. Il devrait saluer avec l'assurance de la victoire les signes indiquant l'apparition de son vrai moi, car le Père est constamment avec le fils; et tout ce que l'erreur prétendit accomplir par l'illusion du péché trouve, grâce à l'Amour, une entière compensation.
