Le soleil et ses rayons sont un. Le soleil s'exprime par les rayons mais ceux-ci n'ont point de pouvoir indépendant, pas d'autre fonction que de réfléchir les qualités du soleil. Cela laisse entrevoir une vérité spirituelle fondamentale que Mary Baker Eddy, dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (pp. 465, 466), expose en termes simples et catégoriques: « Le Principe ne fait qu'un avec son idée, et cet un est Dieu, Être omnipotent, omniscient et omniprésent, et Son reflet est l'homme et l'univers. »
Parce qu'il est un avec Dieu, l'homme, idée divine, trouve en l'Éternel le pouvoir, la sécurité, l'humilité. Conscient de son union avec la Vie et l'Amour, il peut agir dans la plénitude de ses forces, revêtu de la lumière et du charme que donnent les qualités spirituelles, humble et ferme en vertu de son origine. Telle est la vérité au sujet de l'homme spirituel — le seul qui soit. Peut-être le sens matériel a-t-il de la peine à croire et à comprendre cela. Pourtant quand le soleil est caché par des nuages, la croyance matérielle s'incline devant la compréhension scientifique, et personne ne met en doute l'existence du soleil et de ses rayons. De même le faux témoignage des sens touchant l'homme, sa santé, sa nature, ses qualités, ses caractéristiques, doit faire place à la compréhension de la Science divine.
Dans l'allégorie biblique où figurent Adam et Éve, le serpent apparaît pour les tenter astucieusement, pour prétendre que l'homme est séparé de son Créateur. « Vous serez comme des dieux » (Gen. 3:5) — telle est l'insidieuse suggestion de ce que Mrs. Eddy nomme le sens corporel. Étant accepté, celuici fait croire à nos premiers parents qu'ils se sont éloignés de Dieu et qu'eux-mêmes ne s'entendent plus. La crainte, la honte, le labeur pénible, l'exil, voilà ce qu'ils récoltent parce qu'ils ont perdu l'humble conscience de leur union avec Dieu, source de tout être.
Ce serpent ou sens corporel prétend parler même aujourd'hui; il cherche à faire croire que nous sommes séparés de notre être réel, que nous ne sommes plus unis à la Vie, à l'Amour. Quelquefois il semble s'adresser à nous par l'intermédiaire d'un collègue, d'un critique, d'un ami. « Tu as trop travaillé, » déclare-t-il; ou encore: « Votre mauvaise santé est un héritage que vous tenez de votre mère; » dans d'autres cas: « Tu n'es pas très intelligent; » et même: « Personne ne tient à toi, ne désire ta présence. » Le Scientiste Chrétien vigilant reconnaîtra sans peine, que le serpent lui parle; en silence, avec humilité et gratitude, il affirmera son union avec Dieu, son seul Père-Mère. Réalisant qu'il est un avec l'activité spontanée de la Vie, avec la joie radieuse et permanente de l'Ame, avec l'intelligence de l'Entendement, avec les faits salutaires de la Vérité, avec l'immuable harmonie du Principe, l'inviolabilité de l'Esprit et les dons inépuisables de l'Amour, il ne sera point troublé par la sympathie peu judicieuse des amis ou par les mauvais desseins des adversaires.
Le Scientiste Chrétien devrait également se tenir en garde lorsque ces suggestions se présentent à lui comme si elles étaient ses propres pensées. Dans ce cas elles sont encore plus insidieuses; il faut les affronter résolument, sans délai. Le sens corporel ne fait point partie de l'homme, il ne se rattache ni à notre vrai moi ni à celui de notre frère. Il voudrait nous prescrire un faux sens d'humilité. « Je suis incapable d'accomplir cela, » dira-t-il peut-être; « je n'ai jamais eu que des échecs. » D'autres fois il veut nous persuader que nous sommes à plaindre, ou encore que nous sommes un personnage important. « Nul ne se rend compte des problèmes auxquels je dois faire face, » suggérera-t-il.
Dans tous les cas le remède est pareil: il faut comprendre qu'étant l'idée de Dieu, l'homme ne fait qu'un avec son Père. Mettre en doute les aptitudes qui sont nôtres par réflexion, ce n'est pas de l'humilité. Se prendre pour un personnage important n'est pas légitime puisque l'homme ne possède aucun pouvoir indépendant; quant à s'apitoyer sur soi-même, la chose est impossible si l'on se souvient qu'être enfant de Dieu c'est la plus grande gloire. « Moi et le Père, nous sommes un, » dit Jésus (Jean 10:30); il continuait à le réaliser en face des condamnations, de l'adulation, et lorsqu'il communiait avec Dieu. Quand le sens corporel ou personnel prétend parler en notre propre nom et veut nous faire croire qu'il est un avec nous, la même vérité nous protégera. « Moi et le Père, nous sommes un » — cela est vrai touchant notre moi spirituel; nous pouvons maintenir cette vérité jusqu'à ce que le sens humain cède au fait divin.
Dans le jugement allégorique que présente Science et Santé (pp. 430–442), le Sens Personnel et l'Homme Mortel ne sont point identiques mais sont les deux parties adverses, ce qui est pour nous un réconfort. Le Sens Personnel représente le plaignant et l'Homme Mortel le défendeur. Sous la sage direction de la Science Chrétienne, avocate de la défense, l'accusation du Sens Personnel est absolument réfutée et celui-ci est condamné au silence.
Voici encore une autre phrase significative (p. 430): « Le patient se sent malade, il rumine et le procès commence. » Gardons-nous de retourner sans cesse les choses dans notre esprit, de ruminer. Le Maître ne suivait point cette voie. Il n'ignorait pas la haine de ses adversaires et savait que la crucifixion était proche, mais il ne se livrait point à des réflexions stériles. « Et maintenant, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi, avant que le monde fût, » telle était sa prière (Jean 17:5). Quelle merveilleuse affirmation d'unité, d'unicité! La pitié égotiste, le manque de confiance en soi, la présomption était inconnues au Maître. S'il avait accueilli ces pensées, elles l'auraient séparé du sentiment de son union avec la Vie et l'Amour éternels — certitude qui devait le soutenir pendant le jugement, la crucifixion, la mise au tombeau, pour l'amener au bonheur de la résurrection puis à l'ascension glorieuse.
Aux heures d'épreuve, souvenons-nous d'exprimer les louanges plutôt que les sombres pronostics, la prière au lieu des réflexions chagrines. Reconnaissons que le sens personnel n'est point l'homme, et disons en toute humilité: « Moi et le Père, nous sommes un. » Pensons à la nature de Dieu, affirmons que notre vrai rôle est d'exprimer les qualités divines. Mrs. Eddy déclare dans Non et Oui (p. 36): « Le Christ réel n'était pas conscient de la matière, du péché, de la maladie ou de la mort; il n'était conscient que de Dieu, du bien, de la Vie éternelle et de l'harmonie. Par conséquent le Jésus humain avait recours à son moi supérieur et à sa relation avec le Père, et pouvait se reposer des épreuves irréelles dans la réalité et la royauté conscientes de son être, — tenant le mortel pour irréel et le divin pour réel. »
Suivant ainsi notre Maître, nous constaterons que ce qui paraît une épreuve nous apporte en réalité des flots d'expérience; cette marée montante soulève notre barque et nous fait parvenir à une plus haute compréhension de l'unicité divine.
