Le Psalmiste s'écriait (Ps. 130:7, 8): « Israël, mets ton espoir en l'Éternel; car en l'Éternel se trouve la miséricorde, et la rédemption abonde auprès de lui! C'est lui qui délivrera Israël de toutes ses iniquités. » La Science Chrétienne appuie beaucoup sur la guérison des maux physiques; mais dans tous ses ouvrages celle qui l'a découverte et fondée, Mary Baker Eddy, s'efforce de faire comprendre au disciple et au lecteur que la rédemption individuelle est nécessaire à quiconque veut pouvoir guérir. A la page 150 de son livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures, notre Leader écrit: « Aujourd'hui le pouvoir guérisseur de la Vérité est démontré de tous côtés comme étant une Science immanente et éternelle, au lieu d'une manifestation qui tient du phénomène. Son apparition est le nouvel avènement de l'évangible de “paix sur la terre, bonne volonté parmi les hommes.” Cet avènement, ainsi que le promit le Maître, établit la Science en tant que dispensation permanente parmi les hommes; mais la mission de la Science Chrétienne aujourd'hui, comme du temps de sa démonstration première, n'est pas principalement celle de la guérison physique. Aujourd'hui comme jadis, des signes et merveilles s'opèrent dans la guérison métaphysique de la maladie physique; mais ces signes ne servent qu'à en démontrer l'origine divine, — à attester la réalité de la mission plus haute du pouvoir du Christ, mission qui est d'ôter les péchés du monde. »
A l'instar du Conducteur, du Christ Jésus, notre Leader enseignait et proclamait la nécessité d'une régénération. Du commencement à la fin, la Bible, notre livre de texte et les autres ouvrages de Mary Baker Eddy font ressortir l'idée de la rédemption. Mrs. Eddy déclare qu'il faut reconnaître et corriger l'ignorance spirituelle avant de pouvoir démontrer l'harmonie, la santé, et prouver vraiment que l'on connaît le Christ. Elle nous dit que la connaissance de soi-même est indispensable aux vrais progrès spirituels. Elle montre aussi clairement que la seule manière d'arriver à la rédemption consiste à saisir et à maintenir la perfection de l'homme, présente, éternelle — son être spirituel véritable, indestructible. Ce qui guérit, c'est la conscience de la perfection infinie. Refléter l'Entendement qui était en Jésus-Christ, avoir la révélation de ce qu'est la vraie nature de l'homme, permet de démontrer pleinement la rédemption individuelle.
Le but que s'efforcent d'atteindre les Scientistes Chrétiens sincères est celui-ci: démontrer la présence divine de manière à ce que chaque fois la guérison soit instantanée. Ils reconnaissent que la rédemption individuelle sous-tend l'aptitude à guérir. Ils apprennent en Science que les faits divins deviennent actifs et remplissent leur mission chez ceux dont la conscience est vraiment spirituelle.
Comprendre que la rédemption est chose essentielle, mettre en œuvre avec zèle cette compréhension, ouvre au métaphysicien la voie des réalisations spirituelles illimitées et lui donne le vrai sens de la paix intérieure ainsi que du pouvoir spirituel. La Science Chrétienne exige que chacun travaille pour arriver à la subjugation compléte de soi-même. Ce programme paraît peut-être trop rigoureux à la plupart des gens, qui risquent de s'en détourner; mais en Science Chrétienne la discipline que chacun s'impose à soi-même est fondamentale. Nul ne peut comprendre et recevoir dans leur plénitude les bienfaits de cette Science s'il n'entreprend pas de se corriger au double point de vue mental et moral.
Les humains sont généralement aux prises avec certaines difficultés, avec ce qu'ils nomment des problèmes. Ils ont grand besoin de l'aide divine, ils la désirent, mais ils ne sont pas toujours prêts à remplir les conditions grâce auxquelles on l'obtient. Dans son livre de texte (p. 113) Mrs. Eddy déclare: «Aujourd'hui la lettre de la Science arrive abondamment à l'humanité, mais l'esprit de la ne lui parvient que dans une petite mesure; » l'on peut donc admettre que nos efforts doivent tendre à démontrer l'esprit l'active conscience spirituelle du Christ.
La seule philosophie véritable, c'est la Science du Christ; or nous apprenons en Science Chrétienne que l'esprit de cette philosophie s'acquiert graduellement à mesure que nous démontrons dans notre vie les qualités et les dispositions qui firent de Jésus le Conducteur, le Modèle. Cela implique la rédemption et l'évangélisation du moi humain. Cela comporte certaines luttes. Cela exige la droiture des intensions. Il s'agit en effet de vaincre la fausse individualité, et cette lutte est pleine de grandeur, comme l'affirme Mrs. Eddy.
Tel dira peut-être: « Mais la Science Chrétienne assure que l'être est parfait maintenant même. Pourquoi donc faudrait-il s'occuper de ce qui est complétement irréel? » A cette question notre Leader donne une réponse satisfaisante (ibid., p. 252): « Une connaissance de l'erreur et de ses opérations doit précéder cette compréhension de la Vérité qui détruit l'erreur, jusqu'à ce que toute erreur mortelle et matérielle disparaisse finalement, et qu'on comprenne et reconnaisse le fait éternel que l'homme, créé par l'Esprit et de l'Esprit, est la vraie ressemblance de son Créateur. »
Sans doute nous aimerions mieux penser uniquement aux faits absolus de l'être, mais il convient de nous rappeler l'expérience personnelle de Mrs. Eddy. Comme elle-même l'atteste, elle s'aperçut qu'il fallait reconnaître le contraire hypothétique de Dieu, la croyance au mal; que l'on ne pouvait feindre de l'ignorer mais qu'il fallait y faire face, et par la vision spirituelle en prouver le néant. Le Christ, la Vérité que fait comprendre la Science Chrétienne, ne doit jamais être tenu pour un facteur éloigné de l'existence humaine. Dans la Science Chrétienne, l'élément humain se présente toujours. L'application de la vérité scientifique aux croyances qu'entretient l'humanité, voilà ce qui nous intéresse. L'office du Christ, c'est la compréhension de Dieu agissant dans les circonstances humaines pour détruire et dissoudre la croyance erronée.
La perfection de Dieu ainsi que de l'homme est un fait que les Scientistes Chrétiens prennent pour base de leurs pensées; mais comme l'admet une rubrique marginale que Mrs. Eddy nous donne à la page 233 de son livre de texte, la perfection s'acquiert lentement. Notre Leader reconnaissait la ténacité des opinions humaines et savait que les mortels ne renoncent pas volontiers à certaines croyances; aussi fut-elle assez sage pour voir que la perfection absolue ne démontre pas toujours immédiatement. De même aujourd'hui le Scientiste Chrétien perspicace se rend compte qu'il doit prendre comme base de son penser l'absolue perfection de l'être; mais il reconnaît que dans l'existence humaine il faut graduellement monter pour parvenir à la perfection.
Afin d'avancer sur cette voie, il faut s'efforcer spécialement chaque jour de réformer et d'évangéliser son propre caractère. Cela nous oblige à ne point associer soit nous-mêmes soit notre prochain avec l'égoïsme, la suffisance et d'autres manifestations de l'entendement charnel ou mortel. Touchant ce penser rédemptif qui peut et doit être riche en joie, en inspiration, notre Leader écrit (ibid., p. 242): « L'amour de soi est plus opaque qu'un corps solide. En obéissant patiemment à un Dieu patient, travaillons à dissoudre avec le dissolvant universel de l'Amour le diamant de l'erreur, — la propre volonté, la propre justification et l'amour de soi, — ce diamant de l'erreur qui lutte contre la spiritualité et qui est la loi du péché et de la mort. » Ceux qui comprennent ce passage peuvent-ils dire que la rédemption n'entraîne pas aujourd'hui des efforts et quelquefois même une lutte?
Si l'on observe chez soi une certaine résistance à gravir les marches menant à la perfection, il serait bon de reconnaître que l'adversaire ou la fausse prétention du magnétisme animal veut si possible empêcher les disciples de faire ce qui précisément hâterait leurs progrès, augmenterait leur compréhension et ferait d'eux les vrais démonstrateurs de la Parole.