Nous lisons dans l'Exode que Moïse, pour échapper à la colère du Pharaon, s'enfuit en Madian; qu'il épousa plus tard Séphora et pendant bien des années fit paître les brebis de Jéthro, son beau-père. Durant cette période, Moïse s'approcha toujours davantage de Dieu.
A la pensée réceptive du patriarche Dieu révéla Sa nature, disant: Je suis celui qui suis. Moïse dut livrer d'âpres luttes pour vaincre l'opiniâtreté et la résistance matérielle; alors il fut prêt à remplir sa tâche, aidant à libérer les humains qu'asservissait la matérialité.
Après la sortie d'Égypte, quand Moïse conduisit les enfants d'Israël à travers le désert jusqu'à la terre promise, au pays de Canaan, sa pensée spirituellement éclairée discerna dans une certaine mesure le déroulement par quoi Dieu se révélerait à la conscience humaine réceptive.
Le tabernacle dressé par Moïse au désert symbolisait cette vision, car il avait reçu l'ordre de tout exécuter « selon le modèle qui t'a été montré sur la montagne. » Ce tabernacle que les Israélites dressèrent sous la direction de Moïse comprenait un parvis où l'on offrait des sacrifices; un lieu saint où les prêtres accomplissaient leurs fonctions; un lieu très saint, un sanctuaire où seul le grandprêtre entrait une fois par an pour communier avec le Dieu invisible, offrant un sacrifice d'expiation pour ses propres péchés et ceux du peuple.
Dans ce sanctuaire se trouvait l'arche de l'alliance contenant des tables de pierre sur lesquelles étaient gravés les commandements. L'arche était recouverte d'une plaque d'or pur, aux deux extrémités de laquelle étaient placés les chérubins élevant leurs ailes. La présence de Dieu était censée demeurer là.
Dans l'épître aux Hébreux, il est dit que le Christ Jésus est le « grand-prêtre... ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, dressé par le Seigneur et non par un homme. » A l'avènement du Christ Jésus, le concept d'un tabernacle terrestre fit place à celui d'un sanctuaire céleste. La chose est naturelle puisque le Maître vint accomplir la volonté du Père, détruire les œuvres du diable, — l'idolâtrie, — enseigner que Dieu est Esprit et qu'Il créa l'homme à Son image: spirituel, non pas matériel; sans péché, exempt de maladies, sans âge, impérissable. Parce que Jésus comprenait cet immuable fait de l'être réel, il pouvait guérir les maux, les tourments, rendre aux déments la raison, ressusciter les morts.
Toutefois, chez les Juifs les conducteurs religieux s'occupaient surtout des rites, des cérémonies et des sacrifices matériels en rapport avec les cultes célébrés au temple. Ce matérialisme était le voile qui cachait aux prêtres la vraie nature du Messie; quand il apparut et que tous purent le voir, ils ne reconnurent point dans la spiritualité du Nazaréen humble et puissant le Sauveur longtemps attendu.
Ce qui exaspérait les rabbins plus encore que les enseignements du Maître, c'étaient les preuves qu'il en donnait. La fausse théologie et les systèmes d'adoration matériels se dressèrent contre la pure spiritualité du Christ et provoquèrent la crucifixion de Jésus. Les Évangiles rapportent que lorsque Jésus était sur la croix, « le voile du temple se déchira en deux, du haut en bas. » A cet égard, Mary Baker Eddy donne l'explication suivante: « Il révéla les faux fondements et édifices de la religion superficielle, arracha à la bigoterie et à la superstition leurs couvertures, et ouvrit le sépulcre par la Science divine, — l'immortalité et l'Amour » (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 597).
Dans la résurrection et l'ascension de Jésus, le plan du salut à l'égard du péché et de la mort, que Moïse avait faiblement représenté par le tabernacle avec ses meubles et ses cérémonies, fut spirituellement accompli. Mais la vérité que Jésus le Christ enseignait et démontrait n'était pas accessible à tous avant qu'à notre époque Mrs. Eddy ait découvert la Science de la guérison par l'Entendement telle que Jésus la pratiquait. La révélation de la Science Chrétienne écarte le voile qui cachait l'entrée du lieu très saint; jusqu'alors ceux qui voulaient suivre le Maître n'avaient pu entrer dans le sanctuaire de l'Esprit, de Dieu, où Jésus demeurait habituellement.
Quand les disciples lui dirent: « Enseignenous à prier, » Jésus les mit en garde contre les vaines redites qui resteraient inefficaces. Puis il leur donna ce conseil (Matth. 6:6): « Quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, prie ton Père qui est là, dans le secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te récompensera. » Dans le livre de texte Scientiste Chrétien, Science et Santé, Mrs. Eddy, grâce à l'inspiration qu'elle-même avait reçue, illumine les paroles du Maître. Elle écrit (p. 15): « La chambre symbolise le sanctuaire de l'Esprit, dont la porte se ferme au sens pécheur, mais laisse entrer la Vérité, la Vie et l'Amour. » Puis elle ajoute: « Pour bien prier, il nous faut entrer dans la chambre et en fermer la porte. Nous devons fermer les lèvres et imposer silence aux sens matériels. Dans le tranquille sanctuaire des aspirations ferventes, nous devons nier le péché et affirmer que Dieu est tout. »
Une porte entrouverte n'est pas fermée; or dans ce cas Jésus demande qu'on ferme la porte. Après une lutte prolongée, une Scientiste Chrétienne trouva la guérison en méditant la signification spirituelle du tabernacle et de son sanctuaire.
Elle vit que le lieu très saint peut symboliser la communion silencieuse avec Dieu; elle résolut de rester dans ce sanctuaire et d'en tenir la porte fermée. Elle se détourna mentalement du corps matériel et de la personnalité humaine pour s'attacher à ce qu'elle comprenait touchant l'identité spirituelle de l'homme, image de l'Amour. Elle vit qu'ayant part au pur caractère du Christ, l'homme ne saurait entendre les chuchotements du mal, être tenté par eux ou y répondre. Quand des suggestions de crainte ou de ressentiment se présentaient, elle leur opposait ces déclarations orales ou mentales: « Ma porte vous est fermée, elle ne s'ouvre qu'à l'Amour et à la Vérité. Vous ne pouvez entrer dans ce sanctuaire de l'Esprit où je communie avec mon Dieu. » Elle obtint bientôt une belle guérison qui fut complète.
L'épître aux Hébreux contient cette promesse: « Voici l'alliance que je traiterai avec la maison d'Israël après ces jours-là, dit le Seigneur: Je mettrai mes lois dans leur esprit et je les graverai dans leur cœur... Je pardonnerai leurs iniquités... je ne me souviendrai plus de leurs péchés. »
A la page 244 de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, Mrs. Eddy écrit: « La "retraite" dont parlait David est sans aucun doute le statut spirituel de l'homme à l'image et à la ressemblance même de Dieu, le sanctuaire de la Science divine, où les mortels n'entrent qu'au prix d'une lutte ou d'une épreuve, et où ils se dépouillent de l'humain pour revêtir le divin. »