Pour quiconque voudrait s'affranchir d'une prétention de surdité, il importe d'apprendre à écouter spirituellement. Selon le dictionnaire le verbe « écouter » signifie « faire attention, prêter l'oreille pour entendre. » Dans le livre de texte Scientiste Chrétien, Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy fait voir que les « oreilles » sont « non pas des organes des prétendus sens corporels, mais la compréhension spirituelle » (p. 585). Pour obtenir la compréhension spirituelle et la liberté qu'elle apporte, il faut avant tout « faire attention » — être spirituellement alerte, écouter spirituellement.
Ici la question se pose: A quoi faut-il prêter l'oreille; qu'est-ce qu'il faut écouter spirituellement? La Bible nous le dit sans détour (Ésaïe 1:10): « Prêtez l'oreille à la loi de notre Dieu. » La loi de Dieu donnée par l'Éternel à Moïse, c'étaient les dix commandements. Or le premier de ces commandements, tel que l'explique la Science Chrétienne, établit le fait qu'il existe un seul pouvoir, Dieu ou le bien, et que Sa loi est bonne. Cette loi est celle de l'Esprit, la seule loi véritable, toujours présente et ne cessant d'agir.
Si le disciple porte son attention sur l'étude et la mise en pratique de la Science Chrétienne, il apprend à saisir cette loi, à la mettre en usage, à travailler avec Dieu. A cette fin, il faut écouter la voix de Dieu, suivre Ses directions. Ces paroles de notre Leader montrent bien comment on y arrive (Science et Santé, p. 89): « Nous entendons l'Esprit, Dieu, lorsque les sens se taisent. » Toutes les suggestions erronées des sens matériels doivent être réduites au silence si nous voulons entendre la voix divine. Être ainsi attentif exige le calme, la réceptivité à l'égard du bien, un ardent désir de progresser, une simple confiance dans le pouvoir de Dieu, la certitude que l'Amour divin est toujours présent.
Réduire au silence les fausses suggestions des sens matériels, cela nous donne beaucoup à faire, car souvent les erreurs qui veulent nous empêcher d'écouter spirituellement sont cachées dans les profondeurs du penser humain. L'une des plus agressives, c'est l'erreur du moi. Croire que l'on possède une individualité en dehors de Dieu, c'est se charger des fardeaux inutiles dont s'accompagne ce faux sens du moi, par exemple la volonté personnelle, l'égoïsme, le contentement de soi, le pharisaïsme. Nous lisons dans les Écritures (Gen. 1:26): « Dieu dit: Faisons l'homme à notre image et à notre ressemblance. » En Science Chrétienne, nous comprenons que cette image ou ressemblance est la réflexion de Dieu, de l'Esprit, non pas le soi-disant homme mortel dont les sens sont matériels. Réalisant cette vérité, l'on prend conscience de son identité spirituelle, de l'union avec Dieu, le bien, et l'on voit ce que signifie écouter spirituellement.
Quand nous écoutons Dieu, nous apprenons à faire Sa volonté, à réduire au silence le vouloir personnel. Nous ne permettons pas que tel nous impose sa volonté et nous n'essayons point de faire prévaloir la nôtre. Voyant que tous sont en réalité les enfants de Dieu, qu'ils obéissent à la volonté divine, nous sommes prêts à dire comme Jésus le Christ: « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Matth. 6:10); et nous ne commettons plus l'erreur de prendre une responsabilité qui n'est pas la nôtre. Obéir à la volonté de Dieu nous conduit souvent dans des voies nouvelles et produit dans notre vie quotidienne des changements radicaux, de grands progrès.
Un Scientiste Chrétien persistait à vouloir suivre l'occupation qu'il exerçait depuis des années; quand il cessa d'être opiniâtre, il obtint un poste offrant au point de vue spirituel des perspectives bien plus vastes et lui donnant l'occasion de servir son prochain mieux qu'il n'avait pu le prévoir.
Lorsque nous écoutons Dieu, nous apprenons à n'aimer que le bien, oubliant le moi pour aimer notre prochain comme nous-mêmes. La mollesse, le désir d'être à son aise dans la matière, la satisfaction des sens s'oublient dans la joie de mettre au premier rang les choses spirituelles. Quel plaisir pourrait se comparer avec l'inspiration que trouvent chaque matin les Scientistes étudiant de bonne heure la Leçon-Sermon? Un disciple ayant eu le bonheur de servir sans égoïsme notre bien-aimée Cause, d'en reconnaître les résultats dans de nombreuses guérisons, des fruits abondants, ne peut vraiment désirer mener une existence où prédominent les buts et les intérêts personnels.
Quand nous écoutons Dieu, nous secouons la suffisance, la lourdeur, l'apathie qui marchent de pair avec le contentement de soi-même et le pharisaïsme. Alors nous devenons réceptifs à la tonifiante activité de l'Entendement divin et pouvons entrevoir ses vastes horizons. Écoutant Dieu, nous apprenons l'humilité, nous acceptons avec reconnaissance le bien, sachant qu'il vient toujours du Père. Où qu'elle se présente, l'opiniâtreté cède et disparaît; les progrès du disciple ou de l'église s'accentuent lorsqu'on réduit au néant cette insidieuse forme d'idolâtrie. Car « la résistance est semblable au crime de l'idolâtrie » (I Sam. 15:23). Quelle libération, quelle joie l'on éprouve quand on renonce aux fardeaux du moi!
Selon le premier chapitre de la Genèse, l'homme reçut la maîtrise « sur la terre entière, et sur tous les reptiles qui rampent sur le sol. » La croyance que la surdité vient avec l'âge n'est-elle pas une suggestion fallacieuse qui s'approche comme un serpent? La croyance à une surdité héréditaire ne représente-t-elle pas un décret illégitime? Même si elle s'est glissée dans la conscience de nos parents, nous n'avons point à l'admettre chez nous en nous privant d'une faculté que l'homme tient de Dieu.
La Science Chrétienne affirme que le véritable homme spirituel n'a point passé par la naissance, ne saurait vieillir, tomber malade ou mourir. Comme fils de Dieu, l'homme est parfait, sain, vivant dans l'éternel royaume du Père. Parce que nous sommes vraiment fils de Dieu, il faut que nous revendiquions notre droit de naissance, que nous affirmions notre maîtrise sur ces croyances mauvaises. Compris et démontrés, les faits de l'être spirituel dissolvent les fausses prétentions du sens matériel. Nous ne devrions pas nous attendre à la décrépitude, soit pour nous-mêmes soit pour autrui, car elle n'atteint jamais l'homme de Dieu. Et nous devrions refuser d'admettre, pour nous-mêmes comme pour nos parents humains, les images déformées d'un passé malheureux, pécheur ou maladif.
Lorsque les Israélites entrèrent dans le pays de Canaan, Dieu leur ordonna de détruire les idoles, les images, les pierres sculptées des Cananéens. N'est-ce pas ainsi qu'il nous faut agir en ce qui concerne les images passées ou présentes de l'idolâtrie? Si nous désirons vraiment entendre, écouter seulement la vérité au sujet de Dieu et de l'homme; si nous détachons de notre pensée tous les obstacles pour obéir aux directions divines — finalement les prétendues obstructions matérielles disparaîtront et nous pourrons entendre d'une manière parfaite, permanente. Parce que nous avons écouté Dieu, que nous avons obéi à Sa loi, nous nous rendons compte qu'aucune autre loi n'a jamais réellement existé.
Aujourd'hui, même ceux qui vendent des appareils destinés aux personnes ayant l'ouïe dure admettent parfois qu'il s'agit d'une condition mentale. Le manque peut-il se présenter dans le royaume infini de l'Entendement? Un Père plein d'amour refuserait-Il à Son fils quelque chose de bon? Ce qui passe pour une infirmité n'est qu'un manque de compréhension spirituelle touchant notre vrai statut — une suggestion mesmérique d'après quoi l'homme serait un mortel imparfait. Grâce aux ressources infinies de l'Entendement, l'homme reçoit sans cesse les qualités spirituelles nécessaires. Il faut que nous les revendiquions. La totalité de Dieu et la perfection de l'homme qui Le reflète excluent les suggestions mesmériques de déficience.
A toutes les époques, les chefs spirituels ont prié, prêté l'oreille à la voix de Dieu. Quand Moïse reçut les dix commandements sur le mont Sinaï, il avait dû faire silence pour écouter Dieu. Sans doute entendit-il la voix divine comme si c'eût été un son distinct. La Bible rapporte aussi (I Sam. 3) que l'enfant Samuel s'entendit appeler par Dieu. Mrs. Eddy éprouva quelque chose de semblable dans son enfance, car elle entendit la voix de Dieu l'appelant par son nom. Dans chacun de ces cas le disciple, après avoir entendu, obéit et put accomplir la grande œuvre assignée par Dieu.
L'auteur du présent article étudiait depuis peu la Science Chrétienne lorsqu'un matin à son réveil, elle s'aperçut qu'elle avait complètement perdu le sens de l'ouïe et ne pouvait entendre une personne toute proche qui parlait fort. Elle demanda de l'aide en Science Chrétienne et fut traitée avec dévouement par un praticien. Après avoir beaucoup étudié, prié, elle reconnut l'importance de l'attention spirituelle et la nécessité d'exclure de son penser la notion que le témoignage des sens matériels est digne de foi; elle sentit qu'il lui fallait humblement se confier en Dieu. Elle se rendit à une conférence sur la Science Chrétienne dont elle n'entendit apparemment pas un seul mot; mais grâce au sens spirituel, le message de guérison lui parvint, de sorte que l'obstruction physique commença de fondre. Elle recouvra l'ouïe d'une manière complète et permanente dans un espace de deux semaines à partir du jour où elle s'était trouvée sourde.
Sur ces entrefaites, dans la profession qu'elle avait choisie elle vit s'ouvrir des perspectives meilleures; son chez-soi, son entourage devinrent plus harmonieux. Réceptive au bien, elle put voir qu'il s'agissait d'un champ d'action plus vaste et l'accepter avec gratitude, se montrant obéissante. Elle avait eu la preuve de ce que déclare Mrs. Eddy dans Science et Santé (p. 487): « Il y a plus de christianisme à voir et à entendre spirituellement que matériellement. »
