Ceux qui ont entendu l'appel de la Science Chrétienne savent qu'elle nous convie à l'action. Elle exige que l'on vive selon la justice et qu'on agisse sans détours. Ce n'est point un remède de charlatan, un moyen d'arriver à l'aisance, mais la voie de la vie enseignée par le Christ Jésus — le chemin de l'abnégation, de la pureté, de la prière, qui démontre pas à pas l'infini du bien. Ceux qui entendent cet appel et en tiennent compte ne reculent pas devant ce qui est exigé d'eux. Les disciples qui en ont saisi la grande portée apprécient plus qu'ils ne peuvent le dire le baume de la guérison spirituelle et la liberté de la rédemption par l'Esprit. Maintes fois délivrés de la maladie, du péché, des limitations, ils éprouvent une profonde gratitude, et c'est de bon cœur qu'ils sacrifient toutes leurs ambitions sur l'autel de la Vérité et de l'Amour.
Comment Mary Baker Eddy fut-elle préparée à découvrir la Science Chrétienne? Qu'est-ce qui lui rendit possible la découverte et la fondation d'une Science si longtemps cachée? Parmi les causes qui contribuèrent à ce résultat figure certainement le milieu puritain dont sortait la famille de notre Leader. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 359) elle écrit: « C'est de parents puritains que la découvreuse de la Science Chrétienne reçut sa première éducation religieuse. » Pendant plusieurs générations, les ancêtres de Mrs. Eddy observèrent les règles rigides du puritanisme adoptées par les vaillants colons qui traversèrent l'Atlantique pour s'établir en Amérique du Nord. La découverte de la Science Chrétienne par Mrs. Eddy ne rendit pas notre Leader moins puritaine au sens littéral de ce terme. Au contraire, une pureté supérieure à celle qu'avaient connue ses ancêtres se révéla, car cette découverte mit en lumière la pure essence de la Vérité venue dans le monde par le Christ Jésus.
Les premiers puritains étaient dogmatiques et manquaient souvent de tolérance; mais ils prêchaient et maintenaient les normes d'une vie droite. Leurs convictions religieuses venaient du cœur plutôt que de l'intellect. John Bunyan, le puritain ferme, héroïque, à qui nous devons Le Voyage du Pèlerin, écrit au sujet de son œuvre:
Venant droit de mon cœur, elle allait à ma tête
Puis passait à mes doigts, prêts à la recevoir;
Alors prenant ma plume, heureux de cette fête,
Sur un papier tout blanc j'écrivais aussitôt.
Le jugement que Mrs. Eddy porte sur les puritains est significatif: « Les puritains avaient le mobile de la vraie religion qui, démontrée sur la base de la Règle d'or, aurait déjà pu résoudre le problème de la liberté religieuse et des droits humains » (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 181). La Science Chrétienne ne renferme rien qui soit dogmatique, intolérant, mais elle appuie sur la nécessité de la justice qui représente un grand pas vers la spiritualisation. Soutenant la liberté de conscience, elle insiste sur le fait que chacun a le droit de penser et d'agir d'après ses convictions intimes.
On a parfois dit que les Scientistes Chrétiens font preuve de puritanisme et refusent toute concession à ceux qui ne sont pas de leur avis. En d'autres termes, ils ne veulent point abaisser leurs normes pour satisfaire un investigateur qui les trouve trop élevées. Il faut se souvenir que la Science Chrétienne est une Science exacte qui ne peut tolérer qu'on s'écarte des normes véritables; pour elle, la base de la pensée et de la conduite doit être le Dieu parfait, l'homme parfait. Ce n'est qu'en s'attachant à ces normes, en les vivant, que l'on peut démontrer la Science Chrétienne ou en prouver les propositions même les plus simples. Ceux qui négligent le principe des mathématiques sont incapables de résoudre les problèmes qui leur sont posés; de même, négliger les lois de Dieu rendrait inefficaces les prières du Scientiste Chrétien. Aussi l'appel à la justice est-il un impératif catégorique.
Il n'est pas nécessaire que tout Scientiste Chrétien ait des puritains parmi ses ancêtres; mais il est bon que chacun de nous reconnaisse les leçons qu'enseigne le puritanisme, par exemple la simplicité, la prière, la consécration, le respect, le courage, l'amour des Écritures. La Science Chrétienne n'est pas un retour au puritanisme. Elle est unique parce que c'est la découverte de la Science du Christ que les credos et les dogmes avaient non pas éclairée mais obscurcie.
Les ouvrages de Mrs. Eddy font entendre un appel à la justice, opposée au pharisaïsme. Dans la parabole de l'enfant prodigue, le frère aîné était un bon fils, mais il avait le sentiment de sa propre justice. Il croyait que la bonté est personnelle; il estimait posséder quelque chose que le prodigue n'avait pas. Aussi ne valait-il guère mieux que son frère. La tendre réponse du père fut en même temps une réprimande (Luc 15:31): « Mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce que j'ai est à toi. »
Dans l'Ancien Testament, le terme qui correspond à notre « justice » dérive d'un mot hébreu signifiant nettoyer. Il indique la pureté de la pensée; donc être conscient de ce qui est pur, bon, vrai, c'est être juste, c'est-à-dire conscient de la nature divine. Comme l'affirme notre grand Maître (Luc 18:19): « Il n'y a qu'un seul bon, c'est Dieu. »
La croyance à la propre justice suppose l'existence d'un moi séparé de Dieu; or il n'y a rien de pareil. Mrs. Eddy déclare (Science et Santé, p. 276): « L'homme et son Créateur sont corrélatifs dans la Science divine, et la vraie conscience n'a connaissance que des choses de Dieu. »
L'appel de la Science Chrétienne nous convie donc à la justice, à la droiture qui vient de Dieu. L'exemple des puritains est un bon modèle, parce qu'il exige la simplification, la pureté, la vie sanctifiée; mais il faut se souvenir que la justice démontrée jusqu'à présent n'est qu'un premier pas dans la Science du Christ — Science si vaste que la plupart d'entre nous n'ont fait qu'en toucher le bord!