Ce qu'on nomme la vie humaine n'est point une vallée de larmes pour ceux qui refusent de l'accepter comme telle parce qu'ils sont suffisamment éclairés. Si la Science Chrétienne n'avait fait que cela: montrer aux humains que l'existence journalière implique une joie qu'il faut réaliser et non pas des afflictions à subir — elle aurait par là même amplement justifié sa présence parmi les hommes.
Quand cette Science, ce Consolateur promis par Jésus le Christ, apparut en 1866 grâce à la perception spirituelle de Mary Baker Eddy, il offrit à chacun une arme permettant de récuser la croyance que les hommes ont lieu de s'apitoyer sur eux-mêmes, de baisser tristement la tête parce qu'un sort malheureux est inévitable. En recours recours à la Science Chrétienne, tout homme peut invertir pour ce qui le concerne le penser des siècles et remplacer par le triomphe les tragédies apparentes.
Ce qui apporte aux hommes la joie la plus sûre, c'est la victoire attendue puis obtenue. Le sens mortel entretient une notion qui contrefait cette vérité; il a donc cru que la lutte physique et même l'effusion de sang peuvent « ennoblir » l'homme. Ainsi, à son point de vue, la guerre serait une nécessité. Mais comme l'Entendement véritable, c'est-à-dire Dieu, est immortel, l'entendement mortel est une illusion, ses croyances sont fallacieuses. C'est pourquoi les effets « ennoblissants » des luttes matérialistes ne se sont jamais réalisés; ceux qui en attendaient de bons résultats ont été fortement déçus, trompés par un mirage, un feu follet que l'on essaie en vain d'atteindre.
La Science Chrétienne remplace ce mirage par la réalité du triomphe, et l'arme dont elle se sert, c'est la compréhension spirituelle. Ce qu'il faut comprendre d'une manière simple mais profonde, c'est l'Esprit, l'Entendement divin, Dieu, ainsi que la conscience spirituelle individualisée — l'homme par lequel Dieu S'exprime. Lorsqu'on les comprend de la sorte, rien ne s'oppose à Dieu et à l'homme. Ils constituent la perfection, ce qui exclut toute imperfection. Le Principe parfait, Dieu, et l'idée parfaite, l'homme, représente la base de la pensée en Science Chrétienne; lorsqu'on s'efforce de penser sur cette base, on arrive à la compréhension spirituelle qui se manifeste progressivement dans la carrière humaine sous forme de victoire.
Tel demandera peut-être: Pourquoi mentionner la victoire quand il n'y a rien à vaincre? Pourquoi parler de triomphe s'il n'existe rien dont il faille triompher? Par ces questions le sens mortel croit nous accabler. Il peut sembler que, comme le suggère Shakespeare, le diable cite les Écritures à ses propres fins. Mais l'objection est due à ce que l'on n'a pas compris le fait suivant: Pour les humains, seul l'effet de la Science Chrétienne sur la vie et la carrière des hommes et des femmes peut prouver si elle est vraie. A défaut de résultats, toutes les déclarations imaginables et même la croyance à la Vérité absolue restent de pures abstractions sans preuve, dépourvues de sens, n'ayant pour les humains aucune utilité.
Ce n'est point ce genre de religion qu'a fondée Mrs. Eddy. Lorsqu'elle découvrit la Science Chrétienne, elle scrutait les paroles et les œuvres du Maître afin d'échapper aux abstractions philosophiques touchant le christianisme. Elle prouva que s'il est bien compris, le christianisme peut agir sur les détresses, les discords, les péchés, les maux, les inharmonies qui semblent si réelles aux humains: il les efface, parce qu'il efface les fausses pensées qui en sont la cause.
Mrs. Eddy n'a jamais prétendu que le mal ne soit pas réel pour ce qu'on nomme la conscience mortelle. Elle savait fort bien que pour cette soi-disant conscience la mortalité est réelle, tangible. Mais elle voyait que l'amalgame du mortel et de l'immortel prétendant former la conscience humaine est un mythe; que si l'on comprend la réalité de l'immortel, celui-ci se révèle toujours davantage jusqu'à ce que le mortel soit éteint. La compréhension agissant de la sorte, c'est le Christ. C'est l'action de la Vérité, l'idée juste, dissipant l'illusion et produisant le salut. Elle n'attaque ou ne détruit jamais un mortel. Ce qu'elle attaque ou détruit c'est l'entendement mortel; d'une manière harmonieuse, elle rend manifeste l'homme immortel là où semblait être un homme mortel.
Pour le sens humain, cette réalisation ne s'accomplit pas sans effort. Quoique riche en joie, elle est le plus souvent le résultat d'une bataille. On l'obtient en opposant avec persistance le fait à l'illusion, la vérité au mensonge. Elle se produit lorsqu'on insiste sans relâche sur la présence des qualités de l'Entendement divin, jusqu'à ce que les odieuses ou craintives caractéristiques de l'entendement mortel soient chassées de la conscience qui dès lors paraîtra non plus humaine, mais exclusivement divine.
Mrs. Eddy, décrivant cette heureuse réalisation, a bien fait voir que c'est une lutte triomphante. Dans Miscellaneous Writings, elle nous exhorte en ces termes (p. 118): « Prenez courage; la lutte contre soi-même est pleine de grandeur; elle vous occupe abondamment, et le divin Principe agit avec vous — l'obéissance couronne d'une victoire éternelle l'effort persévérant. » Paul n'hésitait pas non plus à montrer que l'effort des chrétiens est une lutte victorieuse. Voici à quoi il nous engage (I Tim. 6:12): « Combats le bon combat de la foi. Saisis la vie éternelle à laquelle tu as été appelé, et en vue de laquelle tu as prononcé, en présence de plusieurs témoins, ta belle confession de foi. »
Le Scientiste Chrétien doit être sur ses gardes pour ne pas tomber dans les pièges que lui tend le mal, qui voudrait lui faire ignorer la joie de la bataille et de la victoire sur les fausses pensées prétendant se trouver dans la conscience humaine. Mrs. Eddy se rendait bien compte que l'on doit cultiver la force de caractère, être loyal, ferme, intègre. Par exemple, dans son livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures, elle nous donne cet avertissement (p. 448): « Éluder la Vérité, c'est paralyser l'intégrité, et vous précipiter du pinacle. » Celui qui est tenté de dire que la rédemption n'est pas nécessaire puisque l'homme existe au niveau même de la perfection, et de croire qu'on puisse fermer les yeux sur le mal pourvu qu'on répète mot à mot des vérités spirituelles, devrait prendre garde. Peut-être renie-t-il le Christ. Sans en avoir conscience, il prête l'oreille à la trompeuse suggestion disant qu'il peut pécher impunément, puisque le péché n'existe pas dans le royaume de la réalité spirituelle. Or il ne faut jamais feindre d'ignorer le mal. Nous devons discerner ce qu'il prétend être et voir que c'est une pensée fausse. Alors on peut en triompher, en rendant manifeste la présence de l'idée spirituelle contraire. Le péché n'est jamais un néant pour celui qui s'y livre. La seule méthode qui permette de savoir que le péché est irréel, c'est de n'être pas un pécheur.
Cesser d'être un pécheur, c'est prendre part à la glorieuse lutte chrétienne qui convie chacun de nous à la joie du combat, chose qu'il ne faut point éviter. Car le péché est la prétention que l'entendement mortel constitue la source de la conscience humaine. Ce n'est pas sans effort qu'on en démasque le caractère apocryphe; mais cet effort, aboutissant à une victoire certaine, fait de notre vie journalière une chose riche en inspiration, impliquant pas les peines et les afflictions, mais la vraie joie du triomphe. C'est probablement pourquoi l'apôtre, écrivant aux Philippiens (4:4) leur disait: « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur. Oui, je le dirai encore: Réjouissez-vous. » C'est sans doute pourquoi Mrs. Eddy nous a donné cette assurance (Science et Santé, p. 21): « Si la Vérité est en voie de surmonter l'erreur dans votre conduite et votre conversation habituelles, vous pourrez finalement dire: “J'ai combattu le bon combat... j'ai gardé la foi,” parce que vous serez devenu meilleur. »