Au chapitre treize, Matthieu rapporte un incident significatif qui se produisit pendant le ministère du Christ Jésus. Le Maître était rentré « dans sa patrie, » après avoir accompli au service du Père de grandes œuvres, des guérisons remarquables. Ce récit contient une leçon vitale pour les Scientistes Chrétiens.
Jésus était de retour à Nazareth. Il retrouvait les personnes qui l'avaient connu dans son enfance, son adolescence et sa jeunesse. Évidemment sa réputation l'avait précédé, car lorsqu'il enseigna dans la synagogue, plusieurs dirent: « D'où lui viennent cette sagesse et ces miracles? N'est-ce pas le fils du charpentier? Sa mère ne s'appelle-t-elle pas Marie, et ses frères, Jacques, Joseph, Simon et Jude? »
Devant cette attitude, Jésus répondit: « Un prophète n'est méprisé que dans son pays et dans sa maison. « Le récit des Écritures se termine par cette remarque: « Et il ne fit pas là beaucoup de miracles, à cause de leur incrédulité. »
La Science Chrétienne fait nettement voir que le guérisseur n'était pas Jésus en tant que personnalité humaine. Le Maître déclara formellement qu'il ne pouvait rien faire de lui-même; il appuya beaucoup sur ce fait. C'était son Père, l'Entendement divin, qui le guidait, le gouvernait, lui donnait du pouvoir. Connaissant l'union de l'homme avec le Père, Jésus s'identifiait toujours avec l'idée spirituelle de Dieu, et cette idée suppléait à tous les besoins. C'était là le Christ, la Vérité que reconnaissaient même des pécheurs avilis. Elle les réveillait pour qu'ils entrevoient la vraie nature de l'homme pur et parfait créé par Dieu, de sorte qu'ils étaient guéris. « Je sais qui tu es, » s'écria l'homme possédé d'un esprit impur, « le Saint de Dieu. »
Puisque des hommes asservis au péché pouvaient reconnaître le Sauveur, c'est-à-dire le Christ éternel, pourquoi les bonnes gens de Nazareth, où Jésus avait grandi, ne pouvaient-ils voir ce qu'il représentait, être inspirés et divinement éclairés? Ils n'arrivaient pas à comprendre le ministère de Jésus, c'est pourquoi les guérisons furent rares chez eux. N'estil pas évident que bien reconnaître, accepter sans réserve l'idée divine manifestée par le Maître puis révélée en Science Chrétienne produit la guérison et les progrès spirituels, alors qu'un sens purement personnel de la Vérité ne discerne point le vrai pouvoir guérisseur?
Cette importante distinction mérite qu'on y réfléchisse, car elle peut nous apprendre bien des choses. Pendant les cultes, notre attention va-t-elle à la personne qui lit la Leçon-Sermon dans le Livret Trimestriel de la Science Chrétienne, ou à l'exposition de la Vérité? Lorsque nous écoutons un témoignage, pensons-nous à la personnalité de celui qui parle et à la manière dont il s'exprime, ou bien à la guérison qu'il relate et aux vérités spirituelles mises en lumière? Au cours d'une séance de travail dans notre église, analysons-nous mentalement la position sociale et financière d'un compagnon d'œuvre, ou sommes-nous attentifs à la sagesse qu'il reflète dans l'accomplissement de ses devoirs?
Il importe d'être en garde contre l'erreur de la personnalité qui prétend nuire à notre compréhension de l'homme. Il nous faut toujours savoir que c'est le Christ, la Vérité, l'idée spirituelle impersonnelle qui forme la base de chaque démonstration en Science Chrétienne, quel que soit le démonstrateur humain. Les gens de Nazareth ne voyaient en Jésus que ce qu'ils avaient toujours vu précédemment: un mortel qui devait travailler à son salut, un habitant de l'univers matériel où eux-mêmes se trouvaient, un humain, l'un de leurs semblables. Pourtant le Sauveur, depuis qu'il les avait quittés pour entreprendre son ministère, avait déjà choisi ses disciples, prêché le Sermon sur la montagne, guéri un lépreux, calmé la tempête, ressuscité la fille de Jaïrus, réprouvé l'orgueilleuse philosophie souvent hypocrite que professaient les pharisiens, guéri un homme à la fois aveugle et muet.
Connaître personnellement un sincère disciple du Christ, de la Vérité, n'a point de valeur en soi si l'on ne discerne pas ses dons spirituels. Reconnaître l'idée spirituelle, voilà ce qui produit la guérison, les bénédictions. Lorsqu'on perçoit les qualités divines, la manière dont on voit son prochain est en quelque sorte la façon dont on se voit soi-même, car l'homme apparaît en tant que réflexion divine.
L'homme — notre identité véritable — est maintenant même l'expression consciente de l'Entendement divin. Reconnaître la perfection de l'homme, idée de Dieu, telle est la base de toute démonstration. Mary Baker Eddy déclare, à la page 46 de Unity of Good: « L'homme scientifique et son Créateur sont ici; et vous seriez précisément cet homme, si vous vouliez subordonner les perceptions charnelles au sens et à la source spirituels de l'être. »
Qu'aucun de nous ne soit trop modeste, trop indifférent dans son for intérieur touchant sa filialité divine. Il sait que la Science Chrétienne est vraie, il a part à cette révélation; il ne doit donc pas manquer de reconnaître son individualité véritable et celle de son frère, comme lui enfant de Dieu.