Le premier Noël était complètement dépourvu de mondanité. Les bergers qui gardaient leurs troupeaux pendant les veilles de la nuit avaient un discernement spirituel si clair qu'ils purent voir resplendir autour d'eux la gloire du Seigneur; leurs pensées étaient si réceptives qu'ils entendirent le message des anges: « Ne craignez point. Car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple; » puis la multitude de l'armée céleste disant: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre, bienveillance envers les hommes! » Ils reconnaissaient les valeurs spirituelles; grâce à leur spiritualité, ils célébrèrent le premier Noël, car Luc déclare: « Après que les anges les eurent quittés pour retourner au ciel, les bergers se dirent les uns aux autres: Allons jusqu'à Bethléhem; voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître » (Luc 2:10, 14, 15).
Au petit enfant, les bergers n'apportèrent aucun don matériel. Mais leur respect, leur foi en sa mission, ce qu'ils entrevirent touchant la nature universelle et rédemptrice du Christ, constituaient peut-être les dons les plus grands; aussi publièrent-ils ce qu'ils avaient entendu, déclarant que le jour même était né « dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. » Marie, dont la pensée était spirituelle, apprécia l'offrande des bergers et repassa leurs paroles en son cœur.
Nous sommes parfois tentés de croire que le monde moderne s'est beaucoup éloigné de l'esprit qui caractérisait ce premier Noël. Mais est-ce vraiment le cas? Un conflit quelconque s'élevant ce jour-là ne nous semble-t-il pas choquant? Le mercantilisme et la matérialité ne froissent-ils point notre sensibilité? D'autre part, l'esprit de bienveillance et de joie qui règne généralement à l'époque de Noël ne trouve-t-il pas un écho dans nos cœurs et dans celui d'une foule de gens? Si la réponse à toutes ces questions est affirmative, nous avons au-dedans de nous la preuve qu'elle se réalise cette prophétie de Jésus le Christ (Matth. 24:35): « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point! » Il pouvait faire cette déclaration saisissante et prononcer ces paroles pleines d'un merveilleux réconfort (Matth. 28:20): « Voici, je suis toujours avec vous jusqu'à la fin du monde, » car il savait que le Christ, le caractère divin que lui-même exprimait, était la vraie idée spirituelle, toujours présente pour sauver les humains en leur révélant l'immortelle nature de l'homme.
Nous ne nous étonnons pas de ce que Jean, le bien-aimé du Maître, ait dit concernant cette carrière admirable: « La Parole a été faite chair; elle a habité parmi nous. »Il est clair que l'apôtre voyait aussi la mission rédemptrice du Christ, car il déclara: « A tous ceux qui l'ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jean 1:12, 14). A son tour Mary Baker Eddy, aux pages 332 et 333 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, pouvait écrire: « C'est ainsi que le Christ illustre la coïncidence, ou accord spirituel, de Dieu et de l'homme à Son image. »
Parce que l'homme est fils de Dieu, inséparable du Père, le commandement « Ne crains point » prend une signification profonde. Pendant tout son ministère, Jésus s'en servit avec autorité, car il donna la preuve que l'homme n'est point sujet au péché, à la maladie, à la mort. Au contraire il est en présence de Dieu, du bien sans limites.
Le message de Noël que donna Mrs. Eddy au début du vingtième siècle contient une phrase souvent méditée par une Scientiste Chrétienne à laquelle elle apporte la paix et la joie. Voici ce passage (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 257): « Le Christ parle pour lui-même et pour sa mère, l'origine et le but célestes du Christ. » Si nous écoutons le Christ parlant pour lui- même et pour son origine, le divin Amour, la Mère universelle, avec quelle tendresse et quelle joie bienfaisante la vérité dissipera les déceptions, la crainte, la tension, la douleur! Nous entendons parler le Christ chaque fois que nous faisons remonter à Dieu tous les signes du bien, les preuves de justice, d'intelligence ou d'amour. C'est le Christ, l'idée véritable, qui nous dit que le bien dans sa plénitude appartient à Dieu, donc à l'homme; nous apprenons à mieux connaître le Christ lorsque nous apprécions de tout cœur chaque preuve de la présence divine et tâchons d'amplifier dans notre conscience chaque indice montrant la droiture de l'homme. Ce sont là de simples débuts dans notre pensée — aussi simples que la naissance du petit enfant couché dans la crèche.
A l'approche des fêtes de Noël, une étudiante se rendit compte, à son grand chagrin, qu'il ne serait pas juste de faire un cadeau ou de donner un souvenir à toutes les personnes qui pourraient normalement s'y attendre de sa part. Sa famille faisait déjà de grands sacrifices pour lui permettre de continuer ses études. Se tournant vers Dieu, elle entendit ce message angélique: « Ne crains point. » Elle y fut attentive et s'aperçut alors qu'elle avait déjà fait un cadeau en reconnaissant un nouvel aspect de l'honnêteté et en s'y montrant fidèle. Elle vit bientôt qu'elle pouvait offrir d'autres dons qui procureraient du bonheur. Elle pouvait montrer de l'estime, des égards, s'efforcer de voir selon leur vraie nature ceux qui l'entouraient — de savoir que chacun est exempt de fardeaux, aimé, libre, heureux, ne manquant de rien. Quelques semaines plus tard, quand elle se rendit dans sa famille pour y passer les fêtes, elle n'eut pas le sentiment d'être dépourvue, de n'avoir rien pu donner. Avant qu'elle reparte pour l'université, plusieurs lettres qui lui parvinrent prouvèrent que les personnes auxquelles elle désirait faire un cadeau l'avaient vraiment reçu.
Quand nous reconnaissons la signification spirituelle des dons de Noël, nos cadeaux, quelles qu'en soient la nature et la destination, annoncent quelque chose de plus grand qu'euxmêmes — le divin Amour qui supplée à tous les besoins. Nous avons le droit d'espérer que les petites épreuves rencontrées par chacun de nous dans la vie quotidienne nous apporteront en plus grande abondance la grâce qui guérit; pour en arriver là refusons constamment d'admettre la crainte en sachant que Dieu et Sa création parfaite sont ici même, apprécions la spiritualité, accueillons le Christ toujours prêt à sauver, à fortifier.
En écoutant le Christ qui parle « pour lui- même et pour sa mère, » nous saisirons avec une joie toujours plus grande la ressemblance complète de l'homme avec son Père-Mère, l'Amour; nous jouirons ainsi de la paix qu'assure à tous le gouvernement de Dieu.