La résurrection de Lazare que rapporte le chapitre onze de saint Jean est l'un des nombreux miracles ou grandes œuvres accomplis par le Christ Jésus. Cette admirable démonstration de la Vie peut nous apprendre bien des choses.
Au commandement du Maître, Lazare était sorti de la tombe. Quoiqu'il eût, selon la Bible, « les mains et les pieds liés, » ces bandelettes ne l'avaient nullement empêché de sortir. En outre, le pouvoir divin qui rendit possible une prompte obéissance à l'ordre de Jésus aurait certainement pu donner à Lazare la force d'enlever sans l'assistance d'autrui ce qui le liait.
Pourtant Jésus n'impose pas d'autre tâche à Lazare; il s'adresse à ceux qui l'entourent et leur dit: « Déliez-le, et laissez-le aller. » Jésus avait accompli son devoir et Lazare lui-même avait fait le sien; mais ceux qui le chérissaient avec un faux sens de possession personnelle entraînant les craintes, les larmes et la croyance à la vie dans la matière — ceux-là le liaient encore et devaient le délier en se libérant des fausses croyances. On pouvait supposer que les amis aideraient naturellement à défaire les bandes matérielles; mais Jésus désirait sans doute aussi que Lazare fût délivré des fausses croyances matérielles qu'ils entretenaient concernant l'homme et la Vie.
Par cette admirable preuve du pouvoir de la Vie qui surmonte la mort, Jésus faisait un nouveau pas vers le triomphe de sa propre résurrection. Il prouvait que non la mort, mais la Vie est inévitable et que l'homme réel n'a point à subir la mort. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy déclare (p. 75): « Si Jésus avait cru que Lazare avait vécu dans son corps ou qu'il y était mort, le Maître eût été sur le même plan de croyance que ceux qui avaient enseveli le corps, et il n'eût pu le ressusciter. »
Cette démonstration du Maître indiquait nettement que le pouvoir curatif et réformateur de la Vérité est un bienfait non seulement pour le captif mais pour son entourage. Il se peut qu'un ami, un membre de la famille, un collègue, un soi-disant ennemi paraisse lutter pour se libérer de ses liens. Nous demandons-nous bien des fois comment il pourrait être affranchi, ce qu'il devrait faire pour se libérer, quelle est l'erreur qui l'empêche de mettre à profit l'aide qu'il reçoit? Tâchons-nous plutôt que notre propre vigilance spirituelle hâte le jour de la victoire?
En ce qui concernait Lazare, ses sœurs et ses amis devaient faire quelque chose. Nous avons aujourd'hui quelque chose à faire pour aider les humains à s'affranchir des chaînes du matérialisme. Peut-être ne nous a-t-on pas demandé de l'aide en Science Chrétienne; mais purifier notre pensée de tous les faux concepts en connaissant la vérité au sujet de Dieu et de l'homme, c'est toujours une obligation sacrée. Si nous reconnaissons seulement le fait spirituel — totalité de Dieu, spiritualité et perfection de l'homme — tous ceux qui se trouvent dans le champ de notre pensée recueillent des bénédictions. Nous voyons ainsi se confirmer cette parole de notre Leader (Rudiments de la Science divine, p. 9): « La puissance spirituelle d'une pensée scientifique et juste, sans effort direct, sans argument oral ou même mental, a maintes fois guéri des maladies invétérées. »
Dans n'importe quelles circonstances, il nous est permis de reconnaître la vérité concernant la perfection de Dieu et de l'homme; plus encore, tout Scientiste Chrétien devrait faire des efforts sincères pour en arriver là. Même si les paroles et les actes de notre prochain sont erronés au possible, s'il nous paraît bien nécessaire qu'il se repente et se réforme, ce commandement ne cesse de retentir à nos oreilles: « Déliez-le, et laissez-le aller. » Au lieu de maintenir autrui dans le linceul des faiblesses et des défauts mortels, voyons l'homme que Dieu crée, droit, pur et libre. Cessons d'être anxieux au sujet d'une personne qui nous est chère, de penser toujours à sa sécurité, à son salut, comme si nous en étions personnellement responsables. C'est là une erreur, un mesmérisme qui tend à devenir une erreur, un mesmérisme à nous-mêmes comme à la personne que nous désirons secourir.
La fausse responsabilité prend fin quand on se rend compte que Dieu seul est garant de l'homme. L'idée ne dépend que du Principe, lequel assure son bien-être, la gouverne et la régit. Les idées de Dieu ne sont pas assujetties les unes aux autres, quoique toutes soient nécessaires pour que l'Entendement se manifeste dans sa plénitude. Marie et Marthe avaient l'impression que la présence de Jésus aurait sauvé Lazare. Mais Jésus s'appuyait sur la présence constante de Dieu, sur la Vie éternelle; aussi n'avait-il point à se presser de les rejoindre, car il savait qu'au fond Lazare n'avait pas cessé d'être la réflexion de cette Vie.
En comptant sur le Principe, sur Dieu, plutôt que sur une personne, nous n'abandonnons point ceux que nous aimons; au contraire, nous les libérons des croyances qui les liaient — de la fausse responsabilité, de l'attachement personnel. Parfois en refusant de satisfaire aux exigences matérielles d'autrui, d'encourager une demande égoïste; en nous abstenant de conseiller nos amis selon notre sagesse ou notre vouloir humains — nous aidons à les affranchir, car au lieu de compter sur une personne, ils se tourneront vers le divin Principe, le Père-Mère Dieu, pour être guidés et soutenus. Nous manifestons ainsi l'amour au meilleur sens de ce terme. Il faut du courage moral pour quitter les rives de l'affection personnelle avec ses prétendues joies et peines et pour remettre à la sollicitude divine ceux qui nous sont chers.
Il nous faut compter entièrement sur le divin Principe et non pas sur les opinions humaines au sujet de nos actes ou de nos paroles; l'approbation de Dieu doit avoir pour nous beaucoup plus de valeur que le blâme des mortels. Il nous faut refuser de voir l'homme en tant qu'être mortel, déchu, malade, pécheur ou mourant, mais le voir tel qu'il est en réalité — l'image et la ressemblance de Dieu. L'homme reflète la divine nature infinie; par conséquent son bonheur est inné, indestructible. Lui-même ne fut jamais atteint par le péché, la maladie, la mort. L'homme ne peut cesser de vivre, car il n'est jamais séparé de Dieu, qui est sa Vie.
Suivant avec reconnaissance la Vérité, chantons des cantiques de louanges, puisque la Science Chrétienne est le remède qui peut guérir nos peines et celles de toute l'humanité. Attachons-nous fermement au Principe, au vrai concept de Dieu et de l'homme; nous prouverons ainsi que la Vérité détache vraiment les liens de la mortalité et met en lumière les faits éternels de l'être.
