En Angleterre et en Amérique, maints amateurs de théâtre ont vu jouer une comédie intitulée: « L'Importance d'être sérieux. » Écrite voici plus de cinquante ans, elle est restée au répertoire dans plusieurs théâtres où l'on fait preuve de discernement. Nous permettra-t-on d'en modifier un peu le titre pour examiner une question dont la valeur est grande pour quiconque étudie la Science Chrétienne? Nous dirons ici: L'Importance d'être honnête. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, au chapitre « L'enseignement de la Science Chrétienne, » notre Leader, Mary Baker Eddy, déclare (p. 446): « Le bien doit dominer dans la pensée du guérisseur, sans quoi sa démonstration sera longue, dangereuse et impossible dans la Science. Un mauvais motif entraîne la défaite. Dans la Science de la guérison- Entendement, il est absolument nécessaire d'être de bonne foi, car la victoire se trouve du côté du droit immuable. »
Cette déclaration nous présente à coup sûr un axiome évident par soi-même. Quand on réalise que Dieu, l'éternelle Vérité, constitue le divin Principe de la Science Chrétienne; quand on se tourne vers ce Principe ou cette Vérité pour être guéri — on voit qu'il est inutile de s'attendre à une heureuse démonstration si le guérisseur et le patient ne tâchent pas d'être entièrement honnêtes.
Supposons qu'un Scientiste Chrétien, s'efforçant de guérir quelqu'un qui souffre dans son corps, découvre que le patient ne jouit pas d'une bonne réputation, que ses voisins le croient improbe, peu honorable. Lorsqu'il lui en parle, supposons que le patient réponde: « Ne vous occupez pas de ma moralité! Ce qu'il me faut, c'est la guérison physique. » Est-il probable que le pouvoir de la Vérité se manifeste dans ce cas?
D'autre part, supposons que le Scientiste, après avoir démasqué dans la conscience du patient un manque de bonne foi ou de fidélité au Principe, refuse de faire face à une erreur analogue qui n'a pas encore été détruite dans sa propre pensée. Est-ce là une vitre assez nette pour que la bienfaisante lumière de la Vérité passe librement à travers? Notre Leader, riche en inspiration, écrivit cette remarque si vraie: « Dans la Science de la guérison- Entendement, il est absolument nécessaire d'être de bonne foi. » Pour agir d'une manière chrétienne et scientifique, avant de toucher à la pensée de son patient le praticien devrait examiner sa propre vitre mentale et s'assurer qu'il n'y reste aucune tache, rien de malhonnête ou de désagréable pour obscurcir la lumière de la Vérité. Comme le dit un de nos cantiques (Hymnaire Scientiste Chrétien, N° 383):
Si l'ombre d'une impureté,
Un doute, un mot, le moi
Cache à tes yeux la vérité,
C'est un péché pour toi.
Garde les portes de ton cœur,
Le seuil de ton esprit:
C'est le temple du Rédempteur
Que tu défends ainsi.
A la page 115 de Science et Santé, sous la rubrique marginale « Qualités de transition, » Mrs. Eddy joint à l'honnêteté d'autres vertus chrétiennes telles que l'humanité, la foi, la tempérance. Elle montre que le développement de ces qualités célestes est chose importante pour que la pensée se spiritualise et qu'on obtienne la guérison véritable. Ne serait-il pas bon que le praticien de la Science Chrétienne consulte souvent cette liste de qualités transitionnelles et vérifie son baromètre mental, examine ses progrès spirituels et voie s'il est prêt pour la sainte œuvre de la guérison?
Ici quelqu'un dira peut-être: « C'est là le hic; je ne me sens pas assez bon pour guérir les malades! » A ce sujet, méditons une déclaration très réconfortante qui se trouve dans Science et Santé. A la page 448, nous lisons en effet: « Le mal qui prévaut dans les sens corporels, mais que le cœur condamne, n'a pas de fondement; mais si le mal n'est pas condamné il n'est pas renié, il est cultivé. » Au fait, tous ceux qui suivent sincèrement la vérité ne condamnent-ils pas du fond du cœur les manquements, les erreurs non encore détruites qui se tiennent cachées dans leur conscience? Si, loin de fermer les yeux sur une croyance erronée persistante ou de vouloir l'excuser, on y fait face courageusement, on la condamne, on sait qu'elle n'appartient ni à un Dieu bon, ni à Son image harmonieuse — cette erreur a reçu le coup mortel. Le Scientiste qui s'efforce sincèrement de nettoyer sa propre vitre mentale peut, dans l'esprit du Christ, d'une manière humble et conséquente, diriger le projecteur de la Vérité divine sur les erreurs qui prétendent tourmenter son patient.
Il est triste de voir un prétendu Scientiste Chrétien affirmant avec ferveur le pouvoir curatif de l'Amour divin afin d'aider un malade, puis quelques heures plus tard refuser d'adresser la parole à un autre membre de son église. Dans ce cas, le traitement ne risque-t-il pas d'être « un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit » (I Cor. 13:1)?
Le code moral que constituent les dix commandements appuie beaucoup sur l'importance d'être honnête. Les deux commandements: « Tu ne déroberas point et « Tu ne diras point de faux témoignage contre ton prochain » traitent la question de la probité. Mais si le disciple a saisi le sens de l'honnêteté véritable — ce qui veut dire être loyal envers Dieu, l'Amour, l'Entendement, le Principe — peut-il enfreindre le premier commandement: « Tu n'auras point d'autres dieux devant ma face »? S'il se dit malade, indigne, découragé, son attitude envers Dieu est-elle loyale? Peut-il attribuer un pouvoir à la matière et à ses images taillées s'il s'efforce vraiment d'être honnête et droit envers l'Esprit, de ne pas connaître d'autre substance que le bien toujours présent?
Elle est intéressante la remarque faite par un élève de l'École du dimanche. On lui avait demandé ce que signifie prendre le nom de l'Éternel en vain; il répondit: « Ça veut dire un traitement par la Science Chrétienne sans démonstration. » Donc, pour être loyal envers Dieu, il faut savoir que la Parole de la Vérité a toujours du pouvoir et ne connaît pas les échecs. Étant sincère, on doit honorer le Père-Mère de tous, et témoigner de l'affection à ses parents terrestres, à ses semblables. Quand on saisit quelque peu le fait que Dieu est Amour, que cet Amour est la Vie de l'homme, reconnaître franchement cette vérité vous empêche de tuer, soit physiquement soit mentalement. Le péché d'adultère se cache sous le masque de la duplicité; et quant à la convoitise, s'en rendrait-on coupable si l'on maintenait sincèrement dans son cœur la libéralité, l'abondance du bien sans limites?
On peut exprimer en ces termes la leçon qui sous-tend le Décalogue: Prenez garde de tomber dans la malhonnêteté, la mauvaise foi! Or pour annuler cette erreur, il faut au moins entrevoir le fait que la Vérité est tout, que l'homme est éternellement un avec elle. A cause de cette précieuse unité, l'homme ne peut s'écarter du Principe, devenir malhonnête, sans principes, rebelle. Demeurant dans cette assurance, que de fois les Scientistes Chrétiens se sont protégés et ont défendu leurs frères contre les traits empoisonnés de l'entendement mortel menteur! Au quatrième acte de Jules César, Shakespeare met dans la bouche de Brutus cette déclaration éminemment scientifique:
Je n'ai point, Cassius, crainte de vos menaces,
Car je me suis armé d'honnêteté si forte
Qu'elles glissent sur moi comme un souffle impuissant
Dont je n'ai point souci.
Qu'avons-nous à craindre si nos regards se tournent vers la lumière de la Vérité, si nous prions pour avoir la bonté véritable, l'intégrité que Mrs. Eddy assimile au pouvoir spirituel? Écoutons les conseils qu'elle nous donne (Science et Santé, p. 453): « Enseignez à votre élève qu'il doit se connaître lui-même avant de pouvoir connaître les autres et venir en aide aux besoins humains. Intégrité est pouvoir spirituel. Improbité est faiblesse humaine, et prive du secours divin. Vous dévoilez le péché, non pour nuire à l'homme corporel, mais pour le bénir; et tout bon motif a sa récompense. » Pensez aussi à cette triomphante déclaration faite par l'Apôtre des Gentils (II Cor. 13:8): « Nous n'avons pas de puissance contre la vérité; nous n'en avons que pour la vérité. »