Au chapitre neuf, l'Évangile de Luc rapporte que le Christ Jésus, notre Maître, « ayant réuni les Douze, leur donna puissance et autorité sur tous les démons, avec le pouvoir de guérir les maladies. Puis il les envoya annoncer le royaume de Dieu et guérir les malades. » Il leur avait déjà enseigné que le royaume céleste est proche, et plus tard il appuya sur le fait que ce royaume est dans notre conscience.
Pendant tout son ministère, le Maître fit voir que la réceptivité est indispensable. Aux auditeurs qui voulaient recevoir le message de l'Évangile, il disait (Matth. 18:3): « Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux. » Sans aucun doute, il désirait que ses disciples soient réceptifs et se laissent instruire — qualités qui font généralement partie de la nature enfantine.
Considérons un peu les expériences du Maître. Nous savons qu'il avait pendant un certain temps parcouru le pays, enseignant et guérissant de lieu en lieu. Dans les campagnes, les villages, sur les rives du lac, partout les foules s'étaient assemblées, et l'Écriture montre qu'un très grand nombre de personnes avaient été guéries. Elles étaient naturellement et spontanément réceptives à son ministère de guérison et de salut.
Mais lorsqu'il revint dans sa ville natale, parmi ceux qu'il avait toujours connus, il rencontra des doutes quant au caractère divin de sa mission. Par exemple, Matthieu 13:58 déclare qu'il « ne fit pas là beaucoup de miracles, à cause de leur incrédulité. » Dans un récit parallèle, Marc (6:6) nous dit que Jésus s'étonna de leur incrédulité. Le Maître n'était pas simplement surpris, mais étonné. Il reconnaissait que l'attitude de ses compatriotes n'était aucunement naturelle.
Quand nous appliquons cette vérité spirituelle aux œuvres accomplies aujourd'hui — conférences Scientistes Chrétiennes, cultes à l'église, entretien d'une Salle de lecture, travail que font les praticiens de la Science Chrétienne — il faut savoir qu'être réceptif à la Vérité est une chose normale, naturelle. Dans le livre de texte Scientiste Chrétien, Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 570), Mary Baker Eddy déclare: « Des millions d'esprits sans préjugés qui cherchent la Vérité en toute simplicité, voyageurs fatigués et altérés dans le désert, attendent en guettant le repos et le boire. Donnez-leur un verre d'eau froide au nom du Christ, et ne craignez nullement les conséquences de votre bonne action. » Ces esprits sans préjugés, ces chercheurs sincères ayant soif de Vérité, voilà précisément ceux auxquels s'adressent les conférences. Même si certains auditeurs croient avoir un parti pris, nous savons que les préjugés sont toujours dus à l'ignorance. Pourvu qu'ils viennent à notre festin, nous savons qu'ils apprendront des choses correctes et qu'ils en seront éclairés. Car une pensée obtuse, peu réceptive, est anormale; c'est non pas une réalité, mais une prétention de l'entendement mortel. Tôt ou tard chacun doit apprendre à connaître la vérité; Ésaïe n'a-t-il pas dit (11:9): « La terre sera remplie de la connaissance de l'Éternel, comme le fond de la mer est rempli par les eaux »?
Pour toutes les branches d'activité de la Science Chrétienne, le succès dépend beaucoup du travail métaphysique préparatoire. Par exemple, s'il s'agit d'une conférence, tous les membres de l'église peuvent travailler avec joie pour ce grand festin spirituel. La préparation comporte plusieurs points essentiels; il faut entre autres réaliser spirituellement que pour la conscience humaine il est normal de recevoir la lumière de l'Entendement divin et d'en être éclairée. Donc notre travail métaphysique peut bien embrasser la réalisation de ces faits; l'entendement mortel n'a pas le pouvoir de produire le scepticisme, le doute, l'incrédulité, le manque de réceptivité; il n'y a pas d'ecclésiasticisme ou de fausse théologie qui puissent présenter un mauvais concept de Dieu; pas d'erreur de n'importe quelle espèce pour obscurcir ou mesmériser la pensée humaine. Les faux concepts ou l'ignorance n'ont aucune réalité.
Il y a bien des années, accompagnant pour la première fois un conférencier Scientiste Chrétien jusqu'à la salle où le public était réuni, un jeune membre de l'église expliqua qu'il y aurait peut-être très peu de monde, parce que les habitants de la localité étaient extrêmement conservateurs et qu'une certaine théologie scolastique y prévalait encore. Avec amour mais avec fermeté, le conférencier s'écria: « J'espère que vous ne direz plus jamais une chose pareille concernant votre région! Il nous faut savoir que chacun désire entendre parler de la Science Chrétienne. » Cette réprimande fut salutaire; pour le jeune homme c'était une excellente leçon qui l'aida beaucoup par la suite.
Ne pensons jamais qu'une ville soit extrêmement conservatrice ou ne soit pas prête pour la vérité curative enseignée par la Science Chrétienne. Notre bien-aimée Leader nous donne cette admirable pensée à laquelle il faut nous attacher (ibid., p. 242): « En obéissant patiemment à un Dieu patient, travaillons à dissoudre avec le dissolvant universel de l'Amour, le diamant de l'erreur, — la propre volonté, la propre justification et l'amour de soi, — ce diamant de l'erreur qui lutte contre la spiritualité et qui est la loi du péché et de la mort. » Quand de sombres tableaux se présentent à nous — d'innombrables personnes au cœur triste, au corps malade, les hôpitaux remplis, l'affliction, le malheur, le péché qui semblent si communs — pensons au tendre Père-Mère Dieu qui chérit tous Ses enfants et cherchons à les gagner au Christ, à la Vérité qui nous a comblés de bénédictions. Le Maître disait (Luc 12:6): « Ne vend-on pas cinq passereaux pour deux sous? Cependant Dieu n'en oublie pas un seul. » Les gens qui nous entourent, comme ceux que Jésus aidait, valent « plus que beaucoup de passereaux. »
A chaque instant nous avons l'occasion de penser ou de faire des choses constructives, salutaires. Par exemple, chaque fois que nous trouvons un auditeur réceptif nous pouvons parler de Dieu, si la sagesse nous y autorise. Qu'ils s'en rendent compte ou non, tous les humains désirent entendre parler de la vérité.
Il y a quelque temps, de mon bureau situé au dix-septième étage, je pus voir un peintre qui travaillait, maintenu par des cordes fixées sur le toit. Il vernissait les cadres d'acier des fenêtres. Je lui adressai la parole et nous nous entretînmes pendant quelques instants. Il me dit alors que toutes les autres personnes qu'il avait vues ce jour-là avaient exprimé des craintes à son sujet. « Pourquoi les gens craignent-ils que je tombe, alors que moi-même je n'ai pas peur? » me demanda-t-il. J'appris qu'il se sentait toujours soutenu par les « bras éternels » (Deut. 33:27) et n'avait pas l'impression qu'il faille craindre une chute. Je l'assurai que sans aucun doute la protection divine ne lui ferait jamais défaut; et pendant un moment nous parlâmes de Dieu et de Sa bonté. Quand il allongea ses cordes pour descendre jusqu'à l'étage inférieur, il me dit au revoir comme si nous avions toujours été des amis, et il accepta un exemplaire de la Christian Science Sentinel.
Parler de Dieu avec nos semblables; boire au « verre d'eau froide » qu'on nous offre au nom du Christ — c'est une chose bien simple et très encourageante. Comme il est naturel que l'homme parle de son Père céleste! S'adressant au roi Agrippa, l'apôtre Paul s'écriait (Actes 26:8): « Jugez-vous incroyable que Dieu ressuscite les morts? » La même pensée pouvait s'appliquer au peintre suspendu à des cordes devant ma fenêtre. Fallait-il trouver étrange qu'il soit partout en sécurité sous l'égide de Dieu?
Aujourd'hui les Scientistes Chrétiens participent d'une manière importante à l'évangélisation du monde, et cette œuvre se poursuivra. Ésaïe compare la justice et le salut qui sortent de Jérusalem à la lumière, à l'éclat d'un flambeau éclairant les lieux sombres de la terre. Le Maître dit que ceux qui voulaient le suivre seraient des enfants de la lumière et que leur lampe ne devait point être cachée, mais luire devant les hommes, pour éclairer les pensées et la vie de tous les humains.
Si nous voulons porter ce flambeau, il faut veiller à ce que notre travail s'accomplisse non seulement avec amour, mais avec la sagesse née de la Vérité. Quand Dieu nous confie une tâche, son accomplissement devient une joie, une inspiration qui répand la clarté. Notre travail se fait sous le signe de l'Amour, et l'entendement mortel ne peut le transformer en un pénible labourage sur un terrain rebelle!
Nos activités touchent à l'infini, car leur portée est sans limites. Ce que notre conscience perçoit, nous pouvons le donner à la pensée réceptive de notre entourage. Montant toujours plus haut sur l'échelle de l'être ou du développement spirituel, notre pensée se tourne vers le bien que Dieu peut nous donner en abondance. Or il faut partager ce bien avec nos semblables pour accomplir vraiment notre mission spirituelle dans le double domaine de l'enseignement et de la guérison.
Citons ici l'excellente pensée d'un auteur: « Pour Dieu, il n'y a point de barrière, car Dieu est tout-puissant; il n'y a pas d'ignorance concernant Dieu, car Dieu est omniscient; l'absence de Dieu est impossible, car Il est omniprésent. » Ainsi Dieu nivelle tout ce qui prétend être une barrière contre Lui-même et contre le bien toujours opérant — ignorance, indifférence, opposition, manque de réceptivité. Entre nous et notre expression de Dieu, aucune barrière ne peut se dresser, soit dans notre pensée, soit dans celle du prochain. Nulle erreur de croyance ne peut frustrer notre sincère désir de donner aux autres la vérité, ou empêcher qu'elle ne soit reçue favorablement.