Lorsque Daniel était abattu, désespéré, un ange vint lui apporter ce message dont nous parle la Bible (Dan. 10:19): « Ne crains point, homme chéri de Dieu; que la paix soit avec toi! Prends courage, prends courage! » Aujourd'hui le Christ, la Vérité révélée dans la Christian Science, proclame à nouveau ce message à notre monde inquiet, las des guerres.
Daniel appartenait à la tribu de Juda; il était parmi les captifs emmenés à Babylone. A cette époque-là, le monde passait par des troubles profonds; l'exil était souvent le lot des peuples. La Sécurité, la paix étaient inconnues. Mais parmi toutes ces vicissitudes, le caractère de Daniel ressort dans sa grandeur et sa force. Obéissant toujours à Dieu, ce prophète fut un modèle de justice, de sagesse. Aussi put-il trouver grâce aux yeux des vainqueurs, et le souverain lui confia un poste très important. Le pouvoir de Dieu délivra ses trois amis qu'on avait jetés dans une fournaise ardente; lui-même sortit indemne de la fosse aux lions. Les magiciens furent confondus, l'erreur s'avéra impuissante: Daniel fut témoin de ces choses. Il vint cependant un jour où le mesmérisme du découragement, la lassitude, l'isolement, les appréhensions menacèrent de l'accabler. Après avoir jeûné pendant trois semaines, il finit par tomber dans un profond sommeil, la face contre terre. Dans ce rêve de l'erreur, nul rayon de lumière ne semblait percer les ténèbres. Alors l'ange le réveilla. Daniel se redressa sur les genoux et les paumes, puis se tint debout dans la plénitude de cette promesse: « Ne crains point, homme chéri de Dieu; que la paix soit avec toi! Prends courage, prends courage! »
Malgré le recul des siècles, ce tableau d'une époque agitée rappelle fort celui que présente le monde actuel. « L'histoire se répète, » dit un adage; et cela ne nous étonne pas si nous comprenons que l'histoire humaine est l'enregistrement des rêves de l'entendement mortel — des sombres images qui n'existent que dans ce simulacre d'entendement; or en raison de sa nature finie, l'entendement mortel ne peut que se répéter.
Dans Miscellaneous Writings, Mary Baker Eddy répond en ces termes à une question qui lui avait été posée (p. 81): « A l'instar de Jean-Baptiste, chacun en arrivera tôt ou tard à crier dans le désert des joies terrestres, où sa voix doit être perçue divinement et humainement. Dans la désolation de la compréhension humaine, l'Amour divin entend l'appel au secours et y répond; et la voix de la Vérité exprime les divins faits de l'être qui sauvent les mortels des abîmes de l'ignorance et du vice. »
La Christian Science est vraiment le Consolateur qui vient à chacun de nous avec ce tendre et rassurant message: « Homme chéri de Dieu » — nous faisant sortir des abîmes où règne le désespoir. A mesure que le disciple se lève, le sentiment de la présence divine l'éclaire; il ne saurait être cette présence, qui est toujours avec lui, le protège, le garde et le guide; elle est si sainte, si vaste, si merveilleuse qu'elle paraît transcendantale au sens humain, car elle surpasse tout ce que peut saisir ce sens non éclairé. La paix intérieure, la joie sincère et profonde accompagnent cette révélation. Elle apporte aussi la sagesse, la prévoyance, le discernement, la sécurité, car on sent que non seulement soi mais ceux qu'on aime sont compris dans la sainte présence de l'Amour. L'on y trouve un baume, une guérison, un contentement paisible, un repos qui vous enveloppe. L'on est tenté de dire: « Ce bonheur me suffit! Je sais que mon Dieu est avec moi, je sens Sa main. » Mais on ne peut s'arrêter là.
Dans Unity of Good, Mrs. Eddy déclare (p. 4): « Acquérir une conscience temporaire de la loi divine, c'est sentir, dans un certain sens humain limité, que Dieu vient à nous et nous prend en pitié; mais parvenir à comprendre Sa présence, par la Science de Dieu, cela détruit notre sentiment d'imperfection, ou de Son absence, par le sentiment plus divin que Dieu est toute véritable conscience. »
Un sens humain de Christian Science, « une conscience temporaire de la loi divine, » ne saurait apporter la satisfaction permanente. Elle se perd bientôt la position que ne soutient pas la Science absolue, inaltérable. La Science exige la compréhension, car rien de moins n'exprimerait la vitalité, la puissance du divin Entendement. La Science ne tolère ni l'apathie ni la fausse satisfaction des sens matériels. Jamais elle n'excuse la superficialité. Le disciple sincère cherche toujours avec zèle; il prend ses livres de texte, il étudie, médite. Bientôt, grâce à l'ange il peut se lever, se tenir debout dans la réalisation progressive de ce fait: non seulement la présence de Dieu est avec l'homme, mais l'homme est en vérité l'expression, le signe même de cette présence. Dieu est le JE SUIS, le seul éternel Ego, Se révélant dans la gloire et la plénitude de l'individualité spirituelle.
C'est alors qu'apparaît plus clairement la conscience de notre véritable identité. Pour le sens humain, il s'agit d'un mortel avançant vers l'Esprit; mais en réalité, le sens mortel fini disparaît à mesure qu'apparaît la réalité et la substance présentes de l'être — ce qui est divin, spirituel, véritable.
Dans le livre de texte de Christian Science, Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy déclare (p. 302): « Le corps et l'entendement matériels sont temporels, mais l'homme réel est spirituel et éternel. L'identité de l'homme réel n'est pas perdue, mais retrouvée grâce à cette explication; car par elle l'infinitude consciente de l'existence et de toute identité est discernée et demeure inchangée. » « L'infinitude consciente de l'existence et de toute identité » ! C'est ici que tombent vraiment les chaînes du matérialisme. La Science révèle l'entité de Dieu et l'identité de l'homme, c'est-à-dire la réflexion divine. Cette réflexion est à jamais comprise dans l'Entendement qui la conçoit; elle existe comme expression de cet Entendement. Ainsi l'homme n'a point d'identié ou d'être séparés de Dieu. Dieu, l'Entendement a conscience de Sa propre infinitude; Il S'exprime toujours, et l'homme, expression de Dieu, ne connaît et n'éprouve que ce qu'il en reflète. Il n'est point à même d'éprouver le manque, les limitations, la crainte ou les échecs. Il reflète l'aptitude de l'Entendement pour le bien. L'homme n'a point de capacité ou d'incapacité personnelles soit pour le bien soit pour le mal. Il ne subit jamais la naissance ou la mort, mais existe en tant qu'idée dans la substance de l'Amour, dans l'infini de l'éternité. Il ignore la fatigue, l'épuisement, les maladies ou le péché. La sublimité de sa force est le reflet de la toute-puissance. Son soutien est la Vérité. Il est à jamais maintenu dans l'infinitude de la Vie, comme signe ou preuve que Dieu est Tout. Cet homme révélé par Dieu n'a pas besoin qu'on le garde, le guide ou le console, car il est éternellement un avec Dieu; c'est l'expression même de l'Amour.
Dans le calme de la réalisation spirituelle, où le tumulte et le fracas du monde sont réduits au silence, puisse chacun de nous sentir le réconfort qu'apporte l'ange — entendre résonner la voix disant: « Homme chéri de Dieu »!