Les peuples chrétiens font profession d'être gouvernés par les enseignements du Christ Jésus, qui a mérité le titre de Conducteur et dont la doctrine fut comparée au roc — « un rocher spirituel... le Christ, » ou la Vérité (I Cor. 10:4). Pour suivre ces préceptes avec intelligence, il faut les connaître, les comprendre, en démontrer les règles, prouver avec une certitude scientifique leur caractère pratique. Ces enseignements, ces règles se trouvent dans la Bible. Aussi peut-on se demander pourquoi, parmi les nations chrétiennes, le Livre des livres n'est pas à la place d'honneur, consulté avant tout autre dans les chambres des conseils, les parlements, les tribunaux, les bureaux, les conférences de la paix; pourquoi, sauf à l'église et certains jours de la semaine, il ne fait pas davantage autorité.
Une des principales raisons, c'est que les hommes ont interprété la Bible littéralement, ou en se plaçant sur deux bases différentes — l'Esprit et la matière. Une interprétation pareille produit la confusion, les inconséquences, le doute, la crainte. Or la Bible n'est pas avant tout l'histoire matérielle d'un peuple, d'une race. Elle expose la révélation progressive de la Vérité, faisant connaître Dieu en tant qu'Esprit, divin Principe, qui maintient, dans l'omnipotence, la loi parfaite et l'éternelle harmonie. Elle montre l'indivisible unité du Principe et de l'idée, Dieu et l'homme. Elle révèle que tous les hommes sont un sous le double rapport de l'origine et de l'expression; le gouvernement de l'un est celui de tous, le bien d'un seul est celui de tous.
Mary Baker Eddy, disciple intelligemment humble du Christ Jésus, découvrit la portée spirituelle de la Bible et en donna, pour le monde entier, l'interprétation scientifiquement spirituelle dans le livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures. Grâce à cette découverte et à sa démonstration probante, les enseignements du Christ Jésus ne sont plus confinés dans le royaume du sentiment religieux, des lois et des obligations morales; ils constituent en vérité une Science exacte, qui lorsqu'elle est comprise et démontrée, apporte au genre humain le salut, au double point de vue individuel et collectif. Il est donc vrai, comme le discernait si bien saint Paul (I Cor. 3:11), que « personne ne peut poser d'autre fondement que celui qui a été posé, lequel est Jésus-Christ. »
A la page 138 de Science et Santé, Mrs. Eddy déclare: « La suprématie de l'Esprit était le fondement sur lequel bâtit Jésus. Son résumé sublime indique la religion de l'Amour. » Jésus savait que tout le bien — l'activité, le pouvoir, la santé, la satisfaction, l'abondance — ne se trouve que dans l'Esprit ou l'Entendement. Il savait que l'homme, y compris l'univers, existe comme expression de ce seul Entendement, éternellement complet et parfait. Il démontra cette connaissance d'une manière irréfutable. Il fraya la voie par laquelle chacun peut découvrir, sur ce fondement, l'existence éternelle, individuelle, sereine.
Les systèmes de pensée et de gouvernement qui reposent sur ce qu'on nomme la matière n'ont vraiment aucune base. Ils s'appuient sur ce que la Bible appelle un « refuge du mensonge » — sur les croyances d'après quoi la substance et l'intelligence se trouveraient dans l'insubstantiel, l'inintelligent; d'après quoi l'homme, être spirituel, intelligent, serait soutenu par la matière inintelligente. Ces fausses prémisses, représentant le bien comme à la fois spirituel et matériel, conduisent inévitablement à la division, à l'opposition des intérêts, des buts, des ambitions. Parce qu'on croit que les ressources sont matérielles et limitées, on les divise mentalement, on les attribue aux personnes; on établit une distinction entre « mon bien » et « votre bien », entre « notre bien » et « leur bien. » Il semble que l'on ne puisse guère prospérer qu'aux dépens d'autrui. Quelle erreur de penser ou d'agir sur ces prémisses fausses, insubstantielles! Nul ne peut s'établir dans le bien aux dépens d'un autre; aucune nation ne peut améliorer son sort aux dépens d'une autre. Comme il n'y a qu'un Dieu, il n'y a qu'un seul bien, lequel est infini, impartial dans son expression.
Les inventions modernes rapprochent toujours davantage les hommes. Leurs intérêts s'entremêlent de plus en plus, et l'entendement humain lui-même commence à reconnaître qu'une chose n'est vraiment salutaire que lorsqu'elle l'est pour tous. Ce qu'on nomme la matière est simplement une phase mentale, les faux concepts d'un entendement hypothétique sans intelligence ni solidité. Cette base trompeuse, malgré les longs siècles au cours desquels on l'accepta, doit être abandonnée, remplacée par le fondement spirituel et solide de la Vérité. Il faut reconnaître que « la religion de l'Amour » est la Science de la Vie, la base de tout gouvernement véritable. A la page 276 du livre de texte, nous lisons ceci: « Lorsque les préceptes divins sont compris, ils révèlent la base de la fraternité dans laquelle un entendement n'est pas en conflit avec un autre, mais dans laquelle tous ont un seul Esprit, Dieu, une seule source intelligente, conformément au commandement de la Bible: “Ayez les mêmes sentiments que Jésus-Christ a eus.” »
Il est certain que la Bible, dans toutes ses pages, montre ce qui arrive lorsqu'on obéit à la loi de l'Esprit, de l'Entendement divin, ou lorsque au contraire on s'y montre rebelle. L'obéissance au seul Entendement a pour inévitables résultats la paix, l'abondance, les progrès, les lumières, la victoire sur les ennemis. La désobéissance ou l'oubli du Dieu unique entraîne toujours les ténèbres apparentes, la confusion, la misère, la captivité — toutes les illusions des sens matériels.
Dans plusieurs paraboles, Jésus, qui s'était élevé plus haut même que la loi morale de Moïse, fit voir le néant des richesses matérielles et la certitude de l'abondance sous la loi spirituelle de Dieu. Par ce qu'on nomme des miracles, il prouva maintes fois que la loi de l'Esprit est accessible pour dissiper la croyance au mal et mettre en vigueur la vérité de l'harmonie toujours présente; c'étaient parfois des malades devant être guéris, une foule ayant besoin de vivres, un impôt à payer, une tempête qu'il fallait calmer. Aujourd'hui ce Principe est tout aussi pratique, accessible, inévitable, car c'est l'éternelle Vérité infinie, l'unique Dieu auquel il faut obéir si l'on veut que la paix s'établisse sur la terre.
Reprenant Science et Santé, nous trouvons à la page 313 cette déclaration: « Jésus de Nazareth était l'homme le plus scientifique qui ait jamais marché sur la terre. » Cet homme de Science, qui parla comme nul ne l'avait fait, connaissait le secret de la Vie éternelle et de ses harmonies; il dit aux hommes de recevoir son enseignement, et sa tendre invitation est toujours valide (Matth. 11:28): « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai. » Proclamons donc avec hardiesse et sans crainte cette Science de l'Entendement, cette religion de l'Amour, et bâtissons sur un fondement solide; c'est seulement alors que les hommes et les gouvernements verront leurs problèmes se dissoudre à la lumière de l'Amour, et la paix s'établir sur le roc spirituel de la Vérité.