Elle est à la fois concise, riche en promesses et d'une vaste portée cette parole de Jésus: « Nul ne connaît le Fils, si ce n'est le Père. » Le « Fils » auquel le Maître fait allusion, c'est « le Fils de Dieu, le Messie ou Christ; » nous empruntons ces termes à la définition du « Fils » donnée par Mary Baker Eddy dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 594). Puisque l'homme individuel est toujours caché « avec le Christ en Dieu, » la déclaration de Jésus implique qu'aucun mortel qui pense matériellement ne peut connaître votre individualité véritable ou la mienne,— le fils de Dieu,— car le Père seul connaît le fils.
Certains mortels ont peur de ce que peuvent penser d'autres mortels. Ils craignent les personnes haineuses, jalouses, intrigantes ou critiques. Cette crainte n'est pas motivée. Aucun mortel à la pensée matérielle ne peut connaître, comprendre ou percevoir votre vrai moi ou le mien. Ce fait peut nous libérer complètement de la crainte touchant la mauvaise pratique. Votre être véritable, le mien, a pour substance l'Esprit, que la pensée matérielle ne saurait percevoir. Seul le Père, l'Entendement qui sait tout, peut connaître cette individualité — Son idée. La vraie conscience de notre frère reflète le Père, l'Entendement, et connaît naturellement son prochain d'une façon juste. Comme réflexion de Dieu, il reflète la connaissance que le Père a de Son fils. Mais ce fait demeure à jamais: aucun stade de pensée matérielle, animé par le vouloir humain ou les mobiles malveillants, ne peut connaître, discerner, toucher l'individualité que Dieu constitue et maintient saine et sauve dans Son impénétrable totalité. La sécurité de l'homme est égale à celle de Dieu.
Pourquoi donc certains mortels craignent-ils ce qu'on nomme la mauvaise pratique? Parce que dans leur ignorance, ils attribuent plus de pouvoir à l'entendement mortel, au mal, qu'ils n'en attribuent à l'Entendement immortel, à Dieu. Ils croient que l'entendement matériel négatif, s'exprimant par des mortels qui pensent d'une manière injuste, s'est approprié d'une manière inexplicable une partie de l'omnipotence divine, l'a pervertie puis dirigée contre l'enfant de Dieu. Non seulement ils croient que le penser malin, ou l'entendement mortel, a du pouvoir, mais ils lui attribuent plus de pouvoir qu'à Dieu, qu'à l'Entendement immortel, dont ils affirment en théorie la toute-puissance. Ils s'écrieraient volontiers avec le Psalmiste: « Mon âme est au milieu des lions; j'habite avec des hommes qui vomissent des flammes, dont les dents sont des lances et des flèches, et dont la langue est un glaive acéré. » Mais si Dieu est omnipotent, combien de pouvoir reste-t-il pour le mal? Combien, en effet?
Lorsque Mrs. Eddy déclare (Science et Santé, p. 102): « Il faut que le genre humain apprenne que le mal est sans pouvoir, » elle entend que vous et moi devons prendre pleinement conscience du pouvoir divin et de notre unicité avec cette omnipotence, de sorte que nous ne craindrons pas du tout le prétendu pouvoir du mauvais entendement. Souvenons-nous de ceci: lorsque Jésus appela cet entendement un meurtrier, il le qualifia aussi de menteur; par là même il l'excluait, ainsi que toute son activité fallacieuse, du royaume de la Vérité.
« Un courtisan dit à Constantin, » écrit Mrs. Eddy, « que la tête de sa statue avait été brisée par des pierres qu'avait lancées la populace. L'empereur porta les mains à sa propre tête, et fit cette remarque: “C'est curieux, je n'en éprouve aucune douleur!” » (Miscellaneous Writings, p. 224.) La foule en colère assaillait de ses projectiles la statue et non pas Constantin lui-même. Celui-ci avait une entité différente et se trouvait dans un autre lieu. L'homme qui se livre aux mauvaises pensées ressemble à la populace. Sa malice, sa jalousie, son mauvais vouloir sont dirigés non pas contre votre individualité ou la mienne, mais contre la fausse conception matérielle qu'il accepte touchant l'identité. Notre tâche consiste à savoir ce que nous sommes réellement, à ne pas croire que nous sommes ce qu'il pense. Il ne nous faut jamais consentir à croire que nous pouvons servir de cible au mal. Ce rôle est impossible pour le fils de Dieu! L'Entendement ne connaît pas ce que désigne le mot « cible. » Jamais, au grand jamais, le bien-aimé du Père — votre seul moi véritable et le mien — ne peut être l'objet de desseins pervers. Toujours, éternellement, notre individualité est l'objet des bénédictions de l'Amour, qui nous soutiennent et nous protègent. Chaque jour, nous devrions reconnaître avec joie ce grand fait.
Notre Leader déclare: « Scientistes Chrétiens, soyez une loi à vousmêmes pour que la mauvaise pratique mentale ne puisse vous faire de mal, que vous dormiez ou que vous soyez éveillés » (Science et Santé, p. 442). Humainement parlant, nous sommes toujours soit endormis soit réveillés; donc, pour obéir à cette exhortation, il faut savoir que, parce que nous sommes la réflexion constante de Dieu ou la manifestation des forces spirituelles qui sont la loi divine, nous ne saurions être atteints, touchés, mis en péril, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit, par l'activité hypothétique de l'entendement mortel qu'on nomme la mauvaise pratique. Notre immunité est perpétuelle, car elle se fonde sur notre spiritualité. Notre supériorité est constante. Les forces physiques ou matériellement mentales se consument dans les sphères de la supposition. Elles ne sauraient pénétrer l'infinitude que remplit l'Amour, où demeurent à jamais les enfants de Dieu.
La lutte concerne généralement cette croyance due à l'éducation: le mal aurait des agents qui lui obéissent, il opérait sur des personnes. Tous ces concepts ont leur source dans l'entendement mortel; ils sont comme lui sans substance, sans vie ni pouvoir. L'entendement mortel prétend à l'identité, à l'action; mais il ne correspond point au fait de l'être, pas plus qu'un roman ne constitue la vérité historique. Grâce au sens spirituel — au sens de l'Ame — nous discernons que rien n'existe sinon Dieu et Ses idées; que dans l'univers divin (il n'y en a pas réellement d'autre) ne se trouve aucun objectif pervers, nulle force destructive, aucune personne pensant d'une manière injuste et pouvant employer ou subir ces choses — ni scélérats ni victimes. Dieu seul est actif; Il influence, dirige, gouverne Ses enfants, avec un pouvoir indisputé, incontestable. Seul l'Entendement connaît sa propre manifestation. A l'égard des mauvaises pensées, notre supériorité présente, éternelle, réside dans ce simple fait spirituel que rien ne saurait changer: aucun sens mortel de l'homme ne connaît ou ne peut attaquer notre filialité divine, car seul le Père, l'Entendement qui sait tout, peut connaître Son fils.