Une des requêtes qu'on adresse le plus souvent au praticien de la Science Chrétienne, c'est celle-ci: « S'il vous plaît, aidez-moi à trouver ma vraie place! Je sais que je ne suis pas à ma place. » L'impression persistante de mécontentement, la croyance qu'on se trouve dépaysé, ne peut être entièrement guérie que par la réalisation de ce fait: on trouve sa vraie place lorsqu'on accepte et vit son vrai moi, expression de l'Entendement divin. L'identité et la place ne font qu'un, car la réalisation de l'identité véritable nous met dans l'inattaquable position de l'union avec Dieu, la seule place qui soit absolument sûre et profitable.
Dans le livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures, la page 475 est une de celles que les Scientistes Chrétiens connaissent le mieux; l'auteur, Mary Baker Eddy, nous y donne une définition de l'homme fort compréhensive, disant entre autres qu'il est « l'idée composée de Dieu, y compris toutes les idées justes. » Quand il accepte ceci comme la définition de son moi véritable, quelles perspectives le disciple voit s'ouvrir! Son individualité réelle doit renfermer « toutes les idées justes »; avec ces idées viennent la capacité et la sagesse nécessaires pour les mettre en pratique, pour démontrer leur puissance et leurs ressources. Il n'a donc pas besoin de restreindre son travail à la mesure humaine de ses talents ou de ses aptitudes, des limitations qu'il semble avoir héritées, des lacunes de son instruction. Réalisant son union avec Dieu, avec l'intelligence et la sagesse infinies, il n'a point à craindre d'accepter les nouvelles et plus amples occasions de servir qui se présentent lorsqu'il accepte sa vraie position. Pour trouver une occupation, il n'adoptera pas le point de vue qu'il est sans place: lequel d'entre nous chercherait dans sa maison une paire de souliers qu'il ne possède pas? Le disciple commencera par accepter sa position certaine dans l'Entendement, puis avec confiance il avancera.
A travers toutes les vicissitudes du songe humain, il faut maintenir cette place ou position véritable et faire ce qu'elle exige. Que requiert-elle de notre part? L'intégrité, les intentions pures, l'immaculée réflexion de l'Entendement et de ses qualités divines, le courage de l'Amour, la joie et la paix de la sécurité complète. Parmi les personnages bibliques, Joseph, vendu par ses frères puis esclave en Égypte, est peut-être celui dont l'histoire illustre le mieux ce maintien de la vraie place. En butte aux tentations, injustement emprisonné, poursuivi par la haine, il put toujours maintenir sa position dans la justice, sa pureté, son intégrité, son discernement, la sagesse, l'amour, le pardon des offenses.
Parce qu'il se montra fidèle et garda d'une façon consciente sa vraie place dans l'Entendement, il fut comblé d'honneurs et gouverna tout le pays d'Égypte. Quand vinrent à lui les frères qui s'étaient jadis montrés haineux et perfides, il maintint fermement sa position spirituelle, les accueillit avec amour et prit soin d'eux. Il put leur assurer que, s'ils avaient eu la pensée de lui faire du mal, Dieu n'avait prévu que le bien: c'était pour conserver la vie qu'il avait envoyé Joseph en Égypte.
Dans toutes les organisations humaines, petites ou grandes, se dessinent parfois des courants de fond — nervosité, discords, mesquineries personnelles, agressivité. Très souvent, ces choses ont leur source dans la crainte de perdre sa place et de ne pouvoir s'en procurer une autre. Réaliser sa vraie place en tant qu'idée de l'Entendement éliminerait cette crainte, apporterait la sécurité, la sérénité, et par conséquent permettrait de faire un meilleur travail.
A la page 26 de Non et Oui, Mrs. Eddy déclare: « Dieu maintient l'homme dans les liens éternels de la Science,— dans l'immuable harmonie de la loi divine. » Elle écrit en outre, à la page 70 de Science et Santé: « L'Entendement divin maintient toutes les identités, depuis celle d'un brin d'herbe jusqu'à celle d'une étoile, comme étant distinctes et éternelles. » Le Scientiste Chrétien qui réalise ces vérités ne peut craindre de perdre sa place ou de se la voir ravir. De même qu'une rose ne saurait prendre la place d'un arbre, ou une pierre celle d'une étoile, ainsi nul ne peut prendre la place d'autrui. Si les membres d'une organisation réalisent individuellement ces vérités, il en résultera certes pour cette entreprise une harmonie, un succès, un pouvoir incalculable — le pouvoir même du divin Principe.
Sur le point de quitter ses disciples, Jésus les rassura quant à leur place. Selon le chapitre quatorze de saint Jean, il leur dit: « Il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père... Je vais vous préparer une place. »
On voit donc qu'au fond la place est un état de conscience. L'homme vit et trouve son activité non dans un espace limité par la matière, mais dans la maison du Père, où il y a « beaucoup de demeures »— dans l'Entendement infini. Cette place est belle, spacieuse, bien ordonnée, éclairée par l'Amour; la liberté y règne. On y est toujours libre de penser selon la conscience scientifique de l'être réel. Demeurant dans cette place et le sachant, l'on a pour ambiance la beauté des idées divines, la chaleur et la grâce de l'Amour, le réconfort et la certitude de la Vérité, l'activité et la fraîcheur de l'Esprit renouvelant toutes choses. On ne cherche plus sa place dans les circonstances matérielles. Peu à peu les limitations disparaissent, les occasions favorables augmentent pour correspondre à des aptitudes plus grandes; les ambitions et les désirs légitimes obtiennent satisfaction, la joie et la santé se stabilisent; le disciple goûte une paix durable et rien ne peut lui ravir sa place où prévalent l'activité, la beauté, l'harmonie, les justes récompenses. Il a accepté sa place dans l'Entendement, comme idée.
