En français comme dans d’autres langues, le mot « nerfs » a plusieurs sens. Outre son acception physiologique, il peut indiquer certains aspects de la pensée humaine, soit désirables soit déplaisants. Par exemple, « avoir du nerf » signifie avoir de la force, de la vigueur; mais en anglais, cette expression indique parfois l’effronterie, l’insolence, l’aplomb. Pendant les jours de fièvre et de tension mondiale, l’on a souvent entendu mentionner « la guerre des nerfs. » C’est un nouvel emploi de ce mot aux acceptions multiples, car ce qu’on nomme « la guerre des nerfs » est à coup sûr une tentative pour vaincre et confondre l’ennemi en minant son moral, en attaquant sa force de résistance, laquelle, d’après certain dictionnaire, « est plutôt mentale que physique. »
Le Christ Jésus n’a-t-il pas montré comment on remporte la victoire sur la misérable croyance que l’entendement charnel voudrait nous faire accepter quant aux nerfs rebelles, aux appréhensions, à la crainte? Voyons quelle fut son attitude lorsqu’une violente tempête s’abattit sur le lac, en Galilée. Ballottée par la fureur des flots, la barque où il se trouvait avec ses disciples semblait en péril; mais Jésus dormait paisiblement. Il est certain que le grand Maître n’était point sujet à la nervosité! Lorsque ses compagnons l’eurent réveillé, il ne manifesta pas la moindre crainte; toujours serein, il « imposa silence au vent et aux flots, qui s’apaisèrent, et il se fit un grand calme. » Aux disciples frappés de terreur, il posa cette question: « Où est votre foi? » Ceci n’indiquait-il pas qu’aucun d’eux n’aurait été craintif ou nerveux s’il avait saisi les vérités spirituelles que le Maître avait enseignées et mises en pratique? La foi s’élevant jusqu’à la compréhension spirituelle, voilà donc le remède efficace contre les nerfs, la nervosité et tout ce qu’impliquent ces termes.
Au fait, la plupart des médecins admettent sans peine que la Science Chrétienne peut guérir les affections nerveuses. Mais ils croient à tort que la pratique de la Science Chrétienne s’apparente à la suggestion mentale, que le patient s’hypnotise lui-même; notre traitement, au contraire, est spirituellement mental — c’est la prière chrétienne dans ce qu’elle a de plus saint, de plus élevé. Ajoutons ici que le Scientiste Chrétien se garde de limiter le pouvoir de Dieu en ne l’appliquant qu’aux prétendues maladies nerveuses. Certes, le Guérisseur pas excellence n’établissait aucune distinction entre les maux organiques et les troubles fonctionnels. Comprenant l’entière maîtrise de l’Ame sur les sens matériels, il résolvait avec une égale facilité les problèmes les plus divers; il calmait la tempête, apaisait les craintes, guérissait des maladies tenaces.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy, notre Leader inspirée, déclare (p. 216): « La compréhension que l’Ego est Entendement, et qu’il n’y a qu’un Entendement, qu’une intelligence, commence immédiatement à détruire les erreurs du sens mortel et à donner la vérité du sens immortel. Cette compréhension rend le corps harmonieux; au lieu de faire des nerfs, des os, du cerveau, etc., des maîtres, elle en fait des serviteurs. » Ailleurs elle nous donne ce conseil (ibid., p. 393): « Demeurez ferme dans votre certitude du fait que l’Entendement divin gouverne, et que, dans la Science, l’homme reflète le gouvernement de Dieu. » Voilà donc la radieuse conscience spirituelle qui nous fera traverser victorieusement la guerre des nerfs, qu’il s’agisse d’une lutte nationale ou personnelle — qu’on soit sur les champs de bataille d’Europe ou d’Asie, ou qu’on reste au pays pour accomplir tranquillement sa tâche.
L’homme de Dieu, l’expression de l’Ame harmonieuse, n’est point à la merci d’un système nerveux matériel qui serait tantôt agité, tantôt presque calme; qui pourrait être tourmenté par la douleur ou par quelque faux appétit. Dans des moments pénibles, certaines personnes ont-elles recours à l’alcool, aux narcotiques, au tabac, pour « raffermir les nerfs, » comme elles le disent? Qu’elles comptent plutôt sur la Vérité divine; alors elles verront que, si l’on veut porter remède au surmenage, à la tension mentale, les résultats sont bien meilleurs quand on a recours à la conscience divine, à l’opposé de la sensation matérielle.
Réduire au silence le vouloir humain a maintes fois guéri des affections nerveuses. Maîtriser la crainte et l’irritabilité a fait disparaître des embarras gastriques et d’autres troubles. Surmontez l’égoïsme, et dans bien des cas vous verrez qu’une prétendue dépression nerveuse retombe dans son néant primitif. « Tournez-vous vers moi [Dieu] et soyez sauvés, vous tous, qui habitez les extrémités de la terre! » s’écriait le prophète Ésaïe. Pendant la période orageuse qui peut-être marquera la fin des tragiques conflits actuels, si nous mettons toute notre confiance dans le Père nous pouvons nous attendre à sortir indemnes de la tempête. Aucune terrible suggestion de choc nerveux ne se trouve dans le domaine de l’Esprit. Les odieux souvenirs des heurts brutaux peuvent être effacés par la Vérité divine d’une manière certaine, complète; ils peuvent disparaître comme s’évanouissent, quand toutes les lumières sont allumées ou lorsqu’on détruit le film, des scènes déplaisantes projetées sur l’écran.
En se réveillant d’un affreux cauchemar, on se demande parfois si l’on pourra chasser de sa conscience cette malheureuse image mentale; mais comme aucune cause, aucune loi réelle ne soutient le songe pénible, il finit par s’effacer de la mémoire. Dieu soit béni de ce que la Science du christianisme montre aux humains qu’ils peuvent traverser victorieusement toutes les mers Rouges — guerre, haine, nervosité, fâcheuses caractéristiques des sens et de la sensation matériels — pour arriver à la terre promise, à la sérénité de l’Ame! Avec quelle ferveur, quelle gratitude le Scientiste Chrétien peut prier, et dire comme le doux poète Whittier:
Répands un baume de fraîcheur
Sur nos désirs ardents;
Soumets la chair, les sens trompeurs,
Et parle, ô voix de la douceur,
A travers flamme et vent.