Quels beaux tableaux évoque le mot de « paix » — l'harmonie, le bienêtre, le clame après l'orage! Qu'est-ce qui surpasserait en douceur ce souhait, cette bénédiction: « La paix soit avec vous »? Mais dans tous les temps, les prophètes et les sages nous ont mis en garde contre une prétendue paix qui ne reposerait pas sur le granit du Principe. Grâce à l'intuition spirituelle, Jérémie s'écriait: « Ils pansent négligemment la plaie de la fille de mon peuple. Paix! Paix! disent-ils — alors qu'il n'y a point de paix. » Et un poète du dix-neuvième siècle fait cette prière: « Que Dieu nous donne la paix! » mais il ajoute immédiatement: « non pas une paix qui cause le sommeil. »
Sans doute on admet en général que la paix est le calme, l'absence de guerre. Mais il est intéressant de voir que le terme hébreu shalom, que nos versions de l'Ancien Testament traduisent « paix, » dérive d'un mot signifiant « être en sécurité. » Ainsi, pour les hommes et les femmes craignant Dieu, aucune paix n'est durable, authentique, si elle ne se fonde point sur le roc de la compréhension spirituelle.
Bien des gens prennent à tort pour la paix ce qui n'est qu'une trêve armée. Ceci fait penser à l'histoire du pasteur qui, rendant visite à un malade de sa paroisse, découvrit que cet homme et un autre membre de l'église étaient des ennemis jurés. Il prit bien vite des mesures pour mettre en présence les deux belligérants, auxquels il demanda de se serrer la main comme des frères, des chrétiens. C'est ce qu'ils firent avec solennité. Puis le malade dit tout bas: « Naturellement, si je me remets ceci ne compte plus! »
A la page 2 78 de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, notre révérée Leader, Mary Baker Eddy, nous donne cette belle maxime: « La paix est la promesse et la récompense du droit. » Puis à la même page, elle ajoute: « Le Principe de tout pouvoir est Dieu, or Dieu est Amour. Ce qui fait entrer dans la pensée ou l'action humaine un élément contraire à l'Amour n'est jamais requis, jamais nécessaire, et n'est point sanctionné par la loi de Dieu — la loi de l'Amour. Le Fondateur du christianisme a dit: “Je vous donne ma paix; je ne vous la donne pas comme le monde la donne.” »
Contemplons-nous avec désespoir le tableau d'un monde en guerre, où les hommes ne se comprennent pas, se haïssent, ont soif de vengeance, où les peuples sont soit excités par la victoire, soit aigris par l'amertume de la défaite? La perspective d'une paix durable et juste semble-t-elle lointaine, presque inconcevable? Pensons à cette encourageante et ferme parole du Christ Jésus, répétée à notre époque par la Science Chrétienne: « Prenez courage, j'ai vaincu le monde! » La Vérité, l'éternelle harmonie, bannit à jamais les ténèbres des discords de la crainte, de la haine; car la Vérité n'est-elle pas la lumière? Toujours active et vraie, la Vérité nous sauve du mensonge et de tous les mensonges, éternellement, infailliblement.
Fort bien, dira peut-être quelque penseur; mais si le mal semble dominer, « combien seront grandes ces ténèbres! Pour préparer la voie d'une paix durable, il faudrait sans doute des millions de ces « petites lumières » dont parle Shakespeare. C'est vrai; mais où commence-t-il, ce grand labeur du salut? N'est-ce pas dans la conscience humaine individuelle? Supposons un pays où l'ignorance soit si profonde que l'on n'ait jamais pris une lumière pour s'éclairer si l'on sortait de nuit; une personne intelligente, arrivant dans cette région, suivra-t-elle avec indolence une coutume aussi primitive et se contentera-t-elle tâtonner dans les ténèbres, comme le font les autres? N'emportera-t-elle pas une lampe ou une bougie, ne fût-ce que pour guider sa propre marche? Agir ainsi, c'est obtenir un double résultat: premièrement, l'on y voit soi-même plus clair, et deuxièmement, tous ceux qu'atteignent ces lueurs sont dans une certaine mesure éclairés, secourus, réconfortés. Ainsi, chers pacificateurs — et n'est-ce pas là un bien beau titre pour le chrétien? — que chacun de nous, à cette heure sombre, allume sa propre lanterne!
Pour procurer la paix, il faut commencer chez soi, dans sa conscience. Si nous ne luttons pas contre nos défauts, que nous cherchions à les pallier, à les dissimuler, peut-on dire que nous sommes en paix avec nous-mêmes et avec le Principe? Se sentir en paix dans des circonstances pareilles indiquerait qu'on est victime d'un dangereux narcotique mental. Mrs. Eddy écrit (Miscellaneous Writings, p. 107): « Ne pas voir les déformations de sa propre mentalité; ne pas s'en repentir profondément, sans arrière-pensée — cette attitude retarde et dans certains cas morbides, arrête le progrès des Scientistes Chrétiens. » Il faut donc que tout d'abord, la pénétrante lumière de la Vérité éclaire la conscience jusque dans ses replis, démasque et détruise les erreurs conduisant à la guerre, l'égoïsme, l'improbité, l'amour-propre, la convoitise, les tendances animales, l'irritation, la colère. Lorsque chaque jour on entre en conférence avec soi-même pour la paix, exigeant que ces ennemis, s'ils ont pénétré dans la conscience, se rendent sans condition; lorsque les fenêtres mentales sont nettes et brillantes, laissant passer la lumière de l'amour désintéressé, de Vérité apportant l'harmonie — on hâte l'heureux jour où les épées se transformeront en socs de charrues et les lances en serpes.
Pendant ces conférences quotidiennes, affirmons avec confiance, avec gratitude et joie la présence et l'activité universelles de Dieu, de l'Entendement, et Sa loi qui rend effective la paix. Cherchons à chasser de notre conscience les causes subtiles de la guerre, puis refusons d'attribuer aux prétentions belliqueuses un pouvoir quelconque. Il n'existe pas deux créations, dont l'une serait matérielle, discordante, chaotique, tandis que l'autre serait spirituelle, harmonieuse. Il y a un seul Entendement et sa manifestation infinie, parfaite. Le royaume de Dieu est proche, il est venu. L'harmonie, c'est la réalité, la seule présence. Mieux que toute autre chose, cette réalisation céleste procure la paix. Et concernant ceux qui tiennent bien haut le flambeau du Christ, l'on peut dire: « Grande est la paix de ceux qui aiment ta loi: rien ne peut les faire chanceler. »