Un savant humaniste chinois a déclaré qu'il aime et respecte beaucoup les chrétiens lorsqu'ils agissent en chrétiens. Il y a là de quoi faire réfléchir ceux qui prétendent suivre l'humble Nazaréen! Ne semble-t-il pas que cet observateur d'Extrême-Orient ait saisi les idéals du Christ Jésus mieux que maintes personnes qui font profession de christianisme?
Nos lecteurs connaissent peut-être l'histoire du marin qui par suite d'un naufrage se trouva sur une île dont les habitants, à ce qu'il croyait, étaient des cannibales. Pendant des semaines, craignant ces sauvages, il se tint caché et ne sortit que la nuit; mais un jour il entendit des voix irritées et des pas qui semblaient s'approcher de lui. Il était sur le point de se livrer à eux pour mettre fin à ses angoisses lorsqu'il vit passer, à quelques mètres de lui, un homme et une femme de race blanche, qui se querellaient violemment en anglais. Tombant à genoux, le marin s'écria avec ferveur: « Dieu merci, ce sont des chrétiens! »
Or dans une courte phrase, le Maître fait voir à quoi l'on reconnaît un chrétien. Voici ce que dit l'Évangile de Jean, au chapitre treize: « C'est à l'amour que vous aurez les uns pour les autres que tous connaîtront que vous êtes mes disciples. » Parlant du terme Amour employé comme synonyme de Dieu, Mary Baker Eddy, bien-aimée Leader du mouvement Scientiste Chrétien, s'écrie (Miscellaneous Writings, pp. 249, 250): « Quel mot! Je m'incline avec respect devant lui. Sur quels mondes immenses il étend son action et règne en souverain! » Au paragraphe suivant, elle ajoute: « Aucun terme n'est plus mal interprété; aucun sentiment n'est moins compris. »
On peut bien dire que la vie et les œuvres de cette noble femme définissent l'amour chrétien. En butte aux railleries et aux outrages de ceux qui comprenaient mal son message révolutionnaire et le rejetaient, elle poursuivit vaillamment sa tâche, sans se plaindre, sans user de récriminations. Les paroles suivantes montrent quelle était son attitude et permettent à chacun d'entrevoir le véritable caractère de Mrs. Eddy (ibid., pp. 11, 12): « Je serais heureuse de prendre par la main tous ceux qui ne m'aiment pas, et de leur déclarer: "Moi je vous aime, et je ne voudrais pas vous nuire sciemment!" Parce que ce sont là mes pensées, je dis à mes frères: Ne haïssez personne, car la haine est un foyer d'infection qui répand son virus et finit par tuer. »
De nos jours, les émotions humaines, excitées par les flammes infernales de la guerre, atteignent leur paroxysme, et bien des personnes se demandent: Comment peut-on ne pas haïr des ennemis pervers et sans scrupule? Et quand le cauchemar de la guerre aura pris fin, comment faudra-t-il traiter les millions de mentalités tourmentées, haineuses, altérées de vengeance, qui resteront après le conflit? Les enseignements du Christ Jésus, que la Science Chrétienne remet en valeur et dont elle donne l'explication avec preuves à l'appui, offrent au genre humain le plus grand espoir dans ces heures sombres. Voici le remède: l'amour, l'amour impersonnel, l'amour spirituel; l'amour, la compréhension de Dieu qui guérit; l'amour, reflet du Père-Mère qui lui-même est Amour.
Ici le prétendu réaliste s'écriera peut-être, non sans incrédulité: Soutenez-vous que nous puissions regarder avec un sentiment d'amour un ennemi brutal, dont la traîtrise nous a forcés à prendre les armes pour le battre? Pouvons-nous espérer vaincre la haine qu'il nourrit à notre égard? A ces questions, le Scientiste Chrétien répond d'une manière affirmative. Les enseignements de Jésus lui ont appris que l'homme qui pèche ne sait pas vraiment ce qu'il fait, mais est victime d'une forme de démence. Qui n'aurait compassion d'un aliéné ou d'une personne qui rêve tout haut?
Si vous voyez un beau papillon pris dans la toile d'une araignée, condamnez-vous le papillon, ou bien l'araignée et sa toile? Ainsi, dans tous les cas, le Scientiste sait qu'à l'égard des frères pris dans les filets de l'erreur, l'attitude vraiment chrétienne est celle qu'expriment ces paroles: « Père, pardonne-leur; car ils ne savent ce qu'ils font. » Ensuite, pour avancer sur la voie qui mène à l'amour du Christ, il faut savoir qu'il n'y a point de plaisir, de force ou d'attraction dans le péché. Lequel des humains commettrait un péché s'il ne croyait pas en retirer une certaine satisfaction? Finalement, la Science enseigne que la compréhension de l'Amour divin, de son pouvoir et de son omniprésence, détruit le sens mortel qui croit trouver du plaisir dans le mal. Cette destruction entraîne inévitablement la repentance, la réforme, la délivrance des humains qui échappent ainsi à l'esclavage du péché. Ne reconnaissons-nous pas ici l'amour rédempteur, l'amour chrétien en pleine activité?
De nos jours, on entend souvent dire qu'après avoir enchaîné et réduit à l'impuissance les meutes féroces de la guerre, il ne faudra pas gâcher la paix. Désirons-nous être en quelque sorte présents aux conférences de la paix, par des prières efficaces — des prières qui soient « puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser les forteresses »? Dans ce cas, soldats chrétiens, mes frères, veillons sur nos pensées aujourd'hui même et chaque jour. Écoutons ce vibrant appel de notre Leader (ibid., p. 238): « Avez-vous renoncé au moi? Êtes-vous fidèle? Aimez-vous? »
