En 1917, un jeune Américain s'engagea dans l'armée. Il venait de suivre avec joie le cours d'instruction en Science Chrétienne, qui lui avait fait sentir plus que jamais la réalité présente des choses spirituelles. Il demanda donc à son professeur: « Pourquoi dois-je partir pour la guerre alors que depuis des années j'étudie sérieusement la Science Chrétienne, je la mets en pratique et la démontre de mon mieux? Il me semble que j'aurais dû être protégé contre cette situation difficile et pénible. »
La réponse modifia l'attitude du jeune homme, qui put voir sous un nouveau jour toute sa campagne militaire; ce ne serait plus une épreuve, un sujet de crainte, d'affliction, de désappointement, mais une occasion de progresser.
Voici quelles furent en substance les explications du professeur:
« Vous n'en êtes pas encore arrivé, dans votre carrière, au point où les problèmes ne se présentent plus; mais vous avez trouvé dans la Science Chrétienne ce qui vous permet de les résoudre, vous donnant ainsi la certitude que vous arriverez tôt ou tard à la maîtrise, à la liberté complète. Chaque fois que vous résolvez un problème, votre assurance, votre compréhension, votre pondération spirituelle augmentent, et votre vie journalière exprime davantage la spiritualité. Vous travaillez en quelque sorte à l'exécution d'un modèle où chaque problème — c'est-à-dire chaque occasion de résoudre un problème — s'ajuste exactement dans l'ensemble.
« Avec une entière consécration, une inébranlable fidélité au Principe, Daniel prouva pas à pas ce qu'il avait saisi. Les périls ne lui furent point épargnés, mais la preuve de maîtrise qu'il donna lorsqu'il dut passer une nuit dans la fosse aux lions inspire encore maintenant ceux qui méditent la Bible. S'il n'avait pas démontré sa maîtrise spirituelle dans des circonstances apparemment désastreuses, nous serions privés d'un récit où l'on trouve un message de réconfort et de guérison.
« Notre bien-aimée Leader, Mary Baker Eddy, déclare, à la page 66 du livre de texte Scientiste Chrétien, Science et Santé avec la Clef des Écritures: "Les épreuves font voir la sollicitude de Dieu." Ainsi l'épreuve n'est pas simplement une tribulation. L'on peut démontrer que les idées spirituelles sont présentes pour guérir et sauver, là même où l'erreur veut faire croire à la présence d'une calamité destructrice.
« Pour Daniel, l'amour dont il avait conscience était beaucoup plus réel, plus certain que la férocité bestiale des lions.
« Il en fut de même lorsque Sadrac, Mésac et Abed-Négo se trouvèrent dans la fournaise ardente. Ils eurent tellement conscience de leur individualité spirituelle, de leur filialité divine, que le roi lui-même perçut la nature du Christ: il eut l'impression qu'un quatrième homme marchait au milieu du feu. Les trois jeunes captifs reconnurent si bien la réalité spirituelle que lorsqu'ils sortirent de la fournaise ardente, ils n'avaient pas même sur eux l'odeur des flammes. »
Avec l'aide de ces bonnes pensées, le futur soldat se mit en route; après un dressage militaire auquel ses camarades avaient quelquefois de la peine à s'adapter, il traversa l'Atlantique dans un petit vaisseau côtier, malgré la tempête et les sous-marins, puis passa seize mois en France; à travers toutes ces choses, il vit se développer le modèle d'une existence riche en progrès spirituels. Plus l'ajustement lui semblait difficile, plus était précieuse la leçon qu'il en tirait.
Au début, pendant des semaines, une maladie le mit sérieusement à l'épreuve; mais il eut en Science Chrétienne une victoire décisive, fondée sur la démonstration de cette vérité: le vrai moi spirituel de l'homme ne comporte aucun orgueil. Il lui fallut, malgré des difficultés considérables, prendre position pour la Vérité; aussi, quand vint la guérison, elle s'accompagna de la pleine certitude que Dieu est toujours présent; et durant les vingt mois de service qu'il accomplit ensuite aux États-Unis et en France, il fut sans cesse conscient de la maîtrise spirituelle au point que, sauf un seul jour, il ne fut jamais malade. Il trouva également, dans des cas où c'était très nécessaire, le pouvoir protecteur qui l'affranchissait des tentations. A la fin de la guerre, il avait, comme Scientiste Chrétien, un outillage mental meilleur qu'avant; il se sentait plus fort, plus robuste, plus heureux, mieux capable de travailler avec succès.
Ainsi que ç'avait été le cas pour Joseph, prouvant sa maîtrise en face de tous les obstacles, Dieu avait donc « changé en bien » ce qui paraissait un mal. Il n'est pas rare qu'au commencement, le Scientiste Chrétien doive résoudre de nombreux problèmes, surmonter maintes épreuves. Mais à mesure qu'il croît dans la compréhension spirituelle, il obtient un sens de maîtrise, et ses progrès s'expriment par un développement naturel, spontané, conforme à l'Entendement; l'on en voit les preuves dans sa carrière, dans les guérisons et le secours qu'il apporte à son prochain.
Mrs. Eddy écrit, à la page 160 de Miscellaneous Writings: « C'est une joie toute spéciale de savoir qu'on ne cesse d'avancer dans la connaissance de la Vérité et du divin Amour; » puis elle ajoute: « Nous avons la pleine assurance que chaque épreuve de notre foi en Dieu nous rend plus forts, plus fermes dans l'obéissance et la compréhension. » Le chapitre dix-sept de l'Évangile selon saint Jean rapporte ces paroles de Jésus: « Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal. »
