Au chapitre vingt-deux, Luc rapporte que le Christ Jésus dit à Pierre: « Satan a demandé à vous passer au crible... Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point. » Ces paroles prennent une portée toute spéciale en des temps où le monde prie pour obtenir la foi.
Qu'est-ce que cette foi qui éclairait le ministère curatif de Jésus, cette grâce jugée si essentielle qu'il priait pour que Pierre en fût doué? Ce n'était certes pas une espérance vacillante. Pour Jésus, la foi était une fidélité active, constante, inébranlable — une compréhension spirituelle de l'unité entre Dieu et l'homme. Elle comportait le courage et la fermeté qu'aucun obstacle ne rebute.
Si les synagogues repoussaient Jésus et refusaient la vérité qu'il apportait, le Maître, loin de s'apitoyer sur soi-même ou de s'isoler, annonçait son message aux foules le long des chemins. La Bible nous dit qu'en une certaine occasion, « il passa toute la nuit à prier Dieu. »
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 579), Mary Baker Eddy donne du terme « Abraham » cette définition: « Fidélité; foi en la Vie divine et en le Principe éternel de l'être. » Elle déclare aussi: « Ce patriarche illustra le dessein de l'Amour de créer la confiance dans le bien, et montra le pouvoir de la compréhension spirituelle, préservant la vie. »
La Science Chrétienne révèle Dieu en tant que divin Principe, Amour, Vie, Vérité. Le divin Principe est le créateur de l'univers dont l'homme fait partie; la source du bien sans limites; le Principe gouvernant tout être réel; l'asile où demeure la paix.
Aucune flèche lancée par la colère ne peut percer l'armure de l'Amour; en face de la compréhension spirituelle, la haine s'avère impuissante. La mort n'a point de réalité devant le fait de la Vie éternelle. La continuité de toute vie est incluse dans la Vie divine; la Vie n'est jamais dans la matière ou la corporéité. Dieu est la Vie de l'homme.
La Vérité immortelle est la réalité de toutes choses; devant son existence effective, la fausseté et l'erreur rentrent dans le néant. Quelles que puissent être les circonstances ou la situation, être fidèle à la Vérité procure la sécurité. Revêtus de l'Amour spirituel, ayant pour arme la Vérité, conscients du fait que la vie est impérissable et ne se mesure pas selon les concepts mortels du temps, nous sommes prêts à prouver la maîtrise et le pouvoir du bien, surmontant toutes les formes du mal qui se présentent à nous.
En prouvant la puissance du divin Principe, Jésus fit tous les pas humains qui menaient à la croix, mais ils le conduisirent aussi jusqu'à la résurrection. Le divin Principe exige qu'à notre tour, nous nous éloignions des plaisirs ou de l'indolence qui se complaît dans la matérialité et que nous prenions la croix, pour partager ensuite la joie de la résurrection. Si nous accomplissons fidèlement ce qu'exige l'Amour, nous trouverons la Vie éternelle.
La fidélité au Principe n'est point une attente passive accompagnée de crainte. C'est une attitude active, spontanée, qui prévoit avec joie le bien et s'attend à sa réalisation. Jésus n'a-t-il pas déclaré: « Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir »? Il voulait enrichir les vies stériles et craintives, leur donner en abondance le courage, la joie, l'activité louable.
Dans ces jours d'alarme et de confusion, « le pouvoir » de la foi, « préservant la vie, » vient à nous comme une manne céleste. Jour après jour, fortifiés par cette compréhension divine, nous pouvons poursuivre notre route avec assurance et sérénité.
L'erreur voudrait nous entraîner dans les rêveries, les craintes, la pitié égotiste; elle nous suggère que nous ne pouvons presque rien accomplir, que l'apparent pouvoir du mal est si grand qu'on méconnaît le bien qui s'exprime par nous. Quand nos plans humains n'aboutissent pas selon nos prévisions, elle nous dit peut-être que nous n'en savons pas assez, qu'il est inutile de vouloir être fidèle.
Rappelons-nous la femme qui pleine de courage, de confiance et d'humilité, se fraya un chemin à travers la foule afin d'arriver vers le Maître et de toucher le bord de son vêtement. Sa foi lui valut la guérison; et notre fidélité nous apportera elle aussi le bien-être et le vrai succès. Être fidèle à la Vérité rend possible la guérison, car la Vérité libère de l'esclavage sous toutes ses formes.
Certains d'entre nous doivent se rendre sur le front, d'autres se livrer à des labeurs ardus; mais nous sommes tous appelés à faire preuve de foi — la foi dans la victoire ultime du bien. Chacun de nous peut exprimer sa foi en Dieu, dans le bien, par les prières silencieuses de la gratitude; nous pouvons être reconnaissants de ce que la vérité dissipe le voile des ténèbres, afin que l'Amour et la Vie éternelle soient de mieux en mieux compris par le genre humain. N'oscillons pas entre la crainte et la fidélité!
Pendant la sombre nuit de Gethsémané, Jésus, dans son angoisse, demanda que lui fussent épargnées les souffrances de la crucifixion. Tandis qu'il priait, ses amis terrestres s'étaient endormis, « et sa sueur devint comme de grosses gouttes de sang; » cependant il resta fidèle; il choisit la volonté de Dieu, et par là même il ouvrit aux hommes ce riche trésor: une nouvelle compréhension de l'Amour divin. Grâce à cela, nous savons que même si la nuit de l'erreur semble absolument noire, les ténèbres des fausses croyances disparaîtront quand se lèvera l'aurore de la compréhension spirituelle.
Elle est grande la récompense de la fidélité. C'est elle qui permit à Marie-Madeleine d'être la première à voir le Maître bien-aimé, après la résurrection. L'amour et la fidélité de cette femme l'incitèrent à exprimer d'une manière active sa gratitude et son affection. Selon l'Évangile de Jean, elle se rendit au tombeau de grand matin, ce qui prouvait son amour. Comment en fut-elle récompensée? La première, elle put voir Jésus ressuscité. Elle eut la joie d'annoncer aux disciples qui s'affligeaient la précieuse nouvelle de cette résurrection. Même s'ils étaient encore liés par la croyance à la mort et qu'ils refusassent au début le message de liberté, sa joie n'en pouvait être obscurcie: elle avait vu son Sauveur! Elle avait pu percevoir l'irréalité de la mort et de la séparation; elle avait eu l'inestimable privilège d'entendre la voix du Maître et de lui répondre. Il l'avait appelée par son nom, il lui avait parlé du Père. Quelle glorieuse récompense de la fidélité!
Si nous cherchons fidèlement le Christ, nous pourrons nous aussi percevoir l'irréalité du chagrin, des souffrances, de la séparation. Nous trouverons notre Sauveur dans la compréhension de l'Amour, d'où vient la foi qui ne saurait défaillir.
