Que le genre humain existe au niveau même de la réceptivité, voilà ce qu'on ne peut guère mettre en doute. Chaque jour, à chaque heure, de minute en minute, les humains reçoivent des impressions, des suggestions ou des instructions. La chose importante est celle-ci: A quoi sommes-nous réceptifs? Quel est le caractère, la source de notre réceptivité?
Job s'écriait: « L'oreille ne juge-t-elle pas des discours, comme le palais goûte les aliments?» L'ouïe, la vue, le goût, le toucher — les sens qui renseignent un mortel, qui lui donnent du plaisir ou de la douleur — sont-ils toujours guidés d'une manière intelligente, savent-ils ce qu'ils admettent ou rejettent? Le monde où nous vivons serait bien différent si les hommes éprouvaient non seulement leurs paroles, mais les pensées qu'elles traduisent; s'ils en surveillaient l'influence et le mobile, s'ils reconnaissaient qu'ils peuvent accueillir le vrai en récusant le mal. Amenée devant le tribunal de la Vérité, jugée selon les règles du divin Principe, la réceptivité pourrait devenir une source de bienfaits, de riches bénédictions.
Le premier chapitre de l'Évangile selon saint Jean nous dit, en parlant du Christ: « Il a donné à tous ceux qui l'ont reçu, le pouvoir d'être faits enfants de Dieu. » Voilà ce que les hommes devaient et doivent faire — recevoir le Christ, pour que se manifeste leur condition de fils. Mais quelle sera la nature de cette réceptivité? Mary Baker Eddy nous l'explique dans Miscellaneus Writings (p. 182): « ‘Tous ceux qui l'ont reçu;’ autrement dit, tous ceux qui perçoivent la véritable existence de l'homme dans son divin Principe dont elle émane, reçoivent la Vérité de l'existence. »
La réception n'est donc pas simplement l'acceptation passive de la Vérité. Pour que les hommes soient revêtus de pouvoir en tant que fils de Dieu, il faut qu'ils comprennent ce qu'embrasse vraiment cette réceptivité: la perception consciente et dés lors l'expression de l'existence spirituelle. Accepter ainsi la filialité divine, c'est obtenir dans sa plénitude le pouvoir qu'elle confère.
La réceptivité de l'idée-Christ a pour antipode la matérialité; celle-ci, soit à dessein soit par ignorance, admet les choses négatives qui mettent opposition à l'idée-Christ. Sur ce terrain, l'on trouve non la plénitude mais l'épuisement, non la grâce mais les discords, non la vraie puissance mais les forces souterraines et contradictoires du mal qui tendent aux ténèbres, à l'étroitesse.
Avec quelle douceur, quel tact Jésus cherchait les consciences réceptives pour leur offrir son message de salut! Avec quelle conviction, quelle persuasion spirituellement soutenue Mrs. Eddy présentait aux humains la plénitude de la grâce qui promet la santé, la liberté! Et maintenant comme jadis, toutes les fois que le cœur est réceptif, on voit se produire ce qui paraît un miracle. La santé se rétablit, les aveugles voient, les maux s'évanouissent, les vies coupables se transforment. Jésus déclara: « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l'avez obtenu, et cela vous sera accordé. » Nous ferons bien de nous poser cette question: De quel genre sont les choses que je crois recevoir, et d'où me viennent-elles? Si la source en est erronée, nous n'avons certes pas lieu de les accepter. Mais si c'est Dieu qui nous les envoie, nous pouvons accueillir avec une profonde reconnaissance les dons de Sa grâce, ce que nous accorde la plénitude de Son amour.
Les plus grands obstacles à la réceptivité, ce sont les opinions préconçues, la volonté personnelle opiniâtre, la crainte toujours prête à croire au mal plutôt qu'au bien. Les hommes abandonneront ces tendances à mesure que, s'élevant d'une manière intelligente et ferme, ils reconnaîtront qu'ils ont le pouvoir de refuser ce qui ne leur vient pas de l'Entendement. « Toutes choses m'ont été remises par mon Père, » dit Jésus à ses disciples — toutes choses: et parce qu'il les percevait, elles étaient siennes. Les choses que Dieu nous remet sont illimitées, impartiales, éternelles, exclusivement bonnes. Si elles ne s'expriment point par des vies heureuses, saines, utiles, c'est dû au manque de réceptivité. Absorbé par ses désirs égoïstes, l'entendement mortel lutte pour avoir les choses qui ne sauraient venir du Père; souvent il nie la possibilité, l'authenticité, l'accessibilité de ce que Dieu donne; en conséquence, les requêtes et la foi restent bien éloignés l'un de l'autre.
A la page 118 de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, Mrs. Eddy écrit: « La foi qui sauve ne vient pas d'une personne, mais de la présence et du pouvoir de la Vérité. C'est l'Ame, non le sens matériel, qui la reçoit et qui la donne. » Dans ce cas, donner et recevoir ne font qu'un, comme l'exprimait invariablement la vie de Jésus. Le Maître ne cessait de recevoir et de donner, surpassant sous ce double rapport les humains les plus généreux. Son exemple est un appel, un encouragement, une inspiration pour ceux qui désirent avant tout posséder et répandre le bien. A moins de recevoir, l'on ne peut donner. Avec la conscience de la réceptivité que nous tenons de l'Ame, nos dons peuvent prendre une ampleur, une vertu sans limites.
Sentant que la Vérité est présente, les hommes, de progrès en progrès, arriveront à la connaissance de ce que Dieu donne afin qu'ils puissent le recevoir. Ils ne se croiront plus soit les victimes soit les possesseurs de choses que Dieu n'a point données. Ayant, comme fils de Dieu, tout ce qu'il leur faut — l'esprit d'initiative, les lumières, les capacités, la force — ils exprimeront consciemment dans leur activité ce qui ne cesse de recevoir et de répandre les bienfaits.
