Dans les périodes de fermentation générale, quand il se produit des changements pénibles et qu'on voit disparaître les coutumes et les normes longtemps appréciées, plus d'une personne songe au passé avec un certain regret; elle voudrait voir revenir l'époque de calme et de tranquillité qu'on appelle parfois « le bon vieux temps. » De sa nature, l'entendement humain déteste l'agitation, le changement. Ces perspectives le font trembler, et il s'écrie, comme Félix parlant à l'apôtre Paul: « Pour le moment retire-toi; quand j'en trouverai l'occasion, je te rappellerai. » Pourtant, dans n'importe quel domaine, les vrais progrès sont impossibles à moins qu'on ne quitte son port d'attache pour entrer avec courage dans des eaux nouvelles et peut-être agitées. Le progrès ne peut être statique. Les innovations dans bien des cas sont salutaires. Une maîtresse de maison amie du progrès ne change-t-elle pas quelquefois l'arrangement de ses meubles? Ne désire-t-elle pas renouveler ses rideaux, ses nappages, son service de table?
En vérité, nous vivons à une époque merveilleuse. A ses disciples, le Maître disait — et il pourrait nous le répéter aujourd'hui: « Je vous le déclare, beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité de voir ce que vous voyez, et ils ne l'ont pas vu, et d'entendre ce que vous entendez, et ils ne l'ont pas entendu. » De nos jours, les prophéties s'accomplissent. Dans son poème, Locksley Hall, Tennyson écrivait, il y a plus de cent ans, ces lignes extraordinaires, que beaucoup d'entre nous connaissent:
Je vis le ciel plein de négoce et sillonné d'aéronefs,
Amenant de précieux fardeaux portés sur des ailes magiques.
Puis ce furent les cris de guerre et l'effroyable pluie de feu,
Tandis que dans l'azur central se heurtaient les flottes hostiles.
Chez bien des peuples, à différentes époques, les poètes, les penseurs ont souhaité, espéré, vu par les yeux de la foi l'aurore d'un nouveau jour apportant le bonheur à la grande famille humaine. L'Ancien Testament abonde en promesses concernant le Messie et sa mission libératrice. Le Christ Jésus prédit en termes formels la venue du Consolateur qui demeurerait toujours avec les hommes; et dans l'île de Patmos, Jean, le disciple bien-aimé, vit « un grand prodige... dans le ciel: c'était une femme enveloppée du soleil, ayant la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. »
Il put aussi voir que cette femme mettrait au monde « un enfant mâle, qui devait gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer; et son enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son trône. » A notre époque, ces choses s'accomplissent; maintenant même, l'humanité est au seuil d'une transformation matérielle et mentale — d'une renaissance unique dans l'histoire des hommes.
Il est possible qu'avant d'aborder l'étude de la Science Chrétienne, on n'ait jamais remarqué ce fait: en plusieurs endroits, la Bible prédit en termes positifs l'avènement d'une grande lumière par la pensée féminine spiritualisée. Le livre d'Ésaïe, au chapitre cinquante-quatre, expose notamment cette vision. Jérémie put prévoir la création d'une « chose nouvelle sur la terre: la femme environnera l'homme; » autrement dit, la pensée féminine inspirée saisira la merveille que représente l'homme de Dieu, spirituel, harmonieux, triomphant. Ainsi la vision de Jean dans l'Apocalypse complète l'admirable tableau montrant quel est, selon les prophéties, le rôle de la femme.
En 1866, une femme « délaissée, affligée d'esprit, » qui dès son enfance avait fait preuve d'une spiritualité remarquable, et qui cherchait la guérison par Christ, put, grâce à ses propres prières, quitter d'un moment à l'autre ce qu'on croyait devoir être son lit de mort. Elle eut à plusieurs reprises l'intuition très nette que ce rétablissement ne provenait pas d'une foi aveugle ou d'une miraculeuse intervention divine, mais indiquait l'opération d'une loi spirituelle jusqu'alors inconnue. S'absorbant dans l'étude des Écritures pour découvrir cette loi et la comprendre davantage, elle mit à l'épreuve ses conclusions: elle guérit des cas de maladie comme nul ne l'avait fait depuis l'époque de Jésus et des apôtres. Puis elle entreprit la grande tâche d'écrire un livre exposant sa sublime découverte; de cette manière, Mary Baker Eddy accomplissait les prophéties bibliques; aujourd'hui, dans sa révélation d'une loi spirituelle démontrable, les chercheurs trouvent la réalisation de ce qu'annonçaient les songes d'Ésaïe, la vision de Jérémie, la promesse apocalyptique transmise par Jean. Heureux en vérité les yeux que ne recouvrent plus les écailles de la théologie matérialiste et scolastique — les yeux qui peuvent saisir le glorieux message contenu dans le livre de Mrs. Eddy, Science et Santé avec la Clef des Écritures!
Tel dira peut-être: Au cours des années, ceux qui suivent Mary Baker Eddy ne risquent-ils pas de rendre hommage surtout à sa personnalité et de tomber ainsi dans l'erreur? Non, si les disciples comprennent vraiment sa mission, ses œuvres, et sa place dans ce vaste plan. Quand un Scientiste Chrétien se rend compte que le ministère de Jésus est, à n'en pas douter, l'accomplissement des prophéties bibliques, il ne peut s'en tenir à la personnalité du Maître ou en faire un objet d'adoration. Sans doute, il sera pénétré de reconnaissance envers le grand Conducteur; mais pour devenir un vrai disciple, il faudra qu'il apprenne à mieux connaître le Christ, la vérité curative enseignée et mise en pratique par Jésus. Le Jésus personnel n'était pas la vérité: il présentait et démontrait la vérité qui rend les hommes libres. Il est certain que Mary Baker Eddy correspond à la femme dont parle l'Apocalypse; mais n'est-il pas vrai que, comme le Christ, cette femme est plus qu'une identité humaine? Dans Science et Santé (p. 561), Mrs. Eddy écrit: « La femme dans l'Apocalypse symbolise l'homme générique, l'idée spirituelle de Dieu; elle illustre la concordance de Dieu et de l'homme en tant que Principe divin et idée divine. » Puis elle ajoute: « L'idée spirituelle est revêtue du resplendissement de la Vérité spirituelle, et la matière est mise sous ses pieds. » Quelle glorieuse pensée! Notre Leader a éclairé l'un des grands mystères de l'Apocalypse; elle a fait voir ce qu'est la femme couronnée par Dieu, l'idée spirituelle qui peut apporter dans nos vies, ici même et dès maintenant, la vérité grâce à quoi le péché sera réduit au silence, la douleur s'apaisera, l'affliction sera consolée. Cette idée spirituelle transcendante, la Science Divine, apporte à la conscience humaine la compréhension du fait que Dieu est non seulement notre Père, mais notre Mère; elle révèle cette vérité longtemps cachée: l'homme réel — le « mâle et femelle » de Genèse 1:27 — embrasse toutes les qualités célestes de la pensée, soit masculine soit féminine; c'est donc l'expression individuellement intégrale, harmonieuse et complète, du Père-Mère Dieu parfait, harmonieux, infini. Cette idée glorieuse, ayant sous ses pieds la lune — le temps, l'espace, la relativité — doit sauver la race humaine en inaugurant le règne de la loi, du Principe.
Peut-on s'étonner que les Scientistes Chrétiens aiment leur noble Leader? Ne doivent-ils pas être reconnaissants de ce qu'inspirée par Dieu, elle nous a donné la vraie compréhension de la femme dont Jean eut la vision? Concernant cette femme, elle écrit dans Science et Santé (p. 55): « L'idée immortelle de la Vérité dans son vol rapide traverse tous les siècles, rassemblant sous ses ailes les malades et les pécheurs. » Puis elle ajoute, au bas de la même page: « Je comprends que ce Consolateur est la Science Divine. »
