Sur un aéorodrome américain, un jeune apprenti pilote, entrant dans la carlingue de son avion-école, se préparait à voler seul pour la première fois. Après avoir vérifié avec soin ses instruments, il mit le contact d'allumage, les mécaniciens crièrent: « Contact! » et l'aéroplane roula sur le terrain avant de décoller.
Comme tout aviateur le sait, ce n'est point là un incident banal. C'est une date mémorable, une épreuve qui peut avoir une grande influence sur la carrière de l'apprenti. Le jeune aviateur s'en rendait compte, et toutes ses facultés tendaient à ce but — bien s'acquitter de sa tâche.
Il avait acquis précédemment une connaissance pratique de la Science Chrétienne, car il avait fréquenté l'école du dimanche, étudié la Bible et le livre de texte Scientiste Chrétien, Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy. A mesure que l'appareil montait, le pilote affirmait avec sincérité la présence de Dieu, de l'Entendement divin; il déclarait que cet Entendement remplit l'espace, qu'on peut y avoir recours à chaque instant pour faire face à tout. Comme il s'élevait encore, la terre semblait s'éloigner; mais il se sentait de plus en plus libre, plein de confiance; et ces paroles rassurantes d'un psaume lui vinrent à la pensée: « Si je prends les ailes de l'aurore, et que j'aille habiter à l'extrémité de la mer, là aussi ta main me conduira, et ta droite me saisira. »
Absorbé par la manœuvre de son avion, le jeune homme dut enfin, bien qu'à regret, revenir vers l'aérodrome. En prenant son virage, il aperçut un nuage noir, de forme conique, qui paraissait s'approcher très rapidement. Tout d'abord la crainte le saisit; mais bientôt se présentèrent à lui, comme un clair appel, ces paroles inspirées, écrites par Mrs. Eddy dans le livre de texte (p. 262): « Nous devrions nous élever au-dessus du témoignage des sens matériels. » Quoique n'ayant jamais volé à de grandes hauteurs, il fit monter son avion en pente raide, et continua l'ascension jusqu'à ce qu'il se trouvât bien au-dessus de la tempête. Dès lors, comme il lui fut facile d'avancer, et comme il put bien préparer son retour et son atterrissage, puisqu'il se trouvait maintenant en pleine lumière!
Quelque temps après, vers la fin de la période d'entraînement, il y eut à la caserne certaines complications où le jeune homme semblait être impliqué, et qui risquaient de nuire à son avancement. Sachant qu'il n'avait rien fait de mal, il eut l'impression qu'on commettait une grande injustice, et cela le tracassa. Il fut fortement tenté d'en avoir du dépit et même de penser à des représailles contre ceux qui lui avaient attiré, selon les apparences, une affaire désagréable.
Dans le calme de la nuit, luttant contre le sens personnel qui lui disait: On t'a fait du tort — il tâcha sincèrement d'appliquer à ce problème ce qu'il avait appris en Science Chrétienne. Au cours de ses réflexions, il se rappela qu'en volant seul pour la première fois, il s'était élevé plus haut que l'apparence du mal et qu'il avait trouvé dans les sphères supérieures la sécurité. Il sentit qu'une fois encore, il lui fallait monter plus haut que les ténèbres et la confusion des arguments mortels pour arriver dans la sereine atmosphère de l'Esprit, où l'on voit que les hommes sont non pas des faux frères sujets à la jalousie, mais des fils de Dieu, exprimant tous les attributs de la Divinité et manifestant les qualités de l'homme véritable. A mesure que sa pensée s'élevait et se détournait du sens personnel des choses, le ressentiment disparut et le jeune homme s'endormit paisiblement.
Le lendemain, il se sentit maître de lui-même; il put dans une grande mesure chasser de sa pensée les souvenirs pénibles et s'appliquer à faire son travail encore mieux que d'habitude. Par moments, il fut tenté de revenir mentalement en arrière, de repasser dans sa mémoire ses ennuis; mais chaque fois il affirma que, comme le déclare notre Leader, « toute inharmonie de l'entendement ou du corps mortels est une illusion, ne possédant ni réalité, ni identité, quoique paraissant réelle et identique » (ibid., p. 473). Il put donc commencer à voir que les difficultés provenaient de ce qu'il avait personnalisé l'erreur; et comprendre ce fait lui apporta la paix.
Le jour suivant, deux de ceux qui s'étaient montrés le plus agressifs et le plus hostiles vinrent le trouver. Au cours de l'entretien, les malentendus furent dissipés, on offrit des excuses, et l'atmosphère redevint cordiale. Plus tard, le jeune homme put parler tranquillement de la chose avec son instructeur, et recevoir l'assurance qu'il était bien noté.
Enfin, ce fut le grand jour: immobile, au garde à vous, le nouveau pilote reçut de l'officier supérieur les « ailes » ardemment désirées. Tout en remerciant celui qui lui remettait cet insigne, il pensait avec une profonde gratitude à Mrs. Eddy, dont les écrits inspirés rendent possible, dans la vie journalière, l'application des vérités de la Science Chrétienne. Les brillantes ailes qu'il venait d'obtenir allaient représenter pour lui plus que la preuve d'une tâche bien accomplie. Elles devaient symboliser la victoire de l'Esprit.
