A Ceux qui voulaient la suivre, Mary Baker Eddy, Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, bien-aimée Leader de ce grand mouvement rédempteur, fit un jour cette exhortation vibrante (Miscellaneous Writings, p. 177): « Jamais appel ne fut plus solennel ou plus impératif que celui que Dieu nous adresse à tous, ici même, demandant un dévouement plein de ferveur et une absolue consécration à la plus grande, à la plus sainte de toutes les causes. L'heure a sonné. Nous sommes entrainés dans la grande bataille d'Harmaguédon. » Puis elle posa cette question significative: « Qu'allez-vous faire? »
Parmi ceux qui étudient la Science du christianisme, tout disciple perspicace sait que la bataille d'Harmaguédon ne se limite point à telle période, à tel peuple spécial. C'est la lutte séculaire où la justice croise l'épée avec les prétendues forces du mal. C'est la grande commotion purificatrice qui se produit inévitablement lorsque Michel et ses anges, symbolisant le pouvoir de la Vérité divine, livrent bataille aux cohortes du matérialisme impie. A notre époque est apparu l'esprit de Vérité qu'avait promis le Maître et que révèle la Science Chrétienne; sa venue a mis en lumière, pour qu'elles soient détruites, les erreurs des hommes et des peuples, cachées pendant des siècles. La liberté, les mœurs démocratiques — le christianisme lui-même — subissent une attaque si violente, si maligne, qu'elle n'a pas son égale dans l'histoire moderne. Oui, la guerre d'Harmaguédon sévit; et notre Leader demande avec raison: « Qu'allez-vous faire? »
Suffit-il de répondre qu'on soutient de son mieux, au double point de vue physique et pécuniaire, les efforts de son pays, engagé dans la lutte? Est-ce même assez de dire qu'on porte l'uniforme, qu'on s'est enrôlé dans une œuvre de guerre, que pendant cette crise on fait d'immenses sacrifices matériels? Non! Pour que le conflit se termine par une victoire, il faut que dans le monde entier ceux qui pensent selon la justice reconnaissent la nature mentale de cet Harmaguédon, comprennent que l'ennemi est l'entendement charnel, païen, cruel, hypnotique, et que les armes avec lesquelles nous combattons sont spirituelles, « puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser les forteresses, » comme le déclare l'Apôtre. La prière éclairée, intelligente — l'affirmation de la toute-puissance qui caractérise la Vérité, l'Amour, le Principe, et par conséquent la négation des choses contraires à la nature divine — voilà les munitions efficaces qui nous assureront la victoire. Qu'allez-vous faire à ce sujet?
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy expose la situation et montre quel en est le remède; voici notamment un passage si clair qu'on ne peut l'interpréter à faux (pp. 96, 97): « Pendant ce conflit final, les esprits pervers s'efforceront de trouver moyen d'accomplir plus de mal; mais ceux qui discernent la Science Chrétienne mettront un frein au crime. Ils aideront à expulser l'erreur. Ils maintiendront la loi et l'ordre, et attendront joyeusement la certitude de la perfection ultime. »
D'aucuns diront: Comment puis-je espérer mettre « un frein au crime »? La réponse ne serait-elle pas celle-ci: En refusant d'accorder une réalité, un pouvoir aux suggestions d'iniquité, sous quelque forme qu'elles se présentent? Un « crime » est une infraction grave, une chose hors la loi ou contraire aux lois. Le vrai Scientiste Chrétien s'efforce d'observer la loi; sans délai, avec persistance, il récuse tout concept qui prétend violer la loi de l'Amour et du Principe, que ce concept s'appelle larcin, libertinage, ou maladie du foie. Si vous lisez dans les journaux qu'un ennemi sans pitié commet des crimes violant les conventions auxquelles ont souscrit tous les peuples civilisés, que ferez-vous à ce sujet? Vous détournant du témoignage des sens, intolérable dans sa perversité, ne voulez-vous pas rendre grâce au Père de ce que le mal, la haine, la cruauté, la brutalité sont sans Principe, sans Vérité, donc sans Dieu, et que leur seul pouvoir consiste à se détruire eux-mêmes? Malgré les apparences, c'est précisément ce qui se produit à l'heure actuelle.
Supposons qu'on fasse passer sur l'écran, devant une foule ignorant la technique et l'illusion du cinéma, un film inique, que les spectateurs prennent pour la réalité. Supposons qu'à la vue de ces horreurs, la foule s'indigne, s'excite de plus en plus et menace d'agir avec violence; mais soudain quelqu'un arrête le moteur par lequel la machine était actionnée, puis allume l'électricité. Ainsi la lumière se trouve être un remède immédiat et réparateur. Le Scientiste ne contribue-t-il pas d'une façon pratique à mettre un frein au crime, à maintenir la loi et l'ordre, lorsque, comptant sur la lumière de la Vérité, il la laisse briller en s'attachant au fait que l'harmonie seule est réelle, présente, existante, et que son contraire est trop inique pour être vrai? Les néfastes et laides projections du sens mortel pourraient-elles longtemps se poursuivre si dans toutes les régions du monde ceux qui pensent spirituellement, selon la justice, s'occupaient à faire briller la lumière de la Vérité? Comment agirez-vous à cet égard?
Notre Leader parle ensuite d'expulser l'erreur. Le terme « expulser » implique qu'un intrus s'est glissé dans un lieu dont il doit être chassé; mais en définitive, le rejet ou l'expulsion des images discordantes présentées par les sens est toujours simple pour la Vérité divine, dont la lumière ignore les gradations d'obscurité. Si nous voulons aider à chasser l'erreur d'une morne et cruelle tyrannie opprimant les peuples de l'Europe, le premier pas doit sans doute être celui-ci: démasquer et répudier la volonté humaine dans notre propre conscience. Que ferez-vous sous ce rapport?
Pour finir, Mrs. Eddy nous conseille d'attendre « joyeusement la certitude de la perfection ultime. » Le Scientiste Chrétien est non pas un défaitiste, un partisan du pessimisme morbide, mais un bon soldat. Il attend avec joie — avec confiance et gratitude — le triomphe certain du Principe infaillible. Il peut faire siennes ces lignes d'un poète:
« Si la promesse est longtemps différée,
Si je puis craindre qu'il ne soit trop tard,
Un doux murmure vient me rassurer:
Attends, espère, elle s'accomplira! »
Oui, nous sommes en pleine bataille d'Harmaguédon, car la pensée mortelle est profondément remuée, bouleversée; notre noble Leader nous fait voir qu'il faut mettre de côté notre « zèle d'apparat pour devenir de véritables soldats, au dévouement sans réserve » (Miscellaneous Writings, p. 177). Qu'allez-vous faire à ce sujet?
